Ce lundi 24 juin, un entrepreneur forestier a été condamné à 6000 euros d’amende et une interdiction de gérer une activité liée au bois pendant 3 ans. Durant l’automne 2022, son entreprise avait abattu 256 chênes centenaires pour le vendre en Chine. Un trafic illégal déjoué par des citoyens vigilants.
Un trafic illégal de bois vers la Chine
Au mois d’avril 2024, La Relève et La Peste vous rapportait comment des habitants du département francilien des Yvelines, regroupés sous les associations « Sauvons les Yvelines », JADE et « Sauvons la Tournelle », ont mené une véritable enquête pour mettre à jour une filière d’exportation illégale de bois vers le continent asiatique. Les entreprises forestières y vendaient le bois trois fois plus cher qu’en France.
Ce lundi, le tribunal correctionnel de Versailles a rendu son jugement : le prévenu a été déclarés coupable. Il a jusqu’au 3 juillet pour faire appel. Cependant, le « jugement est à moitié satisfaisant » pour les associations à l’origine de la plainte car il n’a porté que sur l’aspect vol de bois avec ou sans abus de faiblesse sur personnes âgées.
« Tout le reste, c’est-à-dire destruction de l’environnement, des forêts, des sols, des zones humides, de la flore, de la faune avec destruction des espèces protégées et de leurs habitats, les coupes rases avec le côté irréversible de l’impact, la destruction des chemins avec création d’ornières, n’ont pas été pris en compte » précise Philippe Heurtevent, président de l’association « Sauvons les Yvelines » pour La Relève et La Peste
Les associations avaient réclamé 160 000 euros de préjudice écologique, en se basant sur une estimation de l’ONF, mais ont été déboutées. Elles ont tout de même obtenu 4 000 euros de dommages et intérêts chacune. Quant aux propriétaires des parcelles, ils percevront une indemnité de 31 000 euros. Les arbres centenaires, eux, sont perdus à jamais.
La négligence des services de l’État
De la même façon, l’aspect administratif tel que le respect des règlementations en vigueur, des DP (Demande Préalables de Travaux), rédactions correctes des demandes, marquage des arbres, identification des essences autorisées à être coupées, respect de la période de nidification, contrôles avant, pendant et après travaux, n’a fait l’objet d’aucune sanction alors que rien n’avait été respecté.
« C’est un aveu de la déliquescence des Services de l’État et de l’Administration des communes » soupire un membre de l’association
Les associations auraient aimé que des représentants de l’État, ou les personnes complices de ces infractions au Code forestier et au Code de l’Environnement, comparaissent également devant la Présidente du Tribunal.
En effet, le trafic illégal de bois frappe tout le territoire français. En 2023, le média d’investigation Disclose révélait comment des centaines de milliers de mètres cubes de bois français seraient envoyés chaque année vers la Chine depuis que cette dernière a imposé un moratoire interdisant d’exploiter ses arbres centenaires.