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Un revenu maximum acceptable pour limiter la prédation des hyper-riches 

« Après impôt, les 500 Français les plus riches gagnent en moyenne 1 670 fois plus que la moyenne des plus pauvres ». Oxfam France précise également que « 10 % des Français les plus riches détiennent plus de la moitié des richesses du pays. »

Les mobilisations des gilets jaunes continuent pour exiger, entre autres, plus de justice fiscale en France. Parmi leurs revendications, une idée pourrait permettre de construire une société assurant la cohésion sociale et protégeant l’environnement : le revenu maximum acceptable.

Les inégalités continuent de s’accentuer en France

Dans un article paru sur Alternatives Economiques, l’économiste Jean Gadrey rappelle ce chiffre fou : « après impôt, les 500 Français les plus riches gagnent en moyenne 1 670 fois plus que la moyenne des plus pauvres ». Oxfam France précise également que « 10 % des Français les plus riches détiennent plus de la moitié des richesses du pays. » Cette situation est possible car la France est le pays au monde où les entreprises cotées en bourse reversent la plus grande part de leurs bénéfices en dividendes aux actionnaires, devenant ainsi le deuxième pays au monde avec la plus forte progression des millionnaires en 2018.

Face à cet aggravement des inégalités dans le pays des droits de l’homme, il est compréhensible d’assister au soulèvement des gilets jaunes partout en France depuis plusieurs semaines, surtout lorsque le gouvernement ne donne pas de réponses à la hauteur des revendications de la population. Annoncées par Emmanuel Macron lundi soir, les mesures du gouvernement ont ainsi été dénoncées comme un leurre par de nombreux économistes et associations.

« Avec les mesures annoncées lundi, Macron ne revient pas sur les réductions d’impôts pour les entreprises et les plus riches. Il se retrouve, compte tenu du mécontentement, à reculer un peu sur les mesures les plus scandaleuses, la CSG sur les petites retraites, la taxe sur le carburant… Le problème, c’est que cela va avoir pour conséquence un trou dans le budget, et cela, en plus, sans mesure pour la transition écologique en face », analyse pour Bastamag l’économiste Henri Sterdyniak, co-animateur du collectif des Économistes atterrés.

Le gouvernement estime le coût des mesures annoncées de 8 à 10 milliards d’euros. « Comme le gouvernement reste toujours dans l’idée de ne pas faire payer les entreprises, ces milliards en moins sur le budget, comment va t-on les récupérer ? Sur les dépenses publiques », donc moins d’accès aux services publics (hôpitaux, éducation…) pour les populations.

Source : Oxfam

Le Revenu Maximum Acceptable pour un nouveau projet de société

A contre-courant de la politique menée par le pouvoir exécutif, les gilets jaunes réclament des mesures plus ambitieuses pour réduire les inégalités comme le rétablissement de l’ISF, la lutte contre l’évasion fiscale et un salaire maximum fixé à 15 000 euros. Cette dernière revendication, celle d’un Revenu Maximum Acceptable appliqué à tou-te-s les citoyen-ne-s, permettrait de pallier à la mauvaise redistribution des richesses en agissant directement à la source des inégalités salariales.

Cette idée n’est pas nouvelle, et elle a même déjà été appliquée aux Etats-Unis par Franklin Delano Roosevelt. En 1942, l’ancien Président déclarait :

« Aucun citoyen américain ne doit avoir un revenu (après impôt) supérieur à 25 000 dollars par an ».

Il avait ainsi mis en place une fiscalité sur le revenu avec un taux d’imposition de 88 % pour la tranche la plus élevée, puis 94 % en 1944 – 1945. De 1951 à 1964, la tranche supérieure à 400 000 dollars actuels avait été imposée à 91 %, puis autour de 70-75 % jusqu’en 1981. Résultat : les inégalités aux Etats-Unis avaient diminué pendant trente ans de suite.

Source : La vie des idées – Jean Gadrey

« Le revenu maximum est tout à fait cohérent pour articuler justice sociale et environnementale. D’abord, parce que le mode de vie des plus riches n’est pas soutenable sur une planète aux ressources limitées, mais aussi pour une raison symbolique. Thoorsten Veblen, dans la Rivalité ostentatoire, décrit cette logique que l’humain étant un animal social, il a tendance à se comparer à son voisin et à l’autre. Et les médias de masse dépeignent le mode de vie des plus riches comme une condition nécessaire pour atteindre le bonheur. Cela crée du mal-être et une dynamique délirante, où l’on accepte des très riches en étant convaincu que c’est un but à atteindre, alors que la spoliation des richesses par quelques-uns fait sombrer des milliers d’autres dans la misère. » Vincent Liegey, co-auteur d’un Projet de Décroissance (Utopia, 2013)

Hervé Kempf, journaliste et écrivain, rappelait que, pour être efficace, cette mesure devrait bien sûr s’inscrire dans une logique de refonte totale de la fiscalité, comprenant la lutte contre les paradis fiscaux et une transparence publique des circuits financiers. Par ailleurs, pour déterminer l’écart acceptable entre le plus petit et le plus haut salaire, un débat national pourrait être lancé à travers la revendication principale des gilets jaunes : le Référendum d’Initiative Citoyenne.

« Ce qui est important n’est pas la régulation technique autour du revenu maximum acceptable, c’est la transformation culturelle que cela peut entraîner avec une limite que les gens s’imposent d’eux-mêmes, car il deviendrait amoral de posséder trop d’argent. Dans les coopératives où le revenu maximum est en place, on observe d’ailleurs une meilleure cohésion des équipes. Accumuler quand on peut le maximum d’argent ou de biens pour se préserver soi-même et sa famille, c’est la conséquence perverse d’une société qui n’a pas construit d’espaces de solidarité.» Vincent Liegey, co-auteur d’un Projet de Décroissance (Utopia, 2013)

Le Revenu Maximum Acceptable, en plus d’éradiquer la pauvreté monétaire et de favoriser l’émergence d’une justice fiscale, interroge ainsi sur le sens que nous donnons au bien-être, au bonheur, et au vivre ensemble. Doit-on mesurer notre bonheur à l’aune de nos richesses ou au juste partage des ressources de notre pays ?

Laurie Debove

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