Impact sur la croissance, hausse de la mortalité, le tébuconazole, un des fongicides les plus utilisés par l’agriculture, altère le développement des moineaux. Les premiers résultats d’une étude menée par des scientifiques du CNRS sont publiés dans la revue Environmental Research !
Depuis les années 80, l’Europe a perdu un quart de ses populations d’oiseaux selon le CNRS, soit une perte de 20 millions d’individus par an. Le déclin des oiseaux agricoles est encore plus inquiétant, avec une diminution des populations de 60%.
Si des travaux scientifiques ont déjà souligné l’impact des herbicides ou autres néonicotinoïdes, les fongicides (produits utilisés contre les champignons parasites) restent très peu étudiés. L’équipe de chercheurs du CNRS s’est penché sur le tébuconazole, substance connue pour ses effets négatifs sur la physiologie.
Une croissance altérée
Elle a comparé deux groupes de moineaux domestiques, l’un exposé au tébuconazole, l’autre non. Les résultats sont clairs, le fongicide a « un impact fort sur la croissance des poussins » dévoile Frédéric Angelier, un des co-auteurs de l’étude, pour La Relève et La Peste.
« Le tébuconazole a des effets de perturbateurs endocriniens, notamment sur les axes hormonaux qui sont liés aux organes sexuels. Ces hormones ont aussi un impact sur la croissance et le développement des systèmes physiologiques », poursuit-il pour La Relève et La Peste.
Les individus exposés sont 10% plus petits que leurs congénères. Les femelles sont les principales touchées. Une croissance altérée qui a une forte incidence sur l’adaptation des jeunes moineaux à leur environnement.
Une mortalité plus importante
Dans la nature, quand les jeunes oiseaux partent du nid, le taux de mortalité est très important. Ils ne savent pas se défendre contre les prédateurs, ils sont très sensibles aux maladies.
C’est à ce moment précis que la nocivité du tébuconazole entre véritablement en jeu. Les moineaux sont plus petits, le fongicide abaisse leur chance de survie. Le taux de mortalité est deux fois plus élevé après l’envol du nid pour le groupe exposé par rapport au groupe témoin (de 20% pour le groupe témoin contre 47% pour les individus exposés).
Les scientifiques entament des études plus poussées pour documenter l’ampleur de la contamination des oiseaux sauvages.
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