SOS Maires est un cri d’alerte adressé aux élu-e-s pour mieux préparer les communes rurales à s’organiser et préparer l’effondrement. L’objectif est qu’elles soient résilientes en cas de choc, et continuent d’apporter les ressources vitales à ses habitant-e-s.
Préparer les communes aux risques géopolitiques et économiques
Effondrement de notre société thermo-industrielle ou krach financier, les risques auxquels notre société est exposée sont multiples et demandent une métamorphose de notre organisation sociale pour pouvoir absorber le coup en cas de choc. Le collectif citoyen « Sos Maires » veut ainsi alerter les élu-e-s sur le rôle primordial qu’ils doivent jouer pour assurer la sécurité de leurs administré-e-s. Les spécialistes en sécurité du collectif se sont penchés sur le DICRIM, le document d’information communal sur les risques majeurs, qui recense les mesures de sauvegarde répondant aux risques naturel et technologiques majeurs sur le territoire de la commune.
« Ce document a trait aux risques géologiques comme les tempêtes, les sécheresses, les inondations, le maintien en vie de la population. Et on a un très gros problème sur la question de ce que vont manger les gens en cas de problème, car le DICRIM considère bien les questions géologiques mais très peu les questions géopolitiques : le prix de notre énergie. La France fonctionne avec 99 % de pétrole importé. Si les supérettes sont approvisionnées, c’est parce qu’il y a des camions qui peuvent les livrer. Or si on regarde le DICRIM, il considère pouvoir nourrir la population en réquisitionnant les supérettes, sauf que c’est inutile de réquisitionner les supérettes si on ne peut plus les approvisionner. Contrairement à ce que la population croit, tout n’est pas prévu, alors que les alertes scientifiques sont de plus en plus fortes. » Alexandre Boisson, membre de SOS Maires et ancien garde du corps de Présidents de la République
Prix du pétrole et prix de la nourriture sont étroitement liés, l’agriculture industrielle dépendant des énergies fossiles sur tout la chaîne de production de la nourriture : fertilisants, pesticides, herbicides, mécanisation comme avec les tracteurs, transports, conditionnement, etc. Avec le pic pétrolier prévu pour 2025 par l’une des organisations les plus optimistes à son sujet, l’Agence Internationale de l’Energie, et les enjeux du dérèglement climatique qui nous demandent de laisser inexploitées 80% des énergies fossiles pour tenir l’objectif des 2°C, en finir avec notre dépendance aux énergies fossiles prend un caractère de plus en plus urgent.
Face à l’inaction politique individuelle, l’action citoyenne collective
Pour alerter les maires des communes rurales, le collectif SOS Maires a adressé une lettre à plus de 20 000 élus en février 2018, suivie d’une pétition en mars de la même année. Les deux initiatives sont restées lettres mortes, sans réaction de la part des élus. Heureusement, certains d’entre eux n’avaient pas attendu d’être interpellés pour mettre en place des systèmes de résilience et d’autonomie dans leurs communes, comme c’est le cas à Loos-en-Gohelle ou Ungersheim, mis en avant dans le documentaire de Marie-Monique Robin « Qu’est-ce qu’on attend ? ».
« Le Village d’Ungersheim est clairement à la pointe de la transition, mais ils ne sont pas encore capables de nourrir toute leur population. Pour cette raison, nous ne voulons pas faire porter toute la responsabilité aux seuls Maires. Tout le monde doit s’y mettre, et on veut arriver à marier les mondes urbains et ruraux. Le but est de créer des sas de décompression où les gens se découvrent dans la convivialité, des villages laboratoires où l’on apprend à faire société, à faire des projets de transition ensemble. Le récit est à portée de main, on sait ce qu’il faut faire, il est temps de le démontrer et vite l’appliquer. » Alexandre Boisson, membre de SOS Maires
Pour ne pas se cantonner à la seule posture intellectuelle, le collectif veut donc créer un démonstrateur à grande échelle pour permettre aux gens issus de tous les milieux sociaux et horizons de découvrir et d’expérimenter les outils de résilience et de faire l’expérience de la transition : l’autonomie énergétique et alimentaire, la construction de maisons Kerterre et d’autres habitats écologiques, mener des réflexions autour d’un nouveau modèle économique, création artistique et culturelle. Ce premier village-type devrait voir le jour fin août en France.
La fin de notre civilisation industrielle est ainsi l’occasion de créer ensemble une nouvelle civilisation : plus sobre, coopérative, construite grâce à l’entraide, la polyvalence et l’autonomie.