Une pénurie de pétrole se profile à l’horizon 2025. Le rapport annuel de l’Agence Internationale de l’Énergie, publié fin 2018, se révèle plus alarmant que jamais.
Une augmentation de la demande
La consommation de pétrole des années à venir, loin de décliner, devrait croître jusqu’en 2040, augmentant de 12 % selon le scénario central de l’AIE.
Pourtant, le rapport prévoit que la consommation de carburants pétroliers des voitures plafonnera à l’échelle mondiale dès le milieu des années 2020. De plus, comme le révèle le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy « les grands pétroliers, Total, Shell, BP ou Repsol se diversifient dans l’électricité » et les experts s’accordent à dire que l’essor du véhicule électrique est imminent. La demande en pétrole des économies avancées devrait diminuer de plus de 400.000 barils par jour en moyenne chaque année jusqu’en 2040.
Cette tendance se trouve contrebalancée par la consommation future des pays émergents, Chine et Inde en tête. Une hausse de la demande dans les économies en développement est prévue à hauteur d’un million de barils par jour. L’AIE annonce ainsi un accroissement de 80 % du parc automobile mondial par rapport à aujourd’hui, soit deux milliards de véhicules d’ici 2040. Mais le secteur qui tirera le plus la demande en pétrole sera la pétrochimie, même dans le cas où la moitié du plastique serait recyclé.
Une insuffisance de l’offre
Or, depuis la chute des cours du baril des années 2014-2016, l’industrie pétrolière a très fortement réduit ses investissements dans les nouveaux gisements. En conséquence, les projets concernant le pétrole conventionnel ne pourraient produire que la moitié de la quantité de pétrole nécessaire pour satisfaire la demande.
Le pétrole de schiste connaît actuellement un boom aux États-Unis, mais ne suffira pas à pallier le manque. « Il est peu probable que le pétrole de schiste prenne le relais à lui seul. Nos projections prévoient déjà un doublement de l’offre de pétrole de schiste américain d’ici 2025, mais celle-ci devrait plus que tripler pour compenser le manque persistant de nouveaux projets classiques. » écrit l’AIE.
Une pénurie probable
En d’autres termes, le déclin de nombreuses régions pétrolifères historiques va conduire à « une offre insuffisante et à une nouvelle escalade des prix ».
Matthieu Auzanneau, auteur de l’ouvrage de référence Or noir, la grande histoire du pétrole met en garde ses lecteurs : « La démocratie moderne a germé dans un bain d’abondance énergétique. Il me semble raisonnable de craindre que l’hiver de cette ère soit tout proche. » écrit-il.
« Rendre d’urgence nos systèmes techniques (beaucoup) plus sobres est un enjeu vital, non seulement pour le climat, mais pour nous éviter un monde à la Mad Max. ».
Crédit Photo à la une : Sebastian Backhaus / NurPhoto via AFP