L'administration Trump a approuvé des plans visant à ouvrir la plaine côtière du Refuge faunique national de l'Arctique en Alaska à d'éventuels forages pétroliers et gaziers. Les communautés autochtones locales et associations de l’environnement s’y opposent pour protéger les oiseaux migrateurs.
Une route en plein milieu d’une réserve naturelle
En réouvrant la côte du Refuge faunique national de l’Arctique (ANWR) aux extractions énergétiques, le département de l’Intérieur des États-Unis met fin aux restrictions imposées par l’administration de l’ancien président Joe Biden.
Première étape : la cession de terres fédérales afin de permettre la construction d’une route traversant le centre de la réserve faunique nationale d’Izembek, en Alaska. En tout, le département de l’Intérieur des États-Unis a indiqué qu’il allait rouvrir à la location l’intégralité de la plaine côtière de l’ANWR, soit 1,5 million d’acres (environ 600.000 hectares)
Or, cette réserve est sacrée pour plusieurs peuples autochtones. Pour cause, elle constitue une halte essentielle pour des millions d’oiseaux migrateurs, dont certaines espèces sont très importantes pour les tribus d’Alaska, notamment la bernache cravant noire du Pacifique, l’oie empereur et l’eider de Steller, espèce menacée.
« Je m’inquiète chaque jour du sort des bernaches cravants et des oies empereurs si une route est construite à Izembek », a déclaré le chef Edgar Tall Sr. du village autochtone de Hooper Bay. « Nous avons besoin de ces oiseaux pour nous nourrir. Mais il devient de plus en plus difficile de survivre grâce à la terre et à la mer, en raison des tempêtes plus violentes et du changement climatique qui affecte la faune. Si les oiseaux disparaissent à cause de la route d’Izembek, notre communauté pourrait disparaître aussi. Je veux juste que le gouvernement le sache, mais il ne nous écoute pas »
Le village autochtone de Hooper Bay, celui de Paimiut et de nombreuses autres tribus de la région du delta du Yukon-Kuskokwim et de tout l’Alaska ont adopté des résolutions s’opposant à l’échange de terres, invoquant de graves dommages aux oiseaux migrateurs et à leurs modes de vie et de subsistance.

Le lagon d’Izembek – Crédit : Lisa Hupp/USFWS
Un dangereux précédent
Izembek abrite de nombreuses autres espèces sauvages, notamment des grizzlis, caribous, saumons, loutres de mer et des otaries. La réserve abrite l’un des plus grands herbiers de zostères, une algue stockant du carbone, au monde. Les administrations étasuniennes précédentes ont conclu à plusieurs reprises que la construction d’une route traversant Izembek au bulldozer causerait des dommages permanents à l’habitat faunique et allait à l’encontre de l’intérêt général.
L’échange de terres approuvé aujourd’hui permettra d’échanger environ 200 hectares de terres sauvages écologiquement irremplaçables au sein de la réserve contre un maximum de 790 hectares de terres de la King Cove Corporation, actuellement situées à l’extérieur de la réserve.
« Construire une route traversant Izembek est une idée profondément mauvaise qui va ravager l’un des sanctuaires d’oiseaux migrateurs les plus importants de la planète », a déclaré Cooper Freeman, directeur au Centre pour la diversité biologique.
Pour les défenseurs de l’environnement, il existe d’autres options fiables pour relier King Cove et Cold Bay, sans détruire l’habitat ornithologique d’Izembek. Ils redoutent que céder ces terres pour construire une route crée un précédent dangereux qui mette en péril plus de 16 millions d’hectares de réserves naturelles en Alaska.
« Une fois cette porte ouverte, chaque parc national, monument et refuge d’Alaska deviendra inacceptablement vulnérable », insiste Cooper Freeman, directeur au Centre pour la diversité biologique en Alaska.
Après le passage du typhon Halong, les peuples autochtones craignent également que l’artificialisation de leurs terres les rendent encore plus vulnérables aux impacts du dérèglement climatique.
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