Dans les quartiers Nord de Marseille, le Parc urbain des papillons se distingue comme une initiative scientifique unique en France. Conçu en 2012 par le laboratoire LPED d’Aix-Marseille Université pour promouvoir la biodiversité et réintroduire les papillons en milieu urbain, il s'étend sur une ancienne friche industrielle et constitue un pas en avant pour la ville dans la préservation de son environnement naturel.
Un parc urbain pour sauver les papillons
Situé à Saint-Marthe, dans le 14ème arrondissement de la ville, cet espace de 1 hectare est un véritable sanctuaire pour les papillons et un modèle d’espace vert dédié à la biodiversité en milieu urbain, propices à la survie et à la reproduction de nombreuses espèces.
Prairies fleuries, bosquets et haies champêtres sont les aménagements qui ont été pensés pour créer des habitats variés et adaptés à différentes espèces. La plantation d’essences locales et mellifères a permis d’attirer de nombreux insectes pollinisateurs et des zones humides ont été restaurées pour favoriser la présence d’amphibiens et d’oiseaux.
Au fil des années, les efforts déployés dans ce parc expérimental ont porté leurs fruits puisqu’il a vu son nombre d’espèces passer de 15 à environ 40 observées chaque année.
« En travaillant sur la palette végétale, dont les plantes nectarifères pour les attirer et les plantes hautes pour les fixer sur le site, on a réussi à doubler le nombre d’espèces présentes et à attirer des espèces un peu plus méditerranéennes » livre Magali Deschamps-Cottin pour la Relève et la Peste, Maître de Conférences en Écologie à l’université d’Aix-Marseille, à l’initiative de la création du parc.
Le Pacha à deux queues, attiré par la plantation d’arbousiers typique de la Méditerranée, a ainsi fait sa réapparition. En misant sur la diversité des plantations et en intégrant des corridors écologiques, le parc contribue à recréer des écosystèmes fonctionnels. Protéger les papillons, qui sont de précieux indicateurs de la santé des milieux naturels, c’est aussi protéger tout un ensemble d’espèces et d’écosystèmes essentiels à l’équilibre naturel de la région. Leur présence témoigne de la réussite du projet en matière de renaturation urbaine.
Sensibilisation et éducation
Ce projet emblématique marque une étape importante dans la transition écologique de la ville. Dans un contexte où la densification urbaine menace souvent les espaces naturels et la biodiversité des insectes, le PUP s’inscrit dans la volonté de la municipalité marseillaise de transformer les friches industrielles en espaces verts accessibles à tous, tout en répondant aux enjeux environnementaux actuels.
À travers cette initiative, Marseille montre qu’il est possible de concilier développement urbain et préservation de la biodiversité. En plus de valoriser le patrimoine naturel, il offre également un lieu de découverte pour sensibiliser le public.
Au-delà de son rôle écologique, le Parc Urbain des Papillons se veut également lieu de pédagogie pour les Marseillais. Il accueille régulièrement des étudiants d’Aix-Marseille Université, qui participent à l’entretien du parc, tout en étant formés à la préservation des insectes. Cette formation pratique est essentielle pour sensibiliser les futurs professionnels du paysage à l’impact positif qu’ils peuvent avoir sur la biodiversité.
« Je m’en sers pour mes enseignements, j’y amène mes étudiants pour travailler sur des techniques d’échantillonnage et je fais également quelques formations aux agents techniques de la ville de Marseille » continue la créatrice du PUP.
Elle ajoute que « ce parc est un dispositif de recherche qu’ils ont voulu ouvrir au grand public, notamment lors des journées du patrimoine, rendez-vous aux jardins, la fête de la science etc. ».
Des parcours éducatifs y ont déjà été aménagés pour permettre aux visiteurs de découvrir les différentes espèces végétales et animales présentes sur le site. Des ateliers et des animations ont également été organisés, en partenariat avec des associations locales, pour éveiller les consciences sur la nécessité de préserver la biodiversité.
« Faute de moyens humains, il y a très peu d’ateliers actuellement. Je suis à la recherche de financements pour qu’une personne soit sur place à plein temps. Pour pouvoir faire vivre le parc, continuer à faire des formations aux agents techniques des villes, aux collectivités et au grand public » précise la maître de conférences en Écologie.
De plus, les équipes du parc travaillent à la publication d’un guide naturaliste répertoriant les papillons de Marseille, prévu pour la fin de l’année, afin de partager leurs découvertes avec le grand public.
Le Parc des Papillons devient un modèle pour d’autres villes qui souhaitent repenser la place de la nature dans l’urbanisme. Un projet similaire est déjà en place à Aix-en-Provence et d’autres collaborations sont également à l’étude, comme à Bordeaux.
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