Le climat de Dubaï, la première ville des Emirats Arabes Unis, est désertique et subtropical. Environ 100 millimètres d’eau tombent chaque année dans le pays, contre plus de 800 millimètres en France. Pendant l’été, les températures avoisinent les 40 degrés à Dubaï. Au mois de juillet 2021, elles se sont élevées jusqu’à 46 degrés. Ce pays du Golfe Persique parmi les plus arides au monde étudie depuis plusieurs années des méthodes d’ensemencement des nuages dans le but d’alléger le problème.
Élaborée pour la première fois en 1946 aux Etats-Unis pour lutter contre la sécheresse qui pesait sur New York, la technique d’ensemencement des nuages s’est répandue à travers le monde pour manipuler directement le climat et réduire l’impact de la sécheresse, ou parfois de la grêle.
Pour ce faire, des charges électriques ou, plus régulièrement, des particules artificielles sont introduites dans les nuages afin d’en augmenter la condensation, soit en augmentant la croissances des gouttelettes pour les nuages chauds soit en accélérant leur transformation en cristaux de glace pour les nuages froids (les gouttelettes doivent atteindre un certain diamètre pour qu’il y ait une accrétion et que la pluie se déclenche).
Depuis juillet 2010, les Emirats Arabes Unis travaillent en collaboration avec d’autres pays comme présentement l’Angleterre et l’Université de Reading, sur des projets d’ensemencement afin de freiner la sécheresse dans un pays où il ne tombe pas plus de 100 mm d’eau par an, contre plus de 800 mm en France. En 2017, 15 millions de dollars ont été apportés par le gouvernement pour soutenir 9 de ces projets.
A Dubaï, cette année, des charges électriques ont été utilisées pour stimuler les molécules d’eau. Les drones ont pour le moment décollé 126 fois en 2021, pour des vols de deux ou trois heures. Les spécialistes du CNMS (Centre National de météorologie et de sismologie) des Emirats Arabes Unis ont posté de nombreuses images pour en illustrer les résultats.
Afin d’accueillir le procédé, des systèmes d’irrigation adéquats sont essentiels, puisqu’il est impossible de prédire exactement l’ampleur de la pluie et à quelle vitesse la précipitation peut arriver. Mais les infrastructures aux Émirats Arabes Unis ne sont pas encore adaptées pour accueillir la pluie qui en a résulté.
Les autoroutes de Dubaï ont été submergées et le trafic perturbé par la visibilité fortement restreinte, par la pluie, des vents violents et des tempêtes de sable. L’est et les régions centrales des Emirats Arabes Unis ont été les plus affectées.
Étant donné la complexité des phénomènes atmosphériques, des variabilités naturelles dans le temps et l’espace des précipitations, il est difficile d’évaluer les impacts de telles mesures. Les scientifiques eux-mêmes n’ont pas toujours les explications derrière ces variabilités. Cependant, le procédé est ciblé et à court terme face à un réchauffement climatique fait de phénomènes rétroactifs et d’une ampleur qui nous impacte tous. De plus, les conséquences qu’un pays ne contrôle pas pour son territoire, il ne pourra les contrôler sur les territoires voisins.
En dehors de l’interdiction de la modification du climat à des fins militaires par les Nations Unies en 1978, l’absence de coordination et d’autres réglementations concernant la manipulation humaine sur l’eau en dehors d’utilisations militaires pourrait donc à long terme poser problème et être à l’origine de conflits, en parallèle avec les difficultés grandissantes d’approvisionnement en eau et sa raréfaction.
Crédit photo à la une : Artur Widak / NurPhoto / NurPhoto via AFP