Dans la revue Environmental Monitoring and Contaminants Research, des chercheurs japonais ont publié, à la fin du mois de mai, une étude relatant les détections de pesticides néonicotinoïdes dans les eaux de pluie analysées au Japon. C’est l’acétamipride qui arrive en première position de ces insecticides retrouvés dans les précipitations.
Des néonicotinoïdes dans le riz et les pins
On les savait dans les sols, les voilà désormais dans l’eau de pluie. Les néonicotinoïdes, ces pesticides utilisés en agriculture dans l’objectif de réduire à néant les populations d’insectes, ont été, pour la première fois, détectés dans de l’eau de pluie au Japon.
Utilisés en grande partie pour la production de riz et pour la protection des forêts de pin, les insecticides se répandent majoritairement par le ruissellement des terres agricoles. Mais une équipe scientifique menée par Masumi Yamamuro de l’université de Tokyo vient de démontrer, dans un rapport inédit, que ces biocides se trouvaient également dans les précipitations.
Ce sont des échantillons d’eau de pluie de Tsukuba et de Kashiwa qui ont été analysés par les scientifiques en avril, juin et septembre 2023 puis en janvier, avril, juin, août et septembre 2024.
Les résultats sont sans appel : 91 % des échantillons prélevés contiennent des néonicotinoïdes, avec une concentration maximale de 1,72 ng/L sur un échantillon datant d’août 2024.
Le cycle des néonicotinoïdes dans l’eau – Crédit : Masumi Yamamuro
L’acétamipride comme premier insecticide
Les analyses ont également révélé que c’est l’acétamipride qui arrive en première position des insecticides étudiés, avec une fréquence de détection de 82 % et une concentration moyenne de 0,36 ng/L. Viennent ensuite le thiaclopride, avec 73 % de fréquence détection et une concentration de 0,28 ng/L, puis le dinotéfurane avec 45 % et 0,52 ng/L.
Pour rappel, de nombreuses analyses scientifiques ont prouvé la toxicité de l’acétamipride sur les pollinisateurs, d’abord, pouvant ravager des colonies entières d’abeilles, mais aussi, de façon suggérée, sur le cerveau humain, le pesticide ayant été retrouvé dans le liquide céphalorachidien d’enfants suisses analysés.
Une découverte qui fait ici tristement écho à l’actualité législative française, puisque la loi Duplomb, visant à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » en réintroduisant, entre autre, l’acétamipride, a été renvoyée il y a quelques jours en commission mixte paritaire afin de la faire adopter.
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