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Les éleveurs qui s’entendent avec les ours subissent des menaces

« Alors qu'à l'époque nous souhaitions imposer des réintroductions, et avons même contribué à une plainte contre l'Etat français pour défaut de protection des ours dans les Pyrénées, nous pensons aujourd'hui que l'avenir est à la concertation. Il faut renouer le dialogue et répondre aux préoccupations de chacun. Mes années de vie en Roumanie m'ont prouvé que la cohabitation entre l'élevage et les grands prédateurs était possible, mais aussi que rien ne peut se faire sans échange et respect. »

La découverte d’un jeune ours mâle abattu en Ariège a relancé le débat sur la présence de l’ours dans les Pyrénées. Comme le loup, la présence des grands mammifères et leur cohabitation avec les éleveurs est une éternelle question qui n’a jamais été résolue, et qui nous interroge sur notre rapport au monde sauvage et notre capacité à vivre avec, mais surtout sur notre manière de traiter le sujet.

La réintroduction de l’ours dans les Pyrénées

Parmi la population, les prédateurs jouissent d’une bonne image grâce au travail des associations depuis des années. Ils font partie des grands mammifères, majestueux, mystérieux, exerçant une fascination et représentant la nature sauvage telle que nous ne la retrouverons jamais. La part du mythe joue beaucoup, à en juger par la différence de mobilisation pour protéger les insectes ou les poissons.

La conscience accrue de la nécessité de protéger la biodiversité dans un contexte de changement climatique, de catastrophes écologiques, joue aussi un grand rôle. Derrière l’écran et devant la belle image de ces magnifiques animaux, l’engagement est facile à prendre. Mais quand on se rend sur le terrain, la réalité devient plus complexe.

Le parquet de Foix a ouvert une enquête pour destruction d’espèce non domestique protégée. Un ours mâle d’environ cinq ans a été retrouvé sur la commune d’Ustou en Ariège, abattu par arme à feu. L’ours n’a pas encore été identifié car il ne portait ni puce ni collier GPS. On ne connaît pas encore les circonstances de cet abattage, mais en cette période de transhumance, plusieurs ovins ont été retrouvés morts.

Tuer une espèce protégée est une infraction qui encourt jusqu’à 150.000 euros d’amende. Des associations et l’État déposent plainte.

L’ours brun est présent dans les Pyrénées depuis 250 000 ans. À la fin du XIXème siècle et au début du XXème, les ours étaient prélevés par les montreurs d’ours et la chasse était primée. Interdite en 1962, elle n’a toutefois pas cessé et les braconnages ont continué.

La souche pyrénéenne n’a pas survécu et plusieurs individus de la race slovène y ont été introduits en 1996 et en 2006. Les populations d’ours sont particulièrement réduites en Europe du Sud tandis qu’elles sont plus importantes en Europe centrale.

L’Office français de la biodiversité a présenté en avril dernier les derniers chiffres de recensement. 52 ours seraient présents dans les Pyrénées françaises : 23 femelles et 22 mâles ont été identifiés. L’ours a été observé 40 fois l’année dernière. Son territoire s’étend sur 10.400km carrés. Si l’évolution est encourageante, les associations soulignent que pour qu’une population soit viable il faut 50 individus adultes avec une diversité génétique suffisante.

Les ours sont solitaires et ne se rencontrent qu’à la fin du printemps pour l’accouplement. Les femelles mettent bas tous les 3 à 5 ans et les portées sont en général limitées à 2 ou 3 oursons. L’ours est un omnivore opportuniste : son territoire va déterminer ce qu’il mange : à plus de 80%, des végétaux et des baies. Son régime carnivore contient bien plus de poissons insectes et de petits mammifères que des gros.

L’ours est très craintif et évite autant que possible les contacts avec les humains. La dernière attaque d’un homme par un ours remonte à 1850 en France.

La mortalité des oursons est très basse dans les Pyrénées, de l’ordre de 25% de mortalité la première année, ce qui est un très bon chiffre : ils peuvent mourir de maladie, de faim, de froid, ou tués par des mâles pour ré-enclencher les chaleurs de la femelle. Le dernier ours mort par cause humaine était Cannelle en 2004, dernière représentante de la souche pyrénéenne.

L’ours donc se porte bien. Il est suivi par radio, et par des pièges génétiques : on enduit des arbres d’une essence de thérébentine, le smola, qui attire l’ours qui vient s’y frotter, et on recueille ses poils et son ADN. Les analyses génétiques ont permis d’individualiser 15 ours en 2010. Les prises de vue et la collecte de témoignages permet de compléter des informations.

Depuis la réintroduction de l’ours, les éleveurs ont bénéficié de mesures d’aides par l’État : clôtures, chiens de troupeaux, accompagnement par des bergers itinérants. Les clôtures servent à contenir les troupeaux, c’est surtout le chien qui agit comme repoussoir pour les prédateurs. Pour être efficace, le chien doit pouvoir avoir accès à un troupeau contenu.

Maman ours et son petit, en forêt de Slovénie – Marco Secchi

Un problème de comptage des pertes des éleveurs

Pourtant, la tension reste extrême, en particulier en Ariège, département où l’ours a été retrouvé tué. Quand on consulte les chiffres de la Préfecture, on voit que 2019 fut la pire année, avec 214 dossiers concernant les pertes causées par l’ours. Sauf que dès qu’on parle de chiffres il y a un gros problème dans le comptage.

En effet, il y a une confusion entre le nombre d’animaux indemnisés et le nombre d’animaux tués par l’ours. Quand un éleveur fait constater un décès, il n’est pas nécessaire de prouver que l’ours est la cause pour être indemnisé. Dans ce cas, si l’éleveur est en zone de présence de l’ours, on écrit la mention « ours non écarté. » L’ours est en quelque sorte « présumé coupable ». Rappelons que les pertes des brebis en estive sont importantes en général, de l’ordre de 3 à 5 %, soit entre 18 et 30 000 brebis qui meurent chaque été, principalement de chutes.

Si tous les dossiers se révélaient effectivement dus à l’ours, cela représenterait sur les pertes totales, 5%. Pourtant sur les estives du Couserans, la région où l’ours est le plus présent, le nombre de brebis transhumantes a augmenté de 15% en 3 ans, d’après le rapport « Évolution du pastoralisme dans le Couserans : Propositions d’évolution des mesures d’accompagnement aux éleveurs confrontés à la prédation de l’ours et aux difficultés économiques du pastoralisme » établi par le Conseil Général de l’environnement  et du développement durable et le Conseil  général de l’alimentation de l’agriculture et des espaces ruraux. 

« Il est remarquable de constater que de 2014 à 2017, il y a eu une nette progression globale des effectifs (+15 %). (…) Cette augmentation des effectifs contredit les propos tenus par les professionnels qui prédisent, à l’inverse, une rapide disparition du pastoralisme dans le massif du fait de la présence de l’ours. »

Les locaux n’hésitent pas à parler de « guerre ».

Shepherds take part in a demonstration against the release of bears in the Pyrenees on April 30, 2018 in Pau, southwestern France. (Photo by IROZ GAIZKA / AFP)

Des éleveurs contre l’ours

L’Association pour la Sauvegarde du Patrimoine d’Ariège-Pyrénées a pour but de lutter « Contre la confiscation de nos montagnes par les grands prédateurs réintroduits pour nous chasser de nos vallées ». Elle présente ainsi l’ours :

« Un animal noble à connaître (…) Les prédations sur troupeaux montrent l’impossibilité de coexistence hommes/grands carnivores et les conflits se développent. Les Ours actuellement dans les Pyrénées sont la résultante d’une véritable manipulation et l’accumulation de mensonges de la part de quelques fonctionnaires visionnaires, écologistes extrémistes et sectaires avec parfois des objectifs très lointains de l’écologie telle la financiarisation de la nature au profit de quelques groupes d’entreprises et de financiers »

Comme nous l’avons précisé plus haut, l’ours brun n’est pas carnivore mais omnivore. L’association soutient également, contre toute les études scientifiques, que le loup est un animal dangereux pour l’homme. L’association ne donne toutefois pas de références exactes ni de preuves à l’appui. Suite à la mort de l’ours la semaine dernière, l’association précise :

« Nos pensées vont tout d’abord vers les centaines de brebis qui pâturaient paisiblement et qui ont été tuées par cet ours et ses congénères. Elles vont vers ces éleveurs qui seront momentanément épargnés de la mort d’une partie de leur troupeau auquel cet ours a fini de faire du mal. De l’autre côté du fusil, il y a d’abord les associations pro-ours pyromanes, manipulatrices de l’opinion publique et engraissées à l’argent du contribuable. (…) De l’autre côté du fusil, il y a ensuite la technocratie de l’ours qui de Bruxelles en passant par Paris jusqu’à Foix a noirci des pages de théories fumeuses sur l’illusoire cohabitation entre des ours carnivores et des troupeaux. (…) Enfin de l’autre côté du fusil c’est bien l’Etat jacobin qui est resté sourd aux alertes des élus locaux malgré des centaines d’heures de pseudo-consultation. »

Un berger a pris en photo un ours qui fuit après avoir été repéré devant une carcasse de brebis – Source

Tandis que l’association de protection de l’ours Ferus déclare :

« Le nouveau pas franchi dans la violence s’inscrit dans un contexte d’impunité des opposants à l’ours radicaux et violents que nos associations dénoncent depuis des années. Il n’est pas admissible dans un état de droit que certains cherchent à imposer par la violence un point de vue qu’ils n’ont pas réussi à faire valoir par les voies démocratiques et légales. »

Derrière ces positions, il y a plusieurs fractures. Celle entre éleveurs et écologistes n’est que le résultat du manque de confiance entre montagnards et administration, entre Paris et régions, entre le local et les directives de l’Union Européenne.

Car les décisions de protection relèvent du ministère. Pour beaucoup d’éleveurs – comme pour les écologistes sur d’autres sujets – la décision revient à des personnes qui ne connaissent pas la réalité du terrain ni de la vie à la montagne. Pris dans le tourbillon des normes européennes dans tous les aspects de leurs métiers, dont ils sont à la fois esclaves et dépendants, puisque sans les subventions européennes, ils ne pourraient pas vivre, les éleveurs voient dans la protection de l’ours une énième marque de leur dépendance.

Ours brun à bosse en Finlande – Crédit : Zdeněk Macháček

Nous avons joint l’un des membres de l’association ASPAP.

Quel sont les chiffres des pertes de brebis tuées par l’ours ?
En 2018 il y avait eu 500 bêtes tuées, en 2019 1170 bêtes tuées.

Comment être sûr que c’est bien l’ours ?
Ah ça…

Quels sont les fonctionnaires qui ont intérêt à ce que l’ours soit réintroduit ?
C’est une accaparation du territoire. Les pouvoirs publics veulent ensauvager des terres agricoles. On veut faire des Pyrénées une frontière sauvage, et développer une forme de tourisme vert. Les associations écologistes sont financées par l’État. Ils ont des théories et ils viennent nous apprendre comment garder nos troupeaux. Moi je n’ai jamais donné des leçons à un instituteur ou à un médecin. Le pastoralisme ce n’est pas enseigné dans des bureaux parisiens. C’est une des plus anciennes pratiques qu’on nous a transmise.

Comment se sortir de cette situation ?
Il faut sortir du débat pro/anti ours. Moi je ne suis pas un anti ours. Je pense qu’il fallait laisser l’ours là où il était, en Slovénie. Mais jamais le pastoralisme ne cohabite avec les prédateurs. Chaque fois qu’on veut nous mettre autour de la table, on nous dit ours et pastoralisme. Déjà ça pose problème. Moi je ne vais pas à la table où on dit ça. Ce n’est pas et c’est ou. Ou c’est eux ou bien c’est nous. Que l’État prenne ses responsabilités : soit les ramener en Slovénie, soit les tirer.

Maman et ses petits qui mangent de l’herbe – Crédit : Ilja Nedilko

Des éleveurs avec l’ours

Ce sont ceux dont on n’entend pas beaucoup parler. C’est que la question de l’ours ou du loup sont des sujets juteux pour les médias, et qu’il est toujours plus efficace de présenter des éleveurs mécontents que des éleveurs qui s’adaptent, comme Elise Thébault qui a eu le courage de prendre la parole publiquement.

L’Association pour la Cohabitation Pastorale était un regroupement d’éleveurs bergers et apiculteurs, favorables à la préservation de la biodiversité et soucieux de développement un pastoralisme durable. Cette association s’est arrêtée suite à des pressions, actes de vandalisme et menaces.

En 1988, Etienne Lamazou, un berger transhumant pyrénéen, publiait L’ours et la brebis, un livre où il parlait de son métier et de la cohabitation possible avec l’ours. Il écrivait : « L’ours n’a jamais été mon ami mais je n’ai jamais souhaité sa disparition. » (citation rapportée par l’association Pays de l’Ours).

Nous avons contacté l’association Pays de l’Ours située en Haute Garonne.

À quoi sert l’ours dans la chaîne alimentaire ?
Une espèce animale n’a pas besoin d’avoir une utilité aux yeux de l’humain pour avoir le droit d’exister. C’est un patrimoine pyrénéen qu’il nous faut protéger. C’est une vision du monde et de la biodiversité.

C’est pourtant le patrimoine pyrénéen que les éleveurs aussi souhaitent défendre.
Mais nous ne sommes jamais positionnés contre le pastoralisme. Le pastoralisme fait autant partie du patrimoine pyrénéen que l’ours. Je pense que depuis qu’il y a l’ours dans les Pyrénées, il y a moins de mortalité chez les brebis. Car les subventions pour embaucher des bergers, avoir des chiens et des clôtures permettent de protéger les brebis.

Dans les Pyrénées, ce sont près de 500 bergers qui doivent leur emploi au retour de l’ours. Le nombre de brebis en estive en Ariège est en augmentation. Si on supprimait tous les ours et donc toutes les subventions les éleveurs seraient contre.

Y a-t-il des éleveurs avec qui ça se passe bien ?
Bien sûr ! Mais on ne les entend pas car ils ont subi des pressions, des menaces, des dégâts sur leur matériel. Ils nous le disent, ils ne peuvent plus continuer à prendre la parole en public. Les autres, ceux qu’on entend le plus, c’est très difficile. Il y a beaucoup de violences et d’agressions.

Des États Généraux de l’Environnement avaient été organisés à la Bastide de Sérou et a subi les menaces et agressions de certaines associations. Quand nous avons organisé Les Automnales du Pays de l’Ours en 2005 à Massat, nous avons vu des arbres abattus en travers des routes, des barrages avec les tracteurs. Les gendarmes ne sont pas sortis.

Quelles sont les solutions mises en place et leur efficacité ?
Ce qui est efficace : c’est la présence humaine en permanence, les chiens et les clôtures. En 2021, l’Europe qui a déjà dépensé des millions, va rendre obligatoires ces protections, sinon les éleveurs ne seront pas indemnisés. Sauf que … on est en France. Donc il y aura des exceptionnalités et des conditionnalités. Autant dire que cela ne servira à rien, des éleveurs pourront choisir de ne pas se protéger.

Et pourtant, tout éleveur qui souhaite s’équiper peut aller voir la Pastorale Pyrénéenne qui lui fournit des chiens formés, les croquettes, l’accompagnement gratuit pendant 2 ans, des bergers itinérants peuvent leur donner un coup de main pour mettre en place les structures et pour faire de la surveillance. Tout cela sans que les éleveurs dépensent un centime. Sur les 300 nuits que les bergers itinérants ont passées près du troupeau, savez-vous combien il y a eu de prédation ? Une seule.

Thomas Bonometti

Pour en sortir : se questionner, écouter et aller voir

Cette histoire va donc bien au-delà d’une posture pour ou contre. Malheureusement, l’ours comme le loup sont des sujets médiatiquement juteux, où les positions tranchées sont toujours plus spectaculaires. Sommes-nous toujours condamnés à être pour ou contre, à choisir un camp plutôt que l’autre, et à écarter d’un revers de main la réalité de l’autre ?

L’association pour la protection des espèces menacées AVES a fait du chemin et nous en parle. Sur son site, on peut lire dans la page consacrée à l’ours :

« Il nous a fallu du temps, mais nous avons beaucoup évolué sur ce dossier. Alors qu’à l’époque nous souhaitions imposer des réintroductions, et avons même contribué à une plainte contre l’Etat français pour défaut de protection des ours dans les Pyrénées, nous pensons aujourd’hui que l’avenir est à la concertation. Il faut renouer le dialogue et répondre aux préoccupations de chacun. Mes années de vie en Roumanie m’ont prouvé que la cohabitation entre l’élevage et les grands prédateurs était possible, mais aussi que rien ne peut se faire sans échange et respect. Aussi, AVES France participe au financement d’un projet ambitieux basé sur l’échange et le dialogue. Il est temps d’enterrer la hache de guerre, pas seulement pour l’ours, mais pour toute la biodiversité pyrénéenne. »

Quelles étaient vos positions au début ?
J’avais 15 ans lors des premières réintroductions. On était dans une urgence : soit on laissait l’espèce disparaître, et dans ce cas on sait qu’il y a très peu de chances pour pouvoir la faire revenir, soit on se lançait dans des renforcements de populations. Il est plus juste de parler de renforcement de la population que de réintroduction, car il restait quelques spécimens d’ours pyrénéens, donc la branche s’est éteinte avec la mort de l’ourse Cannelle en 2004.

Mais la décision de renforcement est venue de l’État sans concertation locale : ils se sont appuyés sur la Convention de Berne et sur l’Europe. Donc ça a donné une image aux pastoraux que c’est une administration lointaine qui ne les comprenait pas et qui leur imposait de vivre avec les ours alors que leurs ancêtres ont tout fait pour les en chasser. C’est là le péché originel.

Quels sont les endroits où la cohabitation se passe bien ?
En Slovénie, quand il y a des attaques d’ours, les agents se rendent sur le terrain, mais pas seulement pour constater. Ils mettent en place des clôtures, ils installent des caméras de surveillance pour analyser ce qu’il s’est passé. Ils se sont par exemple rendu compte que la taille des clôtures était trop basse, ou que la tension n’était pas suffisante car l’ours se jetait sur la clôture, prenait le choc, et ensuite y revenait.

Moi aussi au début je pensais avant que si les éleveurs voulaient vraiment, ils le feraient. Mais il ne faut pas oublier quelque chose de très important : les Pyrénées, c’est la haute montagne. Et là, tout est plus difficile : on parle de conditions où parfois la brume tombe en quelques minutes, où on ne voit plus rien. Les chiens ne sont efficaces que sur des troupeaux très regroupés, mais en Ariège, les brebis peuvent être sur de grandes distances dans un milieu très escarpé. Sur des terrains comme ceux-là il est très difficile de clôturer et de regrouper les troupeaux. La culture du pastoralisme, c’est un berger seul avec son troupeau. Or un berger ne peut pas surveiller tout seul 1000 bêtes, c’est impossible.

Que faudrait-il faire ?
Cela fait des années qu’on propose aux éleveurs les mêmes moyens de protection, et on voit que ce n’est pas applicable partout. Il va falloir proposer de nouveaux systèmes adaptés à la haute montagne. La réponse de l’État ne doit pas être que financière, elle doit être dans une réflexion et rétablir une relation de confiance.

On n’achète pas la paix sociale par des indemnisations. La preuve, 25 ans plus tard, on en est au même point. Certes il y a plus d’ours aujourd’hui, mais la tension est toujours aussi vive. Et ce qu’il s’est passé la semaine dernière nous le prouve. Si on ne fait rien, 50 ours ça n’est pas grand chose, si on veut les éliminer ça peut aller très vite.

Dispositif de protection des troupeaux : des clôtures et des chiens – Éleveuse en Arriège

Questionner d’abord, être à l’écoute de l’autre, et aller voir sur le terrain la réalité, pour envisager des solutions ensemble. Mais là où anti et pro ours sont d’accord, c’est que l’État a failli dans sa mission. Tout récemment, une consultation publique a été mise en place par l’État sur l’effarouchement des ours par moyens sonores, olfactifs, lumineux, par des tirs non létaux et par des chiens.

Ces mesures ne peuvent être accordées que par les préfets car elles sont dérogatoires. Les résultats de la consultation sont unanimes : 97% des 2319 participants en 3 semaines se sont prononcés contre. Les associations ont soutenu cette démarche et déploré que l’État ait proposé ces mesures sans avoir préalablement évalué leur efficacité. Le collège d’experts a dit non à l’unanimité, ce qui est très rare.

L’État se retrouve donc dans une posture à subventionner à la fois les mesures de protection de l’ours, à dédommager les éleveurs et à proposer des mesures d’effarouchement, toujours dans une posture régalienne d’intervention par subventions pour compenser les dégâts. Au lieu d’aller à la base du problème chercher de réelles solutions.

Des associations comme AVES cherchent à mettre en place des programmes et des appels d’offres pour que des chercheurs se penchent sur la question, pour proposer de nouvelles solutions. Mais dans tous les cas, ce sera aussi sur le terrain des postures et des idéologies qu’il va falloir évoluer.

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