En avril 2024, la DREAL et le Parc naturel des Ballons des Vosges réintroduisaient de Grands Tétras dans le massif des Vosges. Cette décision avait suscité le désarroi des associations de défense de l’environnement, les conditions climatiques et touristiques du massif n’étant plus adaptées à la survie de l’espèce. Après la mort de plusieurs oiseaux, la préfecture projette aujourd’hui d’user des ultrasons pour effaroucher les prédateurs du Grand Tétras. Une fois encore, les associations montent au créneau.
Deux possibles couvaisons du Grand Tétras
Tout est parti de la découverte de deux couvaisons probables de Grands Tétras de la part du Parc naturel des Ballons des Vosges et de la DREAL, lors de la première réintroduction de l’oiseau en avril dernier.
« Selon eux, les couvaisons ont disparu car elles ont été prédatées. Il faut savoir qu’une couvaison ne se vérifie qu’en allant voir directement sur place. Or, ici, ils se sont servis d’un appareil qui permet de voir que la poule reste au même endroit durant plusieurs jours, ce qui laisse supposer une couvaison », explique Dominique Humbert, président de SOS Massif des Vosges, à La Relève et la Peste.
Mais pour ce dernier, sans une vérification sur le terrain, impossible d’être certains d’une couvaison.
« Eux expliquent sans aucune remise en doute qu’il s’agit de la faute de prédateurs. Personne ne peut l’affirmer, mais eux, si. C’est du grand n’importe quoi », ajoute Dominique Humbert.
Un système d’ultrasons pour éloigner les prédateurs
Concernant le système d’ultrasons qui serait privilégié pour éloigner les prédateurs des oiseaux, là encore, Dominique Humbert, tout comme une petite dizaine d’autres associations, ne croit pas une seconde à son efficacité ni à ses bénéfices.
« Beaucoup d’études ont été menées là-dessus. Un acousticien a d’ailleurs fait une note expliquant qu’il y avait toutes les chances que cela ne fonctionne pas. Les espèces s’habituent très vite à ces techniques. La capacité d’adaptation des animaux fait que s’ils sont repoussés une première fois, ils y reviennent une deuxième, puis une troisième. En voyant qu’il n’y pas de danger, ils s’y habituent », précise le président de SOS Massif des Vosges à La Relève et la Peste.
Ce dernier dénonce enfin « l’absurdité » d’installer un tel système.
« Nous savons très bien que l’odeur d’un humain peut au contraire attirer les prédateurs, puisqu’elle reste sur place. Par ailleurs, ils vont à l’encontre de toutes les réglementations. Il faudrait en effet faire une évaluation des incidences sur une zone Natura 2000, qui doit être protégée », précise Dominique Humbert.
Pour les associations, il s’agit là de « noyer le poisson », vis-à-vis de l’échec de la réintroduction des oiseaux.
« Cela masque les véritables causes de la disparition du Grand Tétras, avec le climat, le tourisme, et le fait que les oiseaux réintroduits soient morts les uns après les autres », souligne Dominique Humbert.
Aujourd’hui, les associations espèrent une réponse d’une lettre adressée à la préfète des Vosges concernant l’usage des ultrasons, mais aussi des avancées juridiques, après une audience sur le fond s’étant tenue début juin. Le délibéré devrait bientôt tomber.