En France, 3403 accidents de chasse ont eu lieu et 428 personnes ont été tuées par des chasseurs en 20 ans. Le collectif Un jour un chasseur a rendu hommage aux victimes dans le manifeste Chasser tue (aussi) des humains, et demande des réformes rapides afin de véritablement enrayer le problème.
Le collectif « Un jour un chasseur » est né du regroupement de plusieurs habitantes rurales, après la mort tragique de leur ami Morgane Keane. Ce jeune homme de 25 ans a été tué accidentellement par un chasseur le mercredi 2 décembre 2020, alors qu’il se trouvait à cent mètres de sa maison afin de couper du bois, dans sa propriété, dans le Lot.
Elles ont décidé de s’atteler au difficile travail du ravivement de la plaie et de briser l’omerta afin de faire en sorte que ces tragédies ne se reproduisent plus. Le but est également de « libérer la parole des oubliés de la ruralité ». Les autrices rappellent que 21 millions de Français vivent actuellement à la campagne, dont une vaste majorité de personnes qui ne sont pas des chasseurs. 46 % des chasseurs vivent dans une ville de 20 000 habitants, dont 10 % à Paris.
« Nous refusons d’accepter la banalisation de ces drames, que le terme “d’accident” vise à normaliser et à rendre supportable. Qu’ils provoquent la mort, des blessures physiques, ou entraînent des séquelles psychologiques, il est de notre devoir et de celui des autorités et du gouvernement de les dénoncer, de leur faire face et de ne surtout pas tolérer l’intolérable » expliquaient-elles dans une pétition lancée en septembre 2021
Cette pétition demandait une meilleure sécurité et un plus grand contrôle de la chasse. En deux mois, elle avait reçu plus de 120 000 soutiens. Le collectif avait été reçu à la Haute-Assemblée en décembre.
Il avait alors formulé 5 propositions principales: arrêter la chasse le mercredi et le dimanche, donner une formation plus stricte aux chasseurs et renforcer les règles de sécurité, effectuer un contrôle des armes de chasse et comportements à risque, appliquer des sanctions plus dissuasives à l’encontre des chasseurs ayant provoqué des accidents mortels ou corporels, et libérer la parole et la reconnaissance des victimes de la chasse par l’Etat.
A la suite de ça, une mission parlementaire sur la sécurisation de la chasse avait été mise en place. Le travail, rapporté par le sénateur de l’Ain LR Patrick Chaize, sous la présidence de Maryse Carrère, une sénatrice des Hautes-Pyrénées membre du groupe Rassemblement Démocratique et Social Européen, avait demandé 48h d’auditions de 70 personnes, avant d’être rendu public, ce mercredi 14 septembre 2022.
Le rapport s’est avéré être extrêmement décevant pour le collectif. La co-fondatrice, Mila Sanchez, a estimé que le travail est loin d’être à la hauteur des préconisations des associations, alors que toutes les pistes étaient sur la table. Elle explique pour France3Régions :
« Les deux seules choses sur lesquelles nous avons été entendus sont le seuil d’alcoolémie maximal, similaire à celui du code de la route, et l’obligation de fournir un certificat médical annuel comme pour tous les sports avec une arme. En revanche, nous n’avons pas été suivi sur l’interdiction de la chasse pour les mineurs. »
Un jour un chasseur reprend donc ses 5 revendications dans son livre, afin de promouvoir et d’avancer vers un véritable changement. Dans la préface, le naturaliste Pierre Rigaux note :
« La parole se libère peu à peu. Les habitants paraissent de moins en moins enclins à supporter l’accaparement de l’espace par une minorité pratiquant un jeu mortel hors de toute raison. »
Si les accidents ont diminué ces dernières années, le collectif a tout de même recensé 39 incidents depuis septembre 2022, dont 82 % ayant lieu le week-end. Outre la publication de son livre, le collectif continue ainsi son combat auprès des pouvoirs publics.
« Nos représentants ne répondent pas, ou n’ont pas envie de répondre aux attentes. On va contacter le ministère de l’Intérieur. Si ce n’est pas suffisant, on ira plus haut. Nous en réfèrerons à l’Union Européenne. »
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