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Pleurer ou profiter : la schizophrénie humaine face à la disparition des glaciers

Alors que l’Autriche détruit un glacier pour agrandir une station de ski, la Suisse quant à elle pleure la perte d’un glacier causée par le réchauffement climatique.

Une partie de nous les pleure, tandis que l’autre continue de vouloir en tirer profit jusqu’au dernier moment. Face à la fonte des glaciers, l’humanité devient schizophrène. 

Une tragédie pour les premiers

Après l’Islande, la Suisse a elle aussi commémoré la disparition de l’un de ses glaciers. Dimanche 22 septembre, une marche funèbre a été organisée en mémoire du glacier du Pizol, décédé à cause du dérèglement climatique. La perte d’un glacier n’est pas un fait nouveau pour le pays helvète, qui a déjà assisté à la disparition de plus de 500 glaciers depuis 1850. 

Des pelleteuses sur le glacier du Pitzal, le 27 août 2019 en Autriche. VINCENT SUFIYAN / WWF

Alors pourquoi plus de 250 personnes ont eu besoin de se rassembler pour marquer la fin de ce glacier en particulier ? Vêtues de noir, elles ont marché pendant deux heures pour atteindre l’ancien pied du glacier, près du Liechtenstein et de l’Autriche, à presque 2 700 mètres d’altitude. Ce qui a marqué les habitués du glacier, c’est la rapidité avec laquelle il a fondu : le Pizol a perdu 80 à 90 % de son volume en 13 ans !

« Alors le Pizol, ce n’est pas le premier. Mais, on peut le considérer comme le premier glacier suisse en train de disparaître qui a été très bien étudié. Il est le symbole de tous les glaciers qui sont en train de disparaître et de la glace qui fond dans les Alpes. On ne peut plus sauver ce glacier, mais il y en a beaucoup d’autres qui peuvent encore l’être, si l’on protège le climat. » précise Matthias Huss, glaciologue à l’École polytechnique fédérale de Zurich

En effet, tout comme le Pizol, près de 4 000 glaciers alpins, qui débitent de l’eau en été à des millions de personnes, risquent de fondre de plus de 90% d’ici à la fin du siècle si rien n’est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, selon une étude de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich. Face à la gravité de la situation, l’Association suisse pour la Protection du Climat a lancé un référendum d’initiative populaire, dit « Initiative pour les glaciers« , et demande que les émissions nettes de CO2 en Suisse soient réduites à zéro, au plus tard en 2050.

Une opportunité pour d’autres

Symbole des temps, c’est la réaction complètement opposée qui est observée en Autriche. Alors que leurs voisins Suisses veulent réveiller les consciences, une station de ski autrichienne a décidé de détruire l’un de ses glaciers avec des excavateurs pour solidifier et agrandir son domaine skiable.

Dévoilées par WWF Autriche, les images des pelleteuses à l’assaut de ce géant des neiges sont impressionnantes, et témoignent de la folie de la course au toujours-plus. Au total, ils souhaitent enlever 1,6 hectare de glace et en niveler 64 hectares pour faire fusionner les domaines skiables des glaciers Pitztal et Ötztal, avec toutes les conséquences que cela implique sur l’environnement.

« On peut considérer les glaciers comme d’immenses réservoirs d’eau qui se vident à grande vitesse. Cet afflux considérable d’eau douce alimente les fleuves et augmente irrémédiablement le niveau des océans. Un tiers de la hausse du niveau de la mer est attribué à la fonte des glaciers, ce qui aura un impact sur toutes les côtes du monde. Au niveau régional, les conséquences sont aussi dramatiques. Chaque année, les glaciers relâchent plus d’eau. Mais leur surface se réduit sans se renouveler. Les volumes sont donc de moins en moins importants. Cela perturbe le fonctionnement des centrales hydroélectriques, et cause des pannes d’électricité importantes dans certaines régions. L’agriculture est aussi durement touchée. C’est une pénurie d’eau qui attend le monde agricole avant la fin du siècle si la fonte des glaces n’est pas stoppée. » explique la glaciologue Fanny Brun

Et l’Autriche est loin d’être un cas isolé. En France aussi, les montagnes et les glaciers sont ravagés par des projets d’aménagement écocidaires. Pour opérer une liaison avec la Clusaz, un grand alpage situé à 1500 mètres d’altitude est saccagé, alors même que le ski sera bientôt impossible à cause de la neige de plus en plus rare. En Isère, le projet de liaison entre Alpes d’Huez et les Deux Alpes rencontre l’opposition de la population locale qui affirme « qu’on ne peut pas construire un avenir dans le contexte de 2019 et ses exigences écologiques, en copiant les idées des années 70. »

Canons à neige et projets d’agrandissement représentent la fuite en avant de ceux qui n’ont rien compris à la seule façon de faire face à la crise climatique en cours : réduire nos émissions de gaz à effet de serre, et protéger les entités vivantes irremplaçables, comme les glaciers.

Laurie Debove

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