Ce dimanche, des activistes ont dénoncé l’impact des résidences secondaires au Pays basque en pleine saison touristique. La plateforme « Se loger au pays - Herrian Bizi » appelle des solutions urgentes pour sortir de l’impasse. Certaines communes du territoire comprennent 50% de résidences secondaires, empêchant la population locale de se loger dignement.
Les résidences secondaires au Pays basque
C’était la première action de la plateforme Se loger au pays – Herrian Bizi. Au milieu des touristes, plusieurs dizaines de participants ont déployé au bord de l’océan une immense banderole sur laquelle on peut lire « Stop! Aski! Résidences secondaires ». Parmi eux : les cyclistes du Tour Alternatiba, parcourant plus de 6500 km en vélo trois et quatre places pour participer à la transformation écologique des territoires.
La plateforme Se loger au pays – Herrian Bizi regroupe une trentaine d’associations, de syndicats et de partis politiques du Pays Basque ayant fait de l’accès au logement leur priorité depuis l’an dernier. Pour cause, plus de 20 % des logements sont déjà des résidences secondaires au Pays Basque. Dans certaines communes, la proportion de résidences secondaires approche, voire dépasse, aujourd’hui le seuil de 50% des logements.
« Le droit de chacun d’avoir un logement doit passer avant la possibilité pour une minorité d’en avoir plusieurs », explique Ainize Butron, porte-parole d’Herrian Bizi – Se loger au Pays!
Face à la prolifération des meublés touristiques, la communauté de communes du pays basque, poussée par l’association Alda, avait adopté une mesure radicale : une règle de compensation. Depuis le 1er mars 2023, les propriétaires qui veulent mettre en place une location saisonnière permanente doivent obligatoirement proposer un autre bien à la location à l’année dans la même commune. Hélas, certains de ces anciens Airbnb ont été transformés en nouvelles résidences secondaires plutôt que les faire revenir dans le parc des logements à l’année.
Des conséquences sociales et écologiques
Autres problématiques du territoire : les congés qui expulsent les locataires pour vendre au plus offrant, participant à la spéculation immobilière. Une situation terrible qui est loin d’être particulière au Pays basque. La France compte 3,2 millions de résidences secondaires. Un logement sur dix est une résidence secondaire, faisant de notre pays celui au monde où il y en a le plus par habitant.
Massivement présentes sur le littoral ou en altitude, on les trouve aussi dans les intercommunalités les plus densément peuplées. Les Parisiens en sont les grands champions : 348 000 ménages détenteurs d’une résidence secondaire habitent à titre principal dans la métropole du Grand Paris.
Pour Cécile Duflot, marraine du Tour Alternatiba, ex-ministre du logement et directrice d’OXFAM France : « on mesure mal à quel point la question du logement est aujourd’hui l’exemple le plus significatif d’une absence de politiques publiques qui entraîne l’accroissement des inégalités. »
Or, cette crise du logement a aussi des impacts écologiques désastreux, ainsi que le rappelle Emma Tosini, porte-parole d’Alternatiba et Action Non-Violente COP21, mouvements organisateurs du Tour Alternatiba.
« La demande en résidences secondaires fait monter les prix et oblige à l’éloignement des habitants aux revenus modestes, les forçant à des trajets travail-domicile plus longs et donc plus polluants. Elle pousse à construire plus, à bétonner plus et à artificialiser toujours plus de terres. »
En France, 68 % de la consommation d’espaces est à destination de l’habitat. Les opérations de moins de 8 logements par hectare sont ainsi responsables de 51 % de la consommation d’espaces. La plateforme Se loger au pays – Herrian Bizi a fait une série de propositions aux élus locaux et parlementaires : quotas de résidences secondaires par commune, fiscalité dissuasive sur les résidences secondaires, création de zones réservées pour les habitations pérennes à l’année dans les documents d’urbanisme…
« Enfin, les organisations demandent aux potentiels acquéreurs de ne racheter que des résidences secondaires existantes pour ne pas impacter les logements disponibles pour la population locale, et appellent les résidents à leur signaler toute nouvelle résidence secondaire, qui pourrait ainsi faire l’objet de prochaines actions » concluent-elles.