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« On devrait tous se sentir concernés, parce que l’eau est une denrée rare qu’il faut protéger »

« L'eau est un bien commun précieux, qu'il faut partager et protéger, c'est aussi simple que ça. C'est vraiment le truc le plus absurde à monétiser. »

Sur le Village de l'eau, installé à Melle (Deux-Sèvres) du 16 au 21 juillet, des milliers de personnes ont répondu présentes à l'appel de plus de 120 organisations écologistes, paysannes et syndicales pour montrer leur opposition à l'accaparement des ressources en eau et aux projets de mégabassines qui essaiment à travers le territoire. Des militants aux âges, origines et motivations hétérogènes, loin des caricatures et raccourcis trop souvent entendus. Témoignages.

Dominique, 70 ans, Poitiers

« Moi, je milite à Attac à Poitiers. Avec Attac, on est partenaire de la lutte contre les mégabassines, parce qu’on est hyper inquiets par le système agro-industriel, qui détruit les ressources de la planète. J’ai toujours milité, mais c’est vrai que depuis quelques années, je suis sur toutes les luttes : à Sainte-Soline l’année dernière, aux Résistantes…

Le climat politique actuel me fait flipper et me donne envie d’agir. Et ça doit être l’âge, mais je ressens beaucoup d’affection pour les jeunes militants, comme ici au Village de l’eau. J’ai beaucoup d’admiration pour leur courage et leur détermination. Après, est-ce que notre mobilisation va suffire pour arriver à un moratoire sur les mégabassines, je ne suis pas sûre…

Ce qu’il nous faudrait, c’est une vraie politique de rupture, parce que derrière les mégabassines, c’est tout le système libéral capitaliste auquel on s’attaque. »

Dominique au village de l’eau à Melle – Crédit : Cécile Massin

François*, 50 ans, Angers

« C’est la première fois que je participe à un rassemblement écologiste et contre le Rassemblement national (RN). Ce qui m’a poussé à venir, c’est que non seulement le gouvernement ne nous écoute pas, mais il nous réprime. J’ai un fils qui a 19 ans et je pense à son avenir. Si je ne le fais pas, qui le fera ?

L’eau, c’est une question prioritaire. On en manque de plus en plus, et elle est de plus en plus privatisée. On devrait tous se sentir concernés, parce que c’est une denrée rare qu’il faut protéger. Le fait d’être ici, d’être un parmi tous, ça me donne la sensation de faire ma part. Et si tout le monde fait sa part, j’espère qu’on sera entendu. »

Clara, 29 ans, Valence

« En décembre dernier, j’ai soutenu ma thèse en sciences de l’environnement. Mais faire ces études, ça m’a aussi donné un grand sentiment d’impuissance. J’ai vraiment l’impression que ça ne suffit pas, qu’il faut d’autres moyens d’action, surtout dans le contexte répressif actuel où il faut vraiment rester mobilisé. C’est pour ça que je suis souvent sur les lieux de lutte.

J’ai été manifesté contre l’A69, mais aussi contre le contournement ouest de Montpellier et dans le Vercors. Il n’y a pas d’autre choix que de se mobiliser et puis des semaines comme celle-ci, ça fait énormément de bien. On a l’impression d’être dans une grande colonie. Il y a beaucoup de joie à se retrouver ensemble pour lutter. »

Marie & Noé, 34 et 40 ans, Aubervilliers

« Nous, on était au convoi de l’eau l’année dernière. Noé était aussi à Sainte-Soline. Cette fois, on est venus au Village de l’eau parce que l’eau est un bien commun précieux, qu’il faut partager et protéger, c’est aussi simple que ça. C’est vraiment le truc le plus absurde à monétiser.

On ne sait pas si cette semaine va avoir des impacts concrets, mais au moins, ça met du baume au cœur de pouvoir être tous ensemble. D’ailleurs, on est venu avec notre petite fille de 16 mois. Sur le village, on n’est pas inquiets pour elle, par contre, on ne l’emmène pas lors des manifestations. »

Ravanochole, 21 ans, Munich (Allemagne)

« J’ai étudié pendant un moment en France et à ce moment-là, j’ai participé à plusieurs mobilisations écologistes. Depuis que je suis retourné vivre en Allemagne, je suis revenu en France pour plusieurs actions, comme la lutte contre l’A69. Je me mobilise sur les enjeux écologistes parce que pour moi, c’est l’endroit où tu vois le mieux que le capitalisme ne marche pas et que face à l’urgence climatique, on n’a plus d’autre choix que d’agir.

En Allemagne, je milite aussi. Je suis notamment engagé dans la lutte contre le projet d’agrandissement d’une usine Tesla, à côté de Berlin. Je milite avec des copains allemands. D’ailleurs, certains sont venus au Village de l’eau avec moi. Je voulais être ici pour créer des connexions internationales. Je ne pense pas que cela va conduire à la révolution demain, mais il y a urgence à se connecter entre militants en dehors des frontières étatiques. »

Le village de l’eau à Melle – Crédit : Cécile Massin

Robin, 23 ans, Compiègne

« J’ai fait des études d’ingénieur et rapidement, je me suis rendu compte que ce milieu était très apolitisé. Beaucoup d’ingénieurs pensent que la technique est neutre et que tout ce qu’ils font, c’est développer des technologies dont les gens pourront, ou non, se saisir. Ce n’est pas du tout ma vision de ce métier et rapidement, j’ai voulu me mobiliser.

Je me suis notamment engagée dans la lutte contre le Canal Seine-Nord Europe. J’étais aussi présent à Sainte-Soline, ou plus récemment contre l’A69 et Green Dock. Je suis très sensible aux luttes sociales et environnementales. La question de l’eau, surtout, est une question fondamentale. Et le problème, c’est que les ingénieurs ont souvent tendance à la considérer uniquement comme une donnée, sans forcément se rendre compte de ce que ça représente réellement. »

Hortensia*, 23 ans, Compiègne

« J’ai d’abord milité à l’échelle nationale voire nationale. Je voulais avoir un impact maximal, mais je me suis rendu compte que ça m’avait déconnectée de ce qui faisait sens pour moi. J’avais besoin de m’investir dans des luttes plus ancrées. C’est comme ça qu’en étant étudiante à Compiègne, j’ai commencé à me mobiliser contre le Canal Seine-Nord Europe.

Et puis il y a eu la lutte contre les mégabassines à Sainte-Soline aussi bien sûr. Sainte-Soline, pour moi, représente vraiment tout ce qui pose problème, les solutions technologiques qui n’en sont pas, des problèmes démocratiques graves, les violences policières. Pour contrer la violence et la peur, ça nécessite de faire front. Et venir sur le Village de l’eau, c’est exactement ça.

Surtout, on passe notre temps à parler de futurs désirables. Ici, c’est une petite poche de présent désirable. Quand je vois la base de soin, la cantine militant, l’auto-organisation, le partage entre les gens, je me dis que c’est cool de parler de futurs désirables, mais ce qui est vraiment cool, c’est de pouvoir en expérimenter un, au présent. »

* Les prénoms ont été modifiés

Cecile Massin

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