Loisirs, centre commercial, pôle économique, tous les projets étaient bons pour artificialiser le Triangle de Gonesse (nord-est de Paris) et justifier le projet de gare de la ligne 17 du Grand Paris. Pourtant, face à la fronde des habitants, aucun ne s’est concrétisé. Cette fois-ci les pouvoirs publics reviennent avec la volonté de construire une cité scolaire… en plein champ.
“Tout est bon pour artificialiser le Triangle de Gonesse”, quitte à “prendre en otage des jeunes” nous explique Bernard Loup, président du Collectif pour le Triangle de Gonesse, vent debout contre la possible construction de la cité scolaire.
“Comme les pouvoirs publics n’ont rien pour justifier la gare de la ligne 17” qui doit se construire en plein champ et accompagner l’artificialisation des terres, “ils veulent une cité scolaire”.
“Le maire de Gonesse (Jean-Pierre Blazy, Divers gauche) ne pourra pas expliquer en 2026 (année des prochaines élections municipales) : on a fait venir le métro mais il faut marcher 1,5km pour y aller” assène Jean-Baptiste Pegeon, élu Europe Ecologie les Verts au Conseil Régional d’Ile de France et Administrateur au Conseil d’Administration d’IDF Mobilités.
La gare va amener avec elle une urbanisation pour y accéder : “des routes, des lignes de bus” détaille-t-il. La ligne 17 est en chantier, le tunnel pour accéder au Triangle est terminé. Les rails sont en train d’être posés. La construction de la gare devrait commencer en 2024, les essais se tiendront en 2026, la mise en service en 2030.
Annoncé en 2021 par Jean Castex, alors premier ministre, le projet de cité scolaire reste flou.
“Il y a besoin d’un nouveau lycée dans l’est du Val d’Oise, mais d’autres sites sont bien plus adéquats pour accueillir l’établissement”, nous confie Carine Pelegrin, élue Génération Ecologie au Conseil régional d’Ile de France.
Un terrain de Villiers-le-Bel qui jouxte un complexe sportif avec piscine et terrain de sports serait le plus “adapté pour les jeunes” commente Bernard Loup.
Un choix “scandaleux”
Le plan dévoilé par Jean Castex prévoyait également la construction d’un centre pénitentiaire dans le Val d’Oise. Six sites étaient envisageables pour la construction de celui-ci, dont un à Goussainville à proximité des pistes nords de l’aéroport de Roissy. En janvier dernier, une concertation sur l’implantation de la prison a eu lieu. Le site de Goussainville n’a pas été retenu en raison des nuisances liées aux avions.
Or la cité scolaire implantée sur le Triangle de Gonesse serait elle aussi exposée d’une part aux pistes sud de Roissy et d’autre part aux pistes du Bourget. Le trafic aérien est continu, de jour comme de nuit, au-dessus du site, peu approprié pour une cité scolaire qui accueillerait un internat d’excellence.
“C’est scandaleux”, s’émeut Bernard Loup, qui organise une Zadimanche sur le Triangle de Gonesse le 1er octobre pour protester contre le projet.
📢 2000 étudiants dans une école perdue entre une autoroute et un aéroport, c'est le projet de nos élus !
Le @CPTGonesse vous invite le 1er octobre sur le site du Triangle de Gonesse pour discuter du projet et des alternatives possibles. Plus d'infos: https://t.co/EhdgetRiJT pic.twitter.com/AFszyQpyfo— France Nature Environnement Île-de-France (@FneIDF) September 7, 2023
“S’ils avaient voulu implanter une prison, ils auraient sans doute été confrontés à une mobilisation de la population contre ce projet. Ils ont été finauds dans le choix d’une cité scolaire” explique Carine Pelegrin.
La cité scolaire va “sauver” la future gare de la ligne 17, qui “n’est pas du tout rentable puisque éloignée du centre ville” nous déclare Jean-Baptiste Pegeon. Idéalement, il faudrait la construire “ près de l’hôpital de Gonesse” selon Carine Pelegrin, seul endroit viable “économiquement”.
“Il y a un vrai enjeu de modèle de développement” développe Carine Pelegrin. Le Triangle de Gonesse pourrait servir de “ressource agricole pour la restauration collective du département” avec un fonctionnement en “circuit court” comme la logique de développement écologique le voudrait.
Pourtant certains pouvoirs publics s’obstinent à artificialiser les terres.