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Nourrir les oiseaux en hiver : quels sont les gestes à faire, et ceux à ne surtout pas faire ?

Pas de pain, pas de nourriture salée, pas de produits laitiers.

Pour les petits et les moins petits oiseaux, l’arrivée de l’hiver et des grands froids inaugure la période de l’année la plus stressante, où la nourriture et l’eau se font rares, où les journées raccourcissent, et où la survie n’est pas garantie. Pour nous qui sommes au chaud, il est ainsi tentant de porter assistance à nos amis ailés : ce coup de pouce peut leur être salutaire, mais attention, il peut aussi mettre sérieusement en danger la santé des oiseaux.

Alors quelles sont les erreurs à ne surtout pas commettre, et comment faire en sorte que ces gestes profitent vraiment à la biodiversité ?

01. Quand nourrir les oiseaux ?

Au printemps, en été et durant la majorité de l’automne, toute aide qui leur est apportée risque d’infantiliser les oiseaux, notamment les jeunes nés, qui deviendront dépendants de l’alimentation humaine et n’apprendront pas correctement à rechercher par eux-mêmes de la nourriture.

La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) recommande ainsi de nourrir les volatiles uniquement en hiver, si possible lorsque les périodes de froid prolongé sont arrivées, grosso modo de novembre (au plus tôt) à la fin du mois de mars (au plus tard).

À noter : si vous avez commencé à les nourrir, il est conseillé de ne pas vous arrêter avant la fin de l’hiver, car les oiseaux seraient dans ce cas contraints de rechercher de nouvelles sources de nourriture, ce qui entraînerait une dépense calorique importante. Au retour des beaux jours, essayez de ne pas stopper net la distribution de nourriture, mais de le faire progressivement.

02. Du balcon au jardin, où et comment disposer les mangeoires ?

Mis sous pression par l’hiver, les oiseaux peuvent être moins alertes et réactifs. C’est pourquoi il est essentiel de disposer les mangeoires bien en hauteur, dans un endroit dégagé, loin des buissons, des cachettes, des angles morts, des branches et des rebords de fenêtre, dans le but de contrecarrer les techniques d’approche des prédateurs – en particulier les chats.

Avec une vision à 360°, mésanges, pinsons et autres bouvreuils seront protégés, et votre mangeoire ne se transformera pas en cimetière.

Si vous en avez la possibilité, disposez dans votre jardin non pas une mais plusieurs mangeoires où la nourriture sera équitablement répartie : cela limitera la concurrence et les conflits entre espèces.

Et parce que « le nourrissage des oiseaux en hiver engendre des rassemblements parfois conséquents », ajoute la LPO, « afin d’éviter la propagation de maladies, il est conseillé de multiplier les points d’approvisionnement, de les disperser et surtout de les nettoyer régulièrement ».

Crédit : Clever Visuals

03. Il faut manger pour vivre… mais aussi boire

En hiver, les oiseaux ont beaucoup de mal à trouver de quoi boire et prendre un bon petit bain. Si vous leur donnez à manger, pensez donc également à leur donner à boire dans de petits abreuvoirs peu profonds, dont vous changerez l’eau le plus souvent possible, soit tous les jours.

Si l’eau vient à geler, outre casser la glace et verser de l’eau chaude, la LPO donne comme astuce de placer un bouchon de liège à la surface de l’abreuvoir : son mouvement évitera au liquide de se figer.

04. Pas de pain, pas de nourriture salée, pas de produits laitiers

Ce sont les trois erreurs majeures à ne pas commettre, car elles peuvent tuer à petit feu les êtres que l’on voulait protéger.

D’abord, pas de pain : pour les oiseaux, cet aliment n’est pas nutritif, ils ne le digèrent pas et le sel qu’il contient, à force, leur détruit les reins. Pire encore : en gonflant dans leur estomac, la mie leur donne la fausse impression d’être rassasiés, elle les alourdit et les rend vulnérables, et elle peut provoquer des occlusions intestinales. Pas de pain, donc, ni de biscottes.

Ensuite, pas de sel : on l’a dit, les reins des volatiles ne sont pas faits comme les nôtres pour évacuer le sodium. La nourriture salée accélère leur vieillissement, donnant un handicap supplémentaire aux oiseaux les plus faibles.

Enfin, pas de produits laitiers (ni croûtes de fromage, ni beurre, ni rien) : à aucun moment de leur vie, les oiseaux ne consomment de lactose, qui produit chez eux de fortes diarrhées. Et en hiver, une telle affection peut être mortelle.

Crédit : Erin Minuskin

06. Alors, que donner à manger ?

Privilégiez la nourriture non transformée : le must, pour les oiseaux, ce sont d’abord les graines non salées, non grillées, non traitées : tournesol noir, millet, avoine, maïs concassé, quinoa, chanvre, lin, pavot, riz, lentille, etc. Il existe des mélanges tout prêts en vente dans le commerce, qui conviennent parfaitement à de nombreuses espèces à la fois.

Les oiseaux raffolent aussi de fruits secs – amandes, noisettes, noix –, de baies, et de fruits décomposés : trognons de pomme, poires flétries, raisins. L’important, c’est que ces aliments soient bruts, sans aucun sucre ou sel ajouté.

Ils apprécient enfin les pains de graisse végétale simple ou à base de suif de bœuf, parfois mélangés avec des graines et des fruits rouges. L’idéal est de les confectionner soi-même, de se les procurer auprès de la LPO, ou de choisir une marque reconnue par celle-ci.

07. Trois dangers : le gras à l’état brut, l’huile de palme et les boules de graisse des grandes surfaces

Faites attention à bien distribuer le gras : lorsqu’il est donné tout à la fois, de façon « brute » – des morceaux de margarine, par exemple –, le gras peut imprégner les ailes des oiseaux. Les plumes vont alors se coller, et le plumage, perdant son étanchéité, laissera davantage l’air circuler : l’oiseau pourra prendre froid et mourir. Veillez donc à ce que le gras ne soit accessible que par le bec.

La LPO recommande aussi de bannir tout aliment, ou toute boule qui serait composée d’huile de palme ou de graisse animale : les oiseaux ne les digèrent pas.

Attention, enfin, aux filets des boules de graisse vendues dans les grandes surfaces pour pas cher : lorsqu’ils en ont consommé une partie et que le plastique se relâche, les oiseaux peuvent se piéger les membres dans les mailles, et se mutiler.

Avec ces conseils, et si vous mettez vos mangeoires dans des endroits visibles depuis chez vous, attendez-vous à rencontrer mésanges, pinsons, chardonnerets, verdiers, linottes, bouvreuils, bruants, sittelles et pics, accenteurs, troglodytes mignons et rouges-gorges, merles, grives et fauvettes, autant d’espèces sublimes qui peuplent nos jardins l’hiver.

Pour approfondir :

Le site de la Fondation pour la nature et l’homme 
l’application BirdLab du Muséum national d’histoire naturelle (qui vous aide à confectionner et gérer vos mangeoires) 
– le site internet de la LPO, sur lequel vous pouvez acheter des mangeoires 
– et mille et un autres sites, comme celui-ci, qui vous apprennent à fabriquer vos mangeoires de façon autonome, sans débourser le moindre euro.

Augustin Langlade

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