Après une suspension provisoire en mai pour se pencher sur la plainte, la justice mexicaine a confirmé l’arrêt de la tauromachie dans la capitale. Les plus grandes arènes du monde, la Plaza de toros, d’une capacité de 50 000 personnes, sont donc fermées jusqu’à nouvel ordre. La nouvelle a été célébrée en grande liesse par les associations de défense des animaux.
Cette décision, officialisée le 10 juin, a pour origine une plainte déposée par l’association Justicia Justa contre la tauromachie. D’après un article du journal Le Monde, la demande s’appuie sur la Constitution locale de Mexico, qui garantit aux animaux le « droit à un environnement sain ».
Selon France24, le promoteur du texte en faveur de l’interdiction, le député local de gauche Jorge Gaviño, a expliqué :
« Lorsqu’on tue ou blesse un animal sensible dans un espace public pour du divertissement, cela me touche de manière indirecte. Cela touche ma vie en société, donc j’ai l’obligation et le droit d’agir contre ce supposé droit d’un tiers minoritaire. »
Jonathan Bass, l’un des juges en faveur de l’interdiction lors du verdict, a souligné : « La société demande que soit respectée l’intégrité physique et émotionnelle de tous les animaux, taureaux compris. »
Il dénonce également la cruauté et la souffrance d’une mise à mort lente, qui aboutit au décès par hémorragie grave, ou arrêt respiratoire. Le Monde rapporte que la direction de la Plaza de toros souhaite faire appel et estime pour sa part que la tauromachie à Mexico est légale, se reposant sur l’argument du principe de la liberté de se réunir pour célébrer un évènement culturel.
Le directeur, Mario Zulaica, se sent légitime malgré plusieurs défaites successives dans les tribunaux : « Nous ne sommes jamais sortis du cadre légal, il n’existe pas de norme qui nous empêche l’organisation de cette fête culturelle et traditionnelle. »
Ils mettent également en avant le poids économique de l’industrie. Selon Tauromaquia Mexicana, les spectacles génèrent à eux seuls 30 000 emplois directs et indirects, et représentent 320 millions d’euros chaque année.
Au Mexique, 5 États sur 32 ont désormais interdit ces spectacles. Si au Pérou, la justice s’est prononcée en faveur de la corrida, d’autres villes d’Amérique Latine progressent également sur la question : elle est interdite à Bogota (Colombie) et à Quito (Equateur).
Les corridas sont cependant toujours autorisées au Portugal, en Espagne et en France, mais la pratique fait de plus en plus polémique. Selon le baromètre de 2022 de l’IFOP et de la Fondation 30 millions d’Amis mené sur un échantillon de 1007 personnes, 77 % des français sont contre les corridas en France, une montée en flèche face aux 27 % de 2009.
La pétition de la Fondation adressée au président de la république pour l’abolition définitive de la corrida en France se rapproche jour après jour de son but, ayant atteint aujourd’hui les 423 000 signatures.