Imaginez une petite ville de 4 000 habitants. Un gros bourg tout au plus, direz-vous. Imaginez maintenant que cette bourgade soit tout ce qu’il reste des vôtres sur cette planète. C’est ce qui est arrivé au tigre. Mais dans la liste qui s’allonge des espèces en voie de disparition, le Népal a récemment fourni une bonne nouvelle.
Le Népal a pris très au sérieux son engagement de doubler la population de tigres : le parc national de Parsa a été agrandi, les gardes et patrouilles également, les villageois volontaires pour déménager ont bénéficié d’une aide. Grâce à ce travail, le nombre de tigres au Népal a augmenté de 20% ces quatre dernières années. Ils sont aujourd’hui 235.
Le Népal a une lourde histoire avec le félin : chasses royales, braconnage, réduction de 93 % de leur espace naturel forçant les tigres à se rapprocher des zones habitées et donc à provoquer les confrontations. En 2017, les autorités avaient brûlé plus de 4 000 restes d’animaux braconnés dont des peaux de tigres et rhinocéros pour alerter sur les ravages du braconnage.
Que ce soit le tigre en Inde ou au Népal, le lion en Tanzanie ou au Kenya, ou le loup en France ou en Italie, un prédateur préfèrera toujours se tenir loin des hommes.
S’il s’en approche pour attaquer le bétail, c’est qu’il ne trouve plus de proies sur son territoire, morcelé ou trop petit. La colère des hommes qui subissent les attaques entraînent des abattages qui s’ajoutent à ceux traditionnellement pratiqués parfois.
La précarité dans laquelle vivent souvent ces populations peuvent les obliger à braconner pour subvenir à leurs besoins. Malgré la diversité des situations, la protection des grands prédateurs doit toujours passer par une collaboration avec les populations locales, et par un changement des modes de vie et des ressources économiques. Il faut montrer aux locaux qu’ils peuvent mieux vivre en protégeant la forêt et ses espèces. C’est ce qu’explique Jane Goodall, primatologue mondialement connue et figure célèbre de la protection du vivant :
« Nous ne pouvons protéger les grands singes et leurs habitants qu’en créant une relation harmonieuse entre les animaux et les hommes. Nous avons besoin de développer des partenariats avec les communautés locales. »
En France et en Italie, les bergers qui vivent en harmonie avec le loup sont ceux qui sont revenus à la base de leur métier : un pastoralisme de petits troupeaux qui se déplacent, que le berger va voir deux fois par jour, gardés par un chien. Tout le contraire des immenses troupeaux qu’on laisse au même endroit pour rentabiliser… et pour répondre à la demande des consommateurs d’avoir toujours plus de viande toujours moins chère. À nous de choisir si nous pensons que la survie des autres espèces vivantes mérite qu’on se remette en question.