Nous n’avons pas fini d’assister aux bouleversements profonds des espaces maritimes. Une récente étude publiée dans la revue Science recense toutes les études faites sur la perte d’oxygène dans les océans. Ce phénomène observé depuis dix ans vide certaines régions océaniques, modifie le comportement des animaux, les obligeant à nager plus profond pour éviter la suffocation, ou bien entraînant des concentrations massives dans certaines régions, les rendant plus exposés à la pêche intensive.
Les zones où l’oxygène se fait rare représentent plus de 4.5 millions de kilomètres carrés, et la zone s’étend chaque année. En un demi siècle, les océans ont perdu près de 2 % de leur oxygène.
Les conséquences de cette raréfaction sont nombreuses et suscitent des réactions en chaîne : reproduction difficile, espérance de vie diminuée, système immunitaire altéré, comportement modifié. C’est un cercle vicieux car les zones faiblement dosées en oxygène produisent des gaz à effet de serre qui aggravent à nouveau le problème. Le manque d’oxygène a un effet sur les autres gaz, et pourrait libérer du protoxyde d’azote, gaz à effet de serre 300 fois plus puissant que le dioxyde de carbone, ou encore du sulfure d’hydrogène hautement toxique.
Nous avons tendance à oublier que l’océan est le premier pourvoyeur d’oxygène sur notre planète. Le poumon de la terre est bleu. C’est grâce au phytoplancton, ces micro-organismes qui restent en surface des océans, que l’oxygène est renouvelé. Ces algues microscopiques captent la lumière du soleil, pour fabriquer du glucose, en utilisant le CO2 et l’eau, et rejettent de l’oxygène.
Invisibles, noyées dans les eaux, elles sont moins faciles à défendre que les majestueux arbres de la forêt amazonienne. Pourtant, elles produisent plus de 85 % de l’oxygène que nous respirons. De quoi nous rappeler que toute la chaîne du vivant nous permet tout simplement de vivre.