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L’Espagne instaure un revenu universel face au coronavirus

L’Espagne n’est pas la seule à songer au revenu universel comme mesure financière pour éviter l’aggravation des inégalités et la paupérisation d’une majeure partie de la population

L’idée prend de l’ampleur dans le monde entier, ou plutôt dans le monde confiné : créer un revenu universel pour absorber les conséquences d’une crise économique encore plus sévère que celle de 2008. L’Espagne devient une pionnière en la matière, avec la déclaration de la Ministre de l’Economie dimanche : le gouvernement espagnol va lancer un revenu universel, et il devrait durer une fois l’épidémie passée.

L’Espagne, deuxième pays européen le plus touché par le coronavirus

Nadia Calvino, la ministre de l’Economie, a confirmé dimanche que le gouvernement espagnol travaille sur la mise en place d’un revenu universel. Après l’Italie, l’Espagne est le deuxième pays européen le plus touché par la pandémie de Covid-19 avec, le lundi 6 avril, plus de 12 000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé.

Le revenu universel va être instauré « dès que possible » afin de soulager financièrement les familles les plus fragilisées par la crise, d’après Jose Luis Escriva, ministre de la Sécurité Sociale, qui coordonne le projet. Et surprise : le gouvernement espagnol souhaite que le revenu universel devienne « un instrument qui reste pour toujours, qui devienne un instrument structurel et permanent ». En clair, le revenu universel sera définitivement adopté une fois la pandémie passée.

Pour l’heure, l’Espagne n’a pas donné de date exacte ni le montant du revenu universel. Le gouvernement du Premier ministre Pedro Sanchez a déjà créé un mécanisme de garanties couvrant jusqu’à 100 milliards de prêts pour les entreprises mises en difficulté par leur baisse d’activité.

« Bien sûr, la situation ici est extrêmement compliquée et nous combattons sur plusieurs fronts à la fois. Mais le gouvernement travaille d’arrache-pied pour mettre ce revenu en place, et nous nous engageons à le faire dès que possible. » a ainsi déclaré la ministre Nadia Calvino

Au mois de mars, l’Espagne avait enregistré le triste record de 900 000 personnes se trouvant au chômage suite à une période de confinement de trois semaines. Le nombre de décès lié au coronavirus est lui en baisse pour le troisième jour consécutif, avec 674 morts au cours des dernières 24 heures. 

Ce qui diminue l’un de nous, nous diminue tous – pancarte pendant une manif aux Pays-Bas – Crédit : Micheile Henderson

Une idée qui prend de l’ampleur

Mais l’Espagne n’est pas la seule à songer au revenu universel comme mesure financière pour éviter l’aggravation des inégalités et la paupérisation d’une majeure partie de la population. Aux Etats-Unis, où le chômage pourrait atteindre un taux de 20 % voire 30 % de la population active, le candidat démocrate Bernie Sanders souhaite donner 2 000 dollars par mois à tous les foyers jusqu’à la fin de la crise.

En Allemagne, la Frankfurter Rundschau, le quotidien de Francfort, a milité pour un revenu universel pour venir en aide aux métiers les plus précaires, et également pour lutter contre l’automatisation du monde du travail.

« Les indépendants, les travailleurs free-lance, les créatifs, les artistes ont aussi besoin d’un soutien financier de l‘État. Et pas sous forme de crédit, mais sous la forme d‘un revenu de base mensuel à hauteur de 1000 euros sur une période de six mois. L’État devrait se saisir de l’opportunité pour introduire le revenu universel à l’échelle de tout le pays. » suggère le quotidien de Francfort.

En France, c’est ainsi un collectif, nommé les Sons Fédérés, d’auteurs·trices, intermittent·es, pigistes, autoentrepeneurs·euses, artistes, salarié·es, bénévoles, toutes et tous précaires, qui a pointé en premier l’importance de mettre en place un revenu universel « sans condition, permettant à toute personne, quel que soit son statut, de vivre dignement » face aux annulations en série d’événements culturels et scientifiques, en raison du confinement.

Leur postulat a été appuyé par Denis Consigny, Ingénieur, administrateur de L’Association pour l’instauration d’un Revenu d’existence (AIRE) et président de l’Association intergénérations pour le capital universel /AICU, dans une tribune publiée au Monde quelques jours plus tard :

« Nous vivons une période où les responsables en sont réduits à choisir entre relativement peu de morts moyennant beaucoup d’emplois détruits, et relativement peu d’emplois détruits moyennant beaucoup de morts. L’une des raisons de cette situation est que notre organisation sociofiscale ne prévoit pas de mode de fonctionnement dégradé : le seul vecteur de circulation de l’argent dans le corps social est l’activité économique instantanée, les différentes ponctions et redistributions n’intervenant qu’a posteriori, après un temps de réaction long et avec de faibles marges d’adaptation, régies par des mécanismes abscons. »

Depuis le début du confinement, le recours au chômage partiel concerne désormais 5 millions de salariés dans 473.000 entreprises en France, soit un quart du secteur privé. Le revenu universel est ainsi l’une des propositions principales présentées dans la consultation publique « le jour d’après » lancée par une soixantaine de députés pour préparer dès maintenant et collectivement « un grand plan de transformation de notre société et de notre économie ».

En effet, le revenu universel ne doit pas être confondu avec le revenu universel d’activité qui était en préparation, de façon très floue, au gouvernement. Alors que le revenu universel octroie à chacun, individuellement, et sans conditions de ressource, de la naissance à la mort, un revenu dont le montant serait fixé collectivement, en complément des allocations chômage, des indemnités maladies ou des pensions de retraite. Le revenu universel d’activité préparé par le gouvernement Macron consistait surtout au regroupement des prestations sociales existantes.

Un revenu universel pourrait ainsi permettre de revaloriser les métiers réellement essentiels mis en avant pendant l’épidémie de coronavirus, mais aussi changer complètement notre rapport au temps et à l’argent. Il ne s’agirait plus de vendre notre temps de vie pour essayer de la gagner, mais bien d’avoir la possibilité de s’investir dans des activités utiles à une nouvelle société plus juste, solidaire, écologique et résiliente.

Laurie Debove

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