BREVE – Les mentalités seraient-elles en train de changer ? Le Comité national des pêches a créé la surprise : il souhaite interdire la pêche dans la zone du plateau de Rochebonne, afin de laisser prospérer la faune et la flore maritimes uniques de ce lieu.
Les pêcheurs commencent à prendre conscience de l’impact de la surpêche sur l’état des Océans, et aussi de la pérennité de leur activité. Afin de préserver le stock de poissons, le Comité national des pêches (CNPMEM) a regroupé l’ensemble des structures professionnelles de la façade Atlantique (comités régionaux et organisations de producteurs), pour demander à la ministre de la Mer Annick Girardin l’arrêt de la pêche sur le Plateau de Rochebonne.
Au large de l’île de Ré, le plateau de Rochebonne est un espace de plus de 9700 hectares qui abrite de nombreuses espèces telles que les dauphins communs, les grands dauphins, les marsouins communs, les globicéphales noirs, les requins pèlerins, mais aussi de nombreux oiseaux marins. Cette zone classée Natura 2000 est un espace censé être protégé par la loi, à travers un régime de protection des mammifères marins dont le dauphin commun fait partie.
« C’est un lieu absolument magique qui concentre énormément d’algues notamment des grands laminaires qui, compte tenu de la clarté et de la transparence des eaux, arrivent à 40 mètres de haut, avec énormément d’autres algues, ce qui attire beaucoup de poissons et des oiseaux pélagiques qui pêchent au-dessus des pitons du plateau de Rochebonne, des mammifères marins comme des tortues, etc. » explique Dominique Chevillon naturaliste, Président de Ré Nature Environnement et Vice-Président de la LPO, pour La Relève et La Peste
Fin 2019, la Préfecture de la Nouvelle Aquitaine a pris une décision forte pour protéger ce réservoir de biodiversité : la pêche au chalut, trop meurtrière, est désormais interdite sur le plateau de Rochebonne.
Restait donc les autres bateaux de pêche, autorisés à venir dans la zone une année sur deux. Une vingtaine de navires continuent d’y pêcher, et entre 300 et 400 autres navires ratissent les eaux alentours en quête de poissons. Au fil du temps, l’endroit est devenu un symbole.
« Dans le contexte actuel, où la filière est confrontée à des difficultés majeures, cette proposition des structures professionnelles doit répondre à une volonté forte des pêcheurs, accompagnée des pouvoirs publics, d’assurer la pérennité des activités socio-économiques face à la montée d’objectifs souhaitant répondre à des enjeux écologiques », indique le CNPMEM dans son communiqué.
La montée en puissance des écologistes face au massacre de dauphins qui continue chaque année aurait-il convaincu les plus récalcitrants de l’importance primordiale d’épargner certaines zones de pêche ? Le communiqué ne le précise pas.
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Concrètement, le CNPMEM demande que l’interdiction concerne tous les engins de pêche pendant dix ans avec une dérogation pour la pêche à la ligne, plus sélective, du 1er avril au 30 septembre. Les bateaux battant pavillon étranger et les espagnols qui fréquentent le plateau de Rochebonne doivent aussi y être soumis. Un suivi scientifique serait mis en place.
« Cet endroit est au large des côtes, c’est un massif récifaire quasiment unique en poche de biodiversité : si ça se fait c’est une bonne nouvelle. » conclut Dominique Chevillon