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Les multinationales épuisent les nappes phréatiques au nom du profit

Dans son nouveau rapport, Oxfam France révèle que « seulement un quart des plus grandes entreprises agroalimentaires déclarent réduire leur consommation et leur pollution de l’eau », et « seulement une sur trois communiquent sur la proportion des prélèvements qu’elles ont faits dans des zones de stress hydrique ».

À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, l’association Oxfam France dénonce, dans un rapport publié ce jeudi 21 mars, les techniques toujours plus dévastatrices utilisées par de grandes multinationales pour s’accaparer l’eau, au détriment de l’environnement et des droits humains, et au nom d’un profit toujours plus grand.

2 milliards de personnes privées d’eau potable

Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé et d’UNICEF, plus de 2 milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable dans le monde, et plus de 4 milliards ne bénéficient pas d’un système d’assainissement sécurisé.

En parallèle, le réchauffement climatique et les sécheresses à répétition épuisent significativement la ressource en eau, essentielle à toutes formes de vie sur terre et indispensable au maintien de l’agriculture mais aussi au bon fonctionnement de l’industrie.

À ce titre, le secteur agricole représente près de 70% des prélèvements d’eau mondiaux par sa pratique de l’irrigation, quand le secteur industriel et les usages domestiques utilisent respectivement 20% et 10% de la ressource.

Au total, ce sont près de 520 milliards de dollars par an de financements publics qui ont été accordés, entre 2013 et 2018, au secteur de l’agriculture industrielle selon l’organisation Earth Track.

Un constat alarmant qui n’empêche pourtant pas de grandes multinationales privées d’user de techniques ingénieuses et destructrices, dans le but de s’accaparer l’eau et générer toujours plus de profits.

Dans son nouveau rapport, Oxfam France révèle que « seulement un quart des plus grandes entreprises agroalimentaires déclarent réduire leur consommation et leur pollution de l’eau », et « seulement une sur trois communiquent sur la proportion des prélèvements qu’elles ont faits dans des zones de stress hydrique ».

Les populations locales oubliées

Des pays africains, comme l’Éthiopie, sont confrontés à de graves sécheresses depuis de nombreuses années, notamment par la faute d’exportations de biens vers les pays du nord. 

Comme l’explique le rapport, la culture intensive de fleurs, par exemple, contribue largement à l’assèchement « du lac Naivasha et affecte profondément la quantité et la qualité des ressources d’eau des communautés locales ». 

« Nous constatons dans ces exemples un problème systémique complètement empreint d’hydro-colonialisme : la surexploitation et la pollution des ressources drainent les pays du Sud au profit des pays riches et au détriment des populations et des petits agriculteurs », explique Quentin Ghesquière, chargé de campagne et de plaidoyer Climat à Oxfam France.

L’eau en bouteille n’est pas non plus épargnée par le rapport, à juste titre. Selon l’Institut pour l’eau, l’environnement et la santé, l’eau en bouteille est vendue 150 à 1 000 fois plus cher que l’eau du robinet.

« Dans de nombreux cas, les entreprises misent sur les pénuries d’eau, qu’elles accentuent elles-mêmes, et sur la perte de confiance des consommateurs dans l’eau du robinet dont la qualité est diminuée par la pollution industrielle. Cela contribue directement à ouvrir de nouveaux marchés » détaille Quentin Ghesquière.

Crédit : DIY Vila / Flickr

Les États pointés du doigt

Pour Oxfam, ces multiples dérives sont rendues possible, dans certains cas, grâce à la complicité des États, « qui ne réglementent pas suffisamment le secteur privé, ou qui participent activement à une mauvaise utilisation de la ressource en eau ».

Le rapport rappelle en effet qu’en France, lorsqu’au printemps dernier les habitants du Puy-de-Dôme étaient soumis aux restrictions d’eau, la société Danone continuait, elle, de pomper l’eau de la nappe phréatique Volvic « en toute légalité » et réalisait pas moins de 900 millions d’euros de bénéfices à l’année.

Autre exemple dans les Deux-Sèvres, où la Coop de l’eau prévoit la construction de seize mégabassines construites avec l’argent public, et dont bénéficieront seulement 5% des agriculteurs cultivant céréales et maïs. À ce jour, trois retenues d’eau sont déjà sorties de terre.

Il apparaît donc que les États encouragent encore trop largement ces processus, « à rebours d’un large consensus scientifique sur la menace que représente à long terme la raréfaction de la ressource en eau », selon Oxfam.

Aujourd’hui, l’association appelle à « contraindre les États à assumer leur responsabilité historique dans le réchauffement climatique, en assurant un financement ambitieux de l’adaptation et de l’accès universel à l’eau dans les pays en développement. » Soit la promesse de 100 milliards par an entre 2020 et 2025, et « revoir progressivement cet objectif à la hausse » en opérant, en parallèle, une transition efficace de l’agro-industrie vers l’agro-écologie.

Sources : « 1 in 3 people globally do not have access to safe drinking water – UNICEF, WHO », World Health Organization, 18/06/19 / « Comment l’eau est-elle prélevée et utilisée dans le monde ? », Le Centre d’information sur l’eau / « Deux-Sèvres : une nouvelle mégabassine en construction », Reporterre, 28/08/23

Juliette Boffy

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