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Les micro-algues toxiques, le deuxième danger de l’été après les incendies

La principale voie d’exposition est « l’inhalation des embruns marins ». « Il suffit d’être à quelques mètres de la mer pour être intoxiqué », prévient l'Anses.

Dimanche 23 juillet, des militants des associations Bizi ! et Surfrider Foundation ont frappé fort pour avertir d’un danger estival récurrent : la prolifération d’algues toxiques. L’une d’entre elles, Ostreopsis, ravage les côtes méditerranéennes et atlantiques depuis plusieurs années, et peut affecter les humains au contact direct dans l’eau ou sur la plage par voie aérienne.

Ce 23 juillet 2023, des militants vêtus de combinaisons de protection chimique, de masques à gaz, gants et bottes, sont arrivés sur une plage de la côte basque, « comme on arriverait dans un lieu contaminé aux radiations nucléaires ». La raison de cette mise en scène : la réapparition sur le littoral d’Ostreopsis, une micro algue toxique qui met en danger la santé des habitants et des pratiquants d’activités nautiques.

Arrivée en Méditerranée il y a une vingtaine d’années, l’Ostreopsis est une microalgue d’origine tropicale. Invisible à l’œil nu, elle se développe dans les eaux côtières françaises pendant la saison estivale. Elle se fixe aux rochers ou à d’autres algues macroscopiques présentes le long du littoral.

Cette micro-algue aux origines tropicales prolifère dans les eaux chaudes, calmes, peu profondes et sur un littoral rocheux : des conditions de plus en plus souvent réunies sur le littoral basque et qui permettent à Ostreopsis de proliférer dans les zones de baignade et sur les spots de surf, occasionnant notamment en 2021 des centaines de signalements d’intoxication auprès de l’Agence Régionale de Santé.

La principale voie d’exposition est « l’inhalation des embruns marins ». « Il suffit d’être à quelques mètres de la mer pour être intoxiqué », prévient l’Anses.

Dangereuse pour la santé humaine, elle peut entrainer l’apparition de symptômes grippaux tels que de la toux, de la fièvre, des troubles respiratoires et des troubles gastriques, maux de gorge, irritations aux yeux, rhinorrhées, nausées, rougeurs sur leur peau, et parfois même de la fièvre dépassant les 38°C. Ces symptômes disparaissent généralement dans les 24 à 48 heures sans complication.

Au-delà des impacts sur la santé humaine, Ostreopsis est également nocive pour le milieu marin et provoque une surmortalité de ses habitants par étouffement, ou par intoxication lorsque les animaux s’alimentent. La prolifération de cette algue est favorisée par le réchauffement climatique, alors que les températures de l’eau avoisinaient les 23°C sur la côte basque ce mois de Juillet.

« L’algue Ostreopsis n’est que la face visible de l’iceberg, elle démontre que l’océan va mal, et que l’augmentation des températures terrestres et marines devrait nous alerter et faire réagir face au changement climatique. Les forêts brûlent, et de la même façon, l’océan bout. La situation est critique, il faut agir vite. » alerte François Verdet, porte parole de Bizi! et auteur de notre Guide pour stopper des projets contre Nature

Prolifération d’Ostreopsis. Crédit : équipe Lemée (Laboratoire d’Océanographie de Villefranche)

Mais le réchauffement climatique n’est pas le seul fautif, ainsi que nous l’expliquait la dermatologue Sylvie Peres Pierron l’an dernier : les rejets d’azote dans la mer, causés par les activités humaines, notamment l’agriculture industrielle ainsi que la vétusté de certaines stations d’épuration, sont également en cause.

De fait, l’Ostreopsis n’est pas la seule micro-algue à se développer sur le littoral français : depuis les années 80, au moins quarante hommes et trois animaux ont trouvé la mort après avoir marché sur les plages bretonnes recouvertes d’algues vertes. Certaines zones de conchyliculture sont particulièrement impactées.

Afin de mieux lutter contre leur prolifération, Bizi ! et Surfrider Foundation appelent l’Union Européenne à renforcer le cadre législatif et à accélérer la révision de la Directive Européenne sur la qualité des eaux de baignade pour mieux préserver l’environnement aquatique et mieux protéger la santé des usagers de la mer.

« Nous demandons aux responsables politiques locaux, hexagonaux, et européens de prendre leurs responsabilités pour agir maintenant face à l’urgence climatique ! » ont déclaré les portes paroles des deux associations. « Il n’est pas question de faire une “pause réglementaire”, il faut au contraire redoubler d’action pour limiter la catastrophe annoncée. Des solutions existent dans tous les domaines (mobilités, énergies, agriculture, alimentation, habitat…) mettons-les en place tout de suite ! »

En effet, hormis deux paramètres bactériologiques (Escherichia coli et entérocoques intestinaux), la quantité des déchets, les efflorescences algales (les agrégations rapides d’une espèce d’algue), et les polluants chimiques ne sont pas pris en compte par l’Union européenne pour juger de la qualité des eaux de baignade. Un dangereux angle mort.

En attendant, c’est aux citoyens d’être vigilants et d’éviter les baignades en cas d’alerte.

Ostreopsis : les gestes à respecter   

> respecter les interdictions de baignade ou les fermetures de plage,
> se renseigner sur la qualité de l’eau et surtout sur la présent d’Ostreopsis que cela soit sur les sites des agglomérations, sur les panneaux de l’ARS disponibles à proximité des plages
> bien se rincer après baignade
> consulter un médecin en cas de symptômes persistants  

Laurie Debove

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