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L’éléphant de forêt d’Afrique est désormais en danger critique d’extinction

Emblème de la nature sauvage, l’éléphant n’est pas la seule espèce qui pourrait disparaître. Sur les 134 425 espèces étudiées par la liste rouge de l’UICN, 37 480 sont considérées comme menacées.

Jeudi 25 mars, à l’occasion d’une mise à jour de sa liste rouge des espèces menacées, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a annoncé que l’éléphant de forêt d’Afrique a rejoint la catégorie des espèces « en danger critique d’extinction ». 

Avant cette mise à jour, les éléphants d’Afrique, considérés comme une seule et même espèce, étaient classés dans la catégorie des animaux « vulnérables ». Mais de nouvelles preuves génétiques ont montré aux scientifiques qu’il existe en réalité deux espèces bien distinctes d’éléphants en Afrique : l’éléphant de forêt (Loxodonta cyclotis) et l’éléphant de savane (Loxodonta africana), qui ne se mélangent pas.  

Cette distinction a permis à l’UICN de classer les deux espèces dans deux catégories de conservation différentes, ce qui apparaît plus juste à l’égard de l’état réel de leurs populations respectives. Ainsi, l’éléphant de savane est passé de « vulnérable » à « en danger », tandis que l’éléphant de forêt a sauté sans transition de la catégorie de « vulnérable » à celle d’« en danger critique d’extinction » (l’étape suivante étant « éteinte à l’état sauvage »).

Crédit photo : Paola Blašković

Sur l’ensemble du continent africain, les populations d’éléphants sont en chute libre depuis des décennies. Au début du vingtième siècle, trois à cinq millions de pachydermes peuplaient les forêts et les savanes d’Afrique. Il y a cinquante ans, leur nombre avait déjà baissé à un million et demi. Mais aujourd’hui, preuve que la situation atteint un point critique, on n’en compte plus que 415 000 individus environ, selon le dernier rapport de situation de l’IUCN, publié en 2016.  

Le nombre d’éléphants de forêt d’Afrique s’est effondré de 86 % depuis trente ans, et celui des éléphants de savane d’au moins 60 % au cours des cinquante dernières années. « Pour mener à bien ces évaluations, une équipe de six chercheurs a utilisé des séries de données remontant parfois jusqu’aux années 1960 », a déclaré Kathleen Gobush, membre du groupe de spécialistes de l’UICN sur les éléphants d’Afrique. Les résultats montrent l’ampleur dramatique du déclin de ces animaux de grande importance écologique ».  

Les éléphants de forêt n’occupent plus, aujourd’hui, qu’un petit quart de leur aire de répartition historique. On les trouve dans les forêts tropicales d’Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest. C’est au Gabon et en République du Congo que leurs populations seraient les plus importantes, notamment dans des zones protégées que l’UICN cite en exemple de gestion vertueuse. Lorsque les pays font des efforts réels de conservation, les populations d’éléphants semblent rester stables. 

Pourquoi le plus grand animal terrestre tend-il à disparaître ? Il y a d’abord le braconnage, bien sûr, qui selon l’UICN aurait atteint un pic historique en 2010-2011, année où le nombre d’éléphants tués a dépassé celui des naissances. Le commerce international d’ivoire est interdit depuis 1989, mais cette prohibition n’empêche pas les trafiquants d’écouler la plupart de leurs défenses sur le marché noir, d’autant que les acheteurs sont encore très nombreux, partout dans le monde. 

Seconde menace pour les éléphants de forêt : la destruction, la fragmentation ou la conversion systématique de leurs habitats naturels. Par exemple, lorsque des routes sont tracées à travers des forêts tropicales, elles divisent les habitats et permettent aux braconniers d’accéder plus facilement aux milieux dans lesquels vivent les espèces chassées. Mais c’est sûrement l’agriculture qui cause le plus de maux aux éléphants de forêt, car la transformation d’une forêt en champs ou en exploitation forestière compromet irrémédiablement tout espoir de survie de l’espèce, quand bien même le braconnage serait par miracle arrêté. 

« Les éléphants d’Afrique jouent un rôle clé dans les écosystèmes et les économies, mais aussi dans notre imaginaire collectif, partout dans le monde, explique Bruno Oberle, directeur général de l’UICN. Nous devons, de toute urgence, mettre un terme au braconnage et veiller à ce que suffisamment d’habitats convenables soient conservés pour les éléphants de forêt et de savane. » 

Emblème de la nature sauvage, l’éléphant n’est pas la seule espèce qui pourrait disparaître. Sur les 134 425 espèces étudiées par la liste rouge de l’UICN, 37 480 sont considérées comme menacées. La France figure parmi les dix pays hébergeant le plus grand nombre de ces espèces menacées (1 742), en particulier parce que ses territoires d’outre-mer sont des écrins de biodiversité dont l’intégrité est chaque jour rognée par la déforestation et l’industrie.  

Augustin Langlade

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