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Le « Relais Jeunes » a fait 1443km à vélo en 2 mois pour endiguer la prolifération des énergies fossiles

Au-delà des connaissances liées à l’énergie, cette aventure est surtout « un format d’action qui permet de revoir son rapport au temps, aux autres, aux écrans, à l’espace »

Quand on est submergés par un sentiment d’impuissance face à la dégradation du monde, il faut se mettre en mouvement ! Pendant 2 mois, jusqu’à 60 jeunes ont pédalé ensemble de Bruxelles à Toulouse. Ils ont parcouru 1443km, la même distance que la longueur du futur plus grand pipeline chauffé au monde que TotalEnergies veut construire en Ouganda et Tanzanie.

Après deux mois de périple à vélo, le « Relais Jeunes » est parvenu au terme de son aventure : sillonner à vélo les routes de Bruxelles à Toulouse, en passant par le Nord de la France puis tout le long de la côte atlantique pour questionner le rapport de notre société aux énergies fossiles.

« On a choisi de partir de Bruxelles pour la symbolique du Parlement Européen, et d’arriver à Toulouse, grande ville de l’aéronautique avec la présence d’Airbus consommatrice d’énergies fossiles » explique Pierre Wable, l’un des organisateurs du Relais Jeunes, pour La Relève et La Peste

Du 23 avril au 17 juin, ils sont allés à la rencontre des initiatives et acteurs locaux pour créer du lien entre les territoires, apprendre et sensibiliser sur les sujets énergétiques complexes et plus actuels que jamais, « mais surtout prouver qu’en 2023, on ne devrait vraiment pas avoir besoin de nouveaux forages ! »

Ne cherchez pas de vélos électriques sur leurs photos, ils ont pédalé à la seule force de leurs mollets ! Leur trajet symbolise la longueur du pipeline du projet EACOP opéré par TotalEnergies en Ouganda et en Tanzanie, une des bombes climatiques contre lesquelles une mobilisation internationale lutte depuis plusieurs années.

« Nous avons choisi de rejoindre cette lutte car TotalEnergies est une entreprise française. Il y a eu un appel des ougandais et des tanzaniens pour que les français leur viennent en aide face à la destruction de leurs parcs naturels et l’expulsion de milliers de personnes. Ce n’est pas parce qu’on vit dans le même pays que des oppresseurs qu’on ne peut pas se mobiliser et s’opposer à un projet écocidaire qui bafoue tous les droits humains » explique Alice Taieb, 23 ans, pour La Relève et La Peste

Pour mieux comprendre les enjeux liés à l’énergie, les jeunes (et moins jeunes, le doyen du groupe a 56 ans) ont visité de nombreuses structures productrices d’énergie telles que la centrale nucléaire de Penly, un puits de pétrole à Parentis-en-Born, la dernière centrale à charbon française à Cordemais, une centrale hydro-électrique, le parc éolien offshore de St Nazaire (« vu de loin »), se sont renseignés sur les parcs photovoltaïques ou encore sur les prototypes houlomoteurs qui utilisent la force de la houle et de l’océan dans les locaux de Surfrider à Biarritz.

« Le bilan était mitigé pour le groupe en ressortant de la visite parce qu’on a eu une présentation trop idyllique des centrales nucléaires, comme si tout allait bien alors qu’on sait qu’il y a de sacrés défis avec les problèmes de corrosion, de vétusté et le réchauffement des rivières. C’était très intéressant de voir les structures de l’intérieur. Cela pose des questions sur la sûreté et le devenir des centrales sur les années à venir, les infrastructures sont tellement gigantesques qu’on se demande ce qu’on va faire de tout ça… Je pensais que le nucléaire était au-dessus de tout en terme de production électrique et en fait, avec des éoliennes et du photovoltaïque on peut arriver à pas mal de puissance électrique équivalente » raconte Pierre

Organiser ce périple de 1443km a été une sacrée logistique menée avec brio par toute une équipe de bénévoles dont 7 à temps plein parfois pendant plusieurs mois, un vrai engagement de vie. Une fourgonnette électrique les accompagnait sur le chemin en guise de cuisine itinérante pour ne pas surcharger les nombreux tiers-lieux qui les ont hébergés.

Leur dévouement a été largement récompensé : ils et elles étaient « 56 relayeureuses à à 5 jours de la fin », le double de ce qu’ils espéraient !

A la ferme de Campan à Capbreton, qui regroupe des jardins partagés et une activité de maraîchage, le Relais Jeunes brille par sa bienveillance et sa bonne humeur, malgré la fatigue qui commence à poindre en fin de parcours. Ils ont écouté avec intérêt Julie leur parler du combat contre la ligne THT, une ligne de 400 000 volts, qui risque de détruire une partie de la forêt qui borde la ferme.

Le Relais Jeunes à la ferme de Campan

Au-delà des connaissances liées à l’énergie, cette aventure est surtout « un format d’action qui permet de revoir son rapport au temps, aux autres, aux écrans, à l’espace » explique Alice.

« On traverse des territoires, on se rend compte de leur diversité et des enjeux juste en voyant ce qu’il se passe autour de nous. On prend le temps de réfléchir, d’être soi, de se découvrir ainsi que ce qui nous entoure et là-dedans on rejoint énormément le concept de crise de la sensibilité de Baptiste Morizot qui est de prendre le temps de se reconnecter et de redevenir sensible à l’environnement dans lequel on est censés évoluer et qu’on a complètement détruit »

Un pari réussi quand on interroge les cyclistes sur la raison de leur participation à l’aventure, à l’image de Martin, âgé de 26 ans, qui les a rejoints à La Rochelle dans une phase de transition alors qu’il s’interroge sur son devenir professionnel.

« Mon frère a son BPREA de maraîchage bio à la fin de l’année et j’envisage de m’associer à lui après avoir testé plein de métiers différents. Toutes les visites de tiers-lieux dans ce domaine ont été une vraie source d’inspiration pour moi et m’ont prouvé que quand on se donne les moyens, c’est possible de faire des choses. Avant d’arriver je n’étais plus dans le milieu associatif ou l’action, et le Relais Jeunes m’y a redonné goût » sourit-il

Avec quelques-uns de ses nouveaux compagnons de route, Martin poursuivra le trajet à vélo de Toulouse jusqu’à Lyon, sa ville d’origine. Les rencontres au long de la route donnent souvent lieu à des amitiés solides, comme pour Ada et ses amis.

« L’an dernier, j’ai roulé deux semaines et cette année 1 mois et demi sur les 2 mois. Je suis revenue car j’avais fait des rencontres très marquantes et on a décidé de s’y retrouver cette année. Les liens perdurent dans le temps, le Relais Jeunes m’a permis de trouver des gens avec qui je partage des valeurs alors que c’était plus difficile à la fac, c’est très galvanisant » confie la jeune étudiante de 20 ans

Le Relais Jeunes à la Ferme de Campan

Si le périple à vélo est terminé, l’aventure continue. Le Relais Jeunes va organiser un grand événement de restitution en septembre pour partager son expérience.

Surtout, l’association a décidé de rejoindre et porter une initiative internationale existante qui appelle les États à s’accorder sur un « traité de non-prolifération des combustibles fossiles » dans la même logique de la non-prolifération des armements nucléaires, une menace mondiale qui exige une coopération internationale pour y faire face.

Le Parlement européen, de nombreuses villes et pays l’ont déjà signé. Pendant l’année, le Relais Jeunes va faire un plaidoyer politique national pour que la France signe le traité et le porte lors des événements politiques internationaux comme les COP.

Enfin, les organisateurs préparent déjà l’édition de l’an prochain qui aura pour thématique « l’eau » face aux défis posés par la sécheresse. Ils prévoient même de troquer leurs vélos contre des moyens de navigation pour certaines parties du voyage, une aventure à suivre !

Laurie Debove

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