L’or blanc
Le Salar de Uyuni, dans l’Altiplano bolivien, est le plus vaste désert de sel du monde. Situé à 3 650 mètres d’altitude, cet immense espace de 12 500 km2 renferme 17 % du lithium planétaire.
Le métal, transformé en carbonate de lithium, est utilisé pour la fabrication des batteries d’appareils électroniques comme les téléphones portables ou les ordinateurs, et des voitures électriques. Ce composant essentiel est en passe de devenir plus précieux que le pétrole. Sa consommation mondiale a progressé de 10 % par an depuis 2015 et en trois ans, son prix a presque triplé.
Une ressource startégique
La demande ne cesse de croître notamment à cause du développement des véhicules électriques. En effet, le Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA) a annoncé que le nombre de voitures électriques a augmenté en France de 25 % en un an. A cela s’ajoute l’explosion des smartphones. Selon l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie, les Français changent de téléphone portable en moyenne tous les 2 ans.
Par le passé, les ressources minières, les hydrocarbures, le gaz et le pétrole de la Bolivie ont été pillés par des multinationales étrangères comme Petrobras et Total. Rejetant les propositions d’exploitation du lithium par de grands groupes privés étrangers, le gouvernement de Morales a décidé que cette époque était révolue. Il a investi près d’un milliard d’euros dans une usine d’extraction et s’apprête à ouvrir de nouvelles mines.
La face cachée d’une énergie « propre »
Pompée jusqu’à 20 m sous la surface, la saumure contenant le lithium, est déversée dans des bassins. L’extraction de « l’or blanc » nécessite ainsi énormément d’eau, asséchant les rivières d’une zone déjà très aride. Les cultivateurs de quinoa, principale ressource agricole de la région, en sont les premières victimes. Parce qu’elle assèche des portions entières de la cordillère des Andes, la course au lithium dévoile peu à peu la face cachée d’une énergie qui se veut propre.
Une tendance qui n’est pas prête de s’inverser, tant le secteur du véhicule électrique consomme ce métal désormais stratégique. Un bloc de batterie d’une Tesla model S contient par exemple près de 63 kg de composés de lithium, l’équivalent de 10 000 téléphones portables.