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Le nouveau plan chasse veut abattre 500 chamois dans le Doubs

« Il n’y a actuellement aucune légitimité environnementale à abattre 500 chamois qui sont des  mammifères emblématique des forêts du Doubs, havres de vie sauvage avec des espèces animales et végétales diversifiées dans un écosystème vivant et en équilibre. Les motivations réelles et non avouées de la destruction de 480 chamois dans le Doubs sont essentiellement pour le loisir et plaisir de la tradition de la chasse au chamois »

Le nouveau plan de chasse pour l’année 2024-2025 va permettre de faire abattre près de 500 chamois dans le Doubs par les chasseurs afin de réguler leur population. Considérés comme nuisibles, ils seraient à l’origine de nombreux dégâts en forêt. Pourtant, l’ONF ne dénombre aucun cas significatif, d’un point de vue scientifique, d’abroutissement ou d’écorçage, comme le rappelle l’Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS). Cette dernière, qui se bat pour préserver ces animaux essentiels à la biodiversité et emblématiques du paysage franc-comtois, démontre pour La Relève et la Peste l’absurdité de cette mesure.

Ouverture de la chasse aux chamois dans le Doubs

« La vie des chamois dans le Doubs n’est plus un long fleuve tranquille. Protégés par le passé, ils sont  maintenant détruits au nom des intérêts des forestiers et chasseurs, qui les considèrent comme nuisibles, malgré l’absence de dégâts forestiers et agricoles avérés, légitimant cette destruction », explique Jean Chapuis, naturaliste, photographe animalier et ingénieur agronome spécialité écologie à la retraite, pour La Relève et la Peste.

Au total, les effectifs de chamois sont aujourd’hui en baisse de près de 30 %. Un chiffre dû, notamment, aux abattages réalisés ces dernières années. Selon l’ancien ingénieur agronome, près de 4500 chamois ont été tués durant la dernière décennie, « sans aucune légitimité écologique ou environnementale ».

« La destruction de chamois est passée en moyenne de 300 chamois abattus par an en 2014 à 550 chamois tués par an en 2023. Le plan de chasse 2022 / 2023 précisait même un maximum d’attribution de 886 chamois à tuer, avec un minimum d’attribution de 635 chamois. On est donc très loin de l’indispensable défense et protection de la biodiversité et des écosystèmes », poursuit Jean Chapuis pour La Relève et la Peste.

Il est aussi important de noter que les chamois sont au nombre de 1 pour 100 hectares boisés, pouvant aller de 5 à 10 dans les réserves, et que son taux de croissance naturel dans les écosystèmes du Doubs est estimé à 15%.

Un chiffre très « en dessous des capacités d’accueil des écosystèmes du Doubs, pour le naturaliste. Dans les réserves comme celles du Chasseral ou des Écrins, on peut trouver des densités de population de l’ordre de 10  chamois pour 100 hectares boisés sans problème particulier ».

Par ailleurs, les lynx, également présents dans le département et protégés, sont des prédateurs du chamois, dont ils régulent la population à hauteur d’environ 10%.

Chamois dans le Doubs

Chamois – Crédit : Pierre Rigaux

« Aucune légitimité biologique »

Aussi, la régulation de leur population semble être un argument difficilement recevable lorsqu’on sait que les chamois ne représentent qu’environ 10 % des effectifs d’ongulés dans le Doubs, contre 90% pour les chevreuils, à titre de comparaison.

« Il n’y a actuellement aucune légitimité environnementale à abattre 500 chamois qui sont des  mammifères emblématique des forêts du Doubs, havres de vie sauvage avec des espèces animales et végétales diversifiées dans un écosystème vivant et en équilibre. Les motivations réelles et non avouées de la destruction de 480 chamois dans le Doubs sont essentiellement pour le loisir et plaisir de la tradition de la chasse au chamois », accuse le naturaliste auprès de La Relève et la Peste.

L’ancien ingénieur agronome rappelle également que le chamois est un élément indissociable de la biodiversité forestière et favorise une sylviculture durable grâce à son goût pour les herbes diverses et variées à la belle saison, mais aussi les feuilles d’arbres, les baies ou encore les champignons. Lors des hivers vigoureux, sa nourriture est cette fois composée d’herbes sèches, de feuilles mortes, de mousses et de lichens, ou encore d’aiguilles de pins et de sapins.

« La transition écologique nous incite à favoriser la diversité et la biodiversité dont les chamois sont des éléments importants, en changeant de regard sur l’environnement et en travaillant avec les animaux et non contre eux », précise Jean Chapuis.

Chamois sauvage du Parc régional Chasseral dans le Doubs – Crédit : Gilles Laurent / Wikimedia Commons

Une activité de chasse contestée

Ce dernier ajoute d’ailleurs que les périodes de chasse ont été allongées à 9 mois par an dans le Doubs, s’étendant de septembre à janvier,  puis de juin à août pour la chasse d’été,  le tout pour 6 jours par semaine.

« Cela laisse peu de répit à nos animaux sauvages face à cette déclaration de guerre. Leur vie s’apparente plus à de la survie au quotidien », indique le naturaliste à La Relève et la Peste.

« Au niveau agricole, les chamois ne posent aucun problème documenté et avéré dans le Doubs, ni de problème sanitaire. D’un point de vue écologique, on peut également noter que l’activité de chasse se traduit, en sus des 500 chamois tués, par l’abattage d’environ 12.000  mammifères par an, dont environ 1000 lièvres, 2000 sangliers, 3000 renards et 6000 chevreuils, selon les chiffres de la Fédération des chasseurs du Doubs. Ces mammifères constituent  les proies de prédilection du lynx et du loup, ce qui peut les inciter à se reporter sur des proies domestiques ovins et bovins plus accessibles, comme l’explique l’Office français de la biodiversité », continue le photographe animalier.

Comme Jean Chapuis et l’ASPAS le rappellent, aujourd’hui, face aux enjeux environnementaux, « nous devons tous préserver et valoriser notre biodiversité et notre environnement, restaurer les processus naturels et les écosystèmes. D’un point de vue scientifique, les animaux ne sont pas de simples éléments ou objets du monde vivant mais des individus à part entière, dans une société respectueuse du monde vivant en général ».

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Juliette Boffy

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