Le milliardaire Olivier Bouygues, frère de Martin Bouygues et fils du fondateur du groupe de télécoms, et quatre personnes travaillant dans son domaine de chasse privé à la Ferté-Saint-Aubin, dans le Loiret, seront jugés en mars 2026. Ils sont accusés d’avoir tué des oiseaux protégés. De nombreux cadavres de buses, cormorans et faucons ont été retrouvés.
C’est un informateur anonyme qui a lancé l’alerte auprès de l’OFB. Il leur a envoyé des photos d’un charnier d’oiseaux protégés, dont des faucons crécerelles, grands cormorans, grandes aigrettes et buses, sur le domaine de chasse de 600 hectares d’Olivier Bouygues, situé à la Ferté-Saint-Aubin en Sologne.
En juin, le parquet d’Orléans a ouvert une enquête pour « atteinte illicite en bande organisée à la conservation d’espèce protégée ». Les gendarmes et agents de l’OFB chargés de la perquisition ont trouvé un véritable cimetière d’oiseaux, des pièges à mâchoires, des documents listant les espèces à éliminer et même une pelleteuse servant à enterrer les cadavres.
Malgré le statut de protection de ces oiseaux, cela faisait des années que les volatiles étaient méthodiquement exécutés sur le domaine. La raison ? Le milliardaire considérait que ces oiseaux lui faisaient concurrence pour la chasse du grand et petit gibier. Un système de primes a même été mis en place pour récompenser toute personne réussissant à tuer les oiseaux.
Vue satellite du château d’Olivier Bouygues à la Ferté-Saint-Aubin – Capture d’écran Google Maps
Un acharnement complètement aberrant alors que les buses se nourrissent surtout de petits mammifères comme les campagnols, souris et rats. C’est d’ailleurs pourquoi on les aperçoit souvent perchées sur les piquets de l’autoroute, où elles guettent les sorties des rongeurs qui établissent leurs terriers dans les talus.
La croyance selon laquelle ces rapaces mangeraient beaucoup de perdrix et faisans a bien failli les faire disparaître. Leur classement en espèce protégée a inversé la tendance.
Olivier Bouygues a été placé en garde-à-vue avec trois autres personnes. Après avoir nié la majeure partie des faits, ils ont été remis en liberté et seront convoqués au début du mois de mars 2026 devant le tribunal correctionnel d’Orléans. Ils risquent jusqu’à sept ans de prison et 750.000 euros d’amende. Plusieurs associations se sont portées partie civile pour le procès.
« On voudrait que cette affaire serve d’exemple », a ainsi réagi auprès de l’AFP le président de la LPO Allain Bougrain Dubourg, décrivant « un réseau qui vise le profit » et « des comportements extrêmement graves qui nuisent à la biodiversité ».
Lors de leur enquête, les gendarmes et agents de l’OFB ont également constaté que la clôture de la propriété, d’une hauteur supérieure à 2,20m, n’est pas conforme au respect de la loi contre l’engrillagement votée en 2023.