Alors que le gouvernement vient de présenter, ce jeudi 6 octobre, son « plan de sobriété » destiné à éviter délestages et coupures cet hiver, les associations PRIARTEM et Agir pour l’Environnement rappellent que le déploiement parallèle de la 5G, très gourmande en électricité, n’est pas « propre à rétablir un semblant de crédibilité de l’État ».
La 5G : entre 16 et 40 TWh par an en 2030
Éclipsée par les élections et le conflit russo-ukrainien, la 5G reviendra-t-elle bientôt sur le devant de la scène ? C’est ce qu’appellent de leurs vœux Agir pour l’Environnement, PRIARTEM, qui défend les électrosensibles, et une quinzaine d’autres associations dans un communiqué au vitriol demandant au gouvernement de réévaluer l’intérêt de cette technologie.
« Après avoir conduit à l’installation de près de 70 000 antennes en moins de deux ans », selon les chiffres de l’Agence nationale des fréquences (ANFR), « la 5G s’apprête à franchir un nouveau pas dans la course aux fréquences », préviennent les associations.
Dans un futur proche, l’Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep) envisagerait en effet « d’ouvrir des bandes de fréquences totalement inédites » afin « de couvrir les zones rurales en 5G avec du 1400 MHz », tout en posant « les bases du déploiement des bandes dites millimétriques en 26 GHz ».
Offrant un débit comparable à celui de la fibre, les bandes 26 GHz sont sans doute celles qui nourrissent le plus d’espoirs chez les opérateurs, d’après lesquels elles permettront de subvenir aux besoins de « l’internet des objets » et de la « smart city » ou « ville intelligente », un monde où l’environnement urbain, entièrement connecté, est régi par une collecte et un échange permanents de données.
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D’une portée limitée (150 mètres environ) et d’une faible pénétration dans les bâtiments, les bandes 26 GHz nécessiteront cependant de multiplier le nombre d’antennes et d’augmenter de façon équivalente la consommation de matériaux et d’électricité.
Or, dans un rapport publié en décembre 2020, le Haut Conseil pour le Climat, saisi par le Sénat, notait que « selon l’intensité du déploiement, l’impact carbone de la 5G pourrait ajouter entre 2,7 et 6,7 millions de tonnes d’équivalent CO2 en 2030 à l’empreinte carbone du numérique » (établie à 15 Mt éqCO2 par an), que ces émissions proviennent de l’électricité, de la construction des infrastructures ou de l’« effet rebond » que produit l’apparition de toute nouvelle technologie.
En ce qui concerne la seule énergie, les rapporteurs précisaient par ailleurs que la 5G, une fois déployée, risquait « d’avoir un effet important sur la consommation d’électricité en France, entre 16 et 40 TWh en 2030, soit entre 5 % et 13 % de la consommation finale d’électricité du résidentiel et du tertiaire en 2019 ».
Cet état de fait justifiait pour eux, non pas d’abandonner cette technologie (un tabou), mais de « diffuser de bonnes pratiques » et d’interroger, à terme, « la priorisation ou l’interdiction de certains usages des entreprises et des particuliers », c’est-à-dire, à demi-mot, d’envisager la sobriété.
Une technologie peu plébiscitée
À l’heure de la « fin de l’abondance » prédite par le président, Stéphen Kerckhove, directeur général d’Agir pour l’Environnement et Sophie Pelletier, présidente de PRIARTEM, estiment dans une tribune que « les promesses d’un futur ultraconnecté apparaissent pour ce qu’elles sont : une fuite en avant technologique sans lendemain, déconnectée des besoins réels du plus grand nombre ».
Pour preuve, ces nouvelles fréquences qui devaient révolutionner nos usages – et nous apporter davantage de prospérité – connaissent en réalité un « début poussif » : en deux ans, expliquent les auteurs, « seules 4 millions de cartes SIM compatibles 5G » ont été enregistrées par l’Arcep, « sur les 80,7 millions que possèdent les Français ».
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Cette frilosité de la population, concluent-ils, « a révélé ce que l’industrie des télécoms n’osait entrevoir : le meilleur des e-mondes, faits de caméras de vidéosurveillance avec reconnaissance faciale, de casques de réalité virtuelle et de métavers est loin d’être plébiscité ».
Ce constat ne prouve-t-il pas que les coûts et les bénéfices de la 5G devraient discutés à l’occasion d’un véritable débat public ? Un débat d’autant plus nécessaire que de nombreux observateurs ne cessent d’alerter l’opinion et les décideurs sur notre méconnaissance des effets, à long terme, de l’exposition du corps humain à ces nouveaux champs électromagnétiques.
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