Les holothuries, ou concombres de mer, sont pêchées pour être mangées dans plus de 70 pays dans le monde, et principalement en Indonésie, en Chine et plus globalement en Asie du Sud-Est, ainsi qu’à Madagascar. Au cours de la COP19, l’Union européenne, les Etats-Unis et les Seychelles ont proposé l’inscription de trois espèces d’holothuries du genre Thelenota à l’Annexe II de la CITES, les espèces qui font face à la surexploitation et qui pourraient devenir menacées si leur commerce n’est pas étroitement contrôlé, car le rôle du concombre de mer est essentiel. La proposition a été acceptée à 97 voix pour, 16 contre et 15 abstentions.
Les concombres de mer jouent un rôle capital dans l’entretien des fonds marins. Un seul spécimen peut avaler plus de 45 kilos de sédiments par an. Leurs excellentes capacités digestives leur permettent de rejeter un sédiment fin, pur et homogène.
D’après le résumé de la proposition pour l’amendement, les holothuries réduisent ainsi la charge organique des sols marins et redistribuent les sédiments; elles permettent la biorestauration de la vie dans ce milieu. Cette forme de recyclage des nutriments est cruciale pour les écosystèmes avec de faibles taux de nutriments. Ce processus permet d’améliorer la qualité de l’eau et de réduire l’acidification des océans. Sans ce dernier, les sols sont parfois durcis et les habitats disponibles pour les espèces benthiques (qui vivent à proximité du fond des mers et des océans) disparaissent. Les concombres de mer ont donc un rôle similaire à celui des vers de terre, qui aèrent les sols, décomposent la matière organique et participent à la minéralisation et l’humidification des sols.
Les populations d’holothuries ont diminué drastiquement du fait de leur surexploitation dans le cadre de la gastronomie, et d’un réseau de braconnage important. 98 % de leur population a diminué aux Galapagos entre 1993 et 2004, 94 % en Egypte entre 1998 et 2001, et 45 % entre 2002 et 2007, malgré l’interdiction de leur récolte.
Les concombres de mer sont souvent éviscérés, cuits, salés et séchés afin d’obtenir la bêche de mer, un plat particulièrement prisé en tant qu’aliment de luxe en Asie. Le genre Thelenota, et spécifiquement l’holothurie ananas est l’une des espèces les plus exploitées parmi les holothuries.
La Chine, principal marché, s’est opposée à ce nouveau statut. La Russie, dont les eaux souffrent du pillage d’autres espèces de concombres de mer, a voté en faveur de la proposition.
L’inscription entrera en vigueur dans un délai de 18 mois. Aux côtés de ce nouveau statut au sein de l’annexe II seront désormais également inscrits la famille des requins-requiem, des requins-marteau, les raies-guitares, et les raies d’eau douce.
Avec l’inscription du genre Thelenota dans l’annexe II de la CITES, les nations devront développer des moyens de recherches non préjudiciables pour l’espèce, accumuler plus de données sur lesquels mettre en place des plans de gestion. Les instances scientifiques devront contrôler les exportations et, lorsque nécessaire, donner des conseils de gestion aux organes concernés pour maintenir l’espèce à un niveau cohérent à leur rôle au sein des écosystèmes.