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L’Artemisia, la plante qui guérit du paludisme

Une découverte incroyable.

Une tisane peut guérir le paludisme ! Après trois ans et demi de travail, l’association française « La Maison de l’Artemisia » a prouvé l’efficacité de la tisane d’Artemisia annua ou afra sur le paludisme simple, grâce à deux études scientifiques réalisées aux normes internationales. Cette preuve va permettre d’améliorer la vie de millions de personnes.

La tisane d’Artemisia, un remède à la malaria vieux de 2 000 ans dénigré par l’OMS

Lucile Cornet-Vernet, orthodontiste passionnée par les plantes, a connu les bienfaits de l’Artemisia suite à la mésaventure de ses amis. Alors qu’ils effectuaient un trek à pied en Afrique, Alexandre Poussin et Sonia ont contracté le paludisme (aussi appelé malaria) en Ethiopie. Au plus mal, ils étaient parvenus à atteindre un dispensaire de brousse. Ce dernier n’avait plus qu’un seul traitement médicamenteux anti-palu que les médecins donnèrent à Sonia. Pour guérir Alexandre, ils lui ont fait boire une tisane à l’Artemisia. Surprise : Alexandre récupéra beaucoup plus vite que Sonia.

Crédit Photo : Audrey Sougnez 

Les bienfaits de l’Artemisia pour lutter contre le paludisme sont connus depuis longtemps. En Chine, la plante Artemisia annua est utilisée depuis plus de 2000 ans en tisane pour traiter la malaria. La plante possède un principe actif, la molécule artémisinine, dont l’identification a valu le prix Nobel de médecine à la Chinoise Tu Youyou en 2015. Depuis, les ACT (Artemisinin-based Combination Therapy), combinaisons thérapeutiques à base d’artemisinine, sont très largement majoritaires dans le traitement antipalu et sont considérées comme les médicaments les plus efficaces par l’OMS. Pourtant, l’OMS «ne recommande pas l’utilisation de Artemisia Annua en tisane pour la prévention ou le traitement du paludisme ».

« Quand j’ai compris qu’Alexandre avait vraiment été guéri grâce à la tisane, j’ai contacté tous ceux qui ont travaillé sur cette plante pour les fédérer et monter une association. Nous voulions lutter contre l’aberration d’imposer aux habitants des pays pauvres de payer cher des médicaments alors qu’ils peuvent se soigner avec une plante qui va pousser dans leur jardin. Il manquait une pièce maîtresse : un essai clinique organisé en double aveugle aux normes internationales. Il y a un mois, le journal Phytomedicine a publié les résultats des deux études qu’on a menées : les tisanes d’Artemisia annua ou afra sont a minima tout autant, et bien souvent beaucoup plus efficaces, qu’un des traitements pharmaceutiques de référence. » Lucile Cornet-Vernet, fondatrice de la Maison de l’Artemisia

Ces études ont été menées sur 957 patients infectés en République Démocratique du Congo. 472 d’entre eux ont été traités avec des médicaments (artesunate-amodiaquine) et les 471 autres ont bu 1L de tisane d’Artemisia annua ou afra pendant sept jours. Prise en tisane, l’Artemisia va permettre d’améliorer la vie de millions de personnes. En 2017, le paludisme a touché près de 219 millions de personnes et provoqué 435 000 décès dans le monde selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). L’Afrique est le continent le plus sévèrement touché avec 92 % des cas de paludisme et 93 % des décès.

L’Artemisia : le futur visage d’une polythérapie ?

Mais l’efficacité de la tisane reste loin d’obtenir un consensus international, tant les enjeux financiers autour des traitements antipaludiques sont importants. C’est ce que démontre le documentaire « Malaria Business » (dont une version courte est diffusée en live sur France24 samedi à 22h15).

La Maison de l’Artemisia n’a pas attendu l’aval de l’OMS, ni des grands groupes pharmaceutiques, pour rendre la plante disponible au plus grand nombre. Parallèlement aux études, l’association a diffusé la semence de la plante dans les pays en ayant le plus besoin à travers la fondation d’autres « Maisons de l’Artemisia ».

Aujourd’hui, ces maisons sont présentes dans 25 pays et hébergent des pôles de compétences pour former les habitants à la culture de la plante et à la posologie de la tisane. Les formateurs locaux signent une charte éthique et vendent les semences et les formations, afin que l’activité autour de l’Artemisia rentre dans l’économie locale.

« On voulait éviter les erreurs de l’humanitaire où les gens reçoivent des subventions sans être autonomes, en faisant attention à ce que les revenus apportés par le traitement en tisane soient bien répartis sur toute la chaîne de valeur : au producteur qui cultive, au transformateur de tisane, au vendeur (souvent des femmes) ou aux pharmacies, sachant qu’on aligne les prix en fonction du niveau de vie du pays. » Lucile Cornet-Vernet, fondatrice de la Maison de l’Artemisia

Au Cameroun, une grande campagne a été menée pour que les gens soient sensibilisés à l’oral dans les villages. Pour 1 000 francs CFA (2€), ils pouvaient acheter un paquet de tisane et un plant d’Artemisia qui leur donne un kilo de tisane par an. Un traitement faisant 35g, 1kg de tisane équivaut à une trentaine de traitements. Cela permet de soigner une grande famille (parents, oncles et tantes, grands-parents, plusieurs femmes et enfants).

Crédit Photo : Sophie Descolas

Les plantes sont cultivées selon les principes de l’agroécologie. Car il y a bien deux espèces : une chinoise (Artemisia annua) et une africaine (Artemisia afra). L’Artemisia afra a été repérée sur les cartes de la FAO. Elle se distingue de sa consœur chinoise par un fait étonnant : elle ne contient pas la fameuse molécule d’Artemisine. L’américaine Pamela Weathers, biochimiste au Worcester Polytechnic Institute (Etats-Unis), étudie donc les autres molécules présentes dans l’Artemisia afra pour établir comment fonctionnent ces polythérapies.

« Il y a un mois, l’OMS a publié un rapport sur la lutte contre le palu en disant qu’ils n’arrivent pas à atteindre leurs objectifs à cause des résistances générées par l’utilisation d’une seule molécule. Cette plante accessible, qui est une polythérapie d’une vingtaine de molécules antipaludiques, est donc un espoir incroyable. Maintenant il faut juste que l’OMS, qui a déconseillé la prise de l’Artemisia en tisane, lève leur avis négatif pour qu’on puisse travailler ensemble. » Lucile Cornet-Vernet, fondatrice de la Maison de l’Artemisia

Lucile Cornet-Vernet a écrit un livre sur le sujet. En 2019, le site web de la Maison de l’Artemisia va faire peau neuve pour mettre toutes les informations sur la plante en open-source. Son espoir : que toute la population d’une région puisse prendre la tisane ensemble pendant un mois, pour provoquer un effondrement de la maladie, et sauver des centaines de milliers de vie.

Image à la une : SEYLLOU / AFP

Laurie Debove

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