Ce matin, la préfecture a envoyé des unités de la gendarmerie et de la police pour expulser les « écureuils », des militants grimpeurs. Ils avaient investi les arbres menacés par le chantier de la ligne Très Haute Tension, qui rencontre une opposition de la population locale. La plateforme a été détruite, mais un écureuil a réussi à rester en hauteur.
Alors que les recours en justice traînent en longueur, les travaux de la ligne Très Haute Tension ont démarré tous azimuts dans les Landes sur 27km de longueur dont 7m de large sont défrichés en fonction des besoins.
Depuis dix jours, des écureuils se relayaient sur la plateforme construite à 6m de hauteur dans la forêt d’Hossegor. En soutien du collectif Stop THT, ils demandaient un moratoire sur le chantier de la ligne Très Haute Tension de 400 000 volts en courant continu qui doit relayer la France à l’Espagne, pour étudier un tracé alternatif le long de l’autoroute.
Ce jeudi matin, la Préfète des Landes Mme Tahéri a publié un arrêté interdisant l’accès au chemin forestier et permettant donc l’expulsion des écureuils et la destruction de la plateforme. Dès 8h, un peloton de gendarmes s’est positionné pour barrer l’accès au site.
La presse a également été empêchée de passer dans un premier temps (j’ai dû moi-même me faufiler par les bois pendant 20 minutes pour accéder à la plateforme). Les négociateurs mandatés par la Préfecture ont instrumentalisé l’autorisation d’accès des journalistes de France3 comme moyen de levier pour tenter de faire descendre les écureuils des arbres, en vain.
Après plusieurs heures de négociation, la Préfète a donné l’ordre à la CNAMO d’intervenir. Créée en 2011, cette unité « a pour mission de faire cesser les entravements et les accrochages complexes de manifestants, qu’ils soient en hauteur ou au sol ». Nos confrères journalistes ont finalement pu me rejoindre sur place, mais nous n’avons été autorisés à suivre l’expulsion qu’à une distance lointaine. Elle s’est déroulée sans trop de heurts.
Lion, un écureuil là depuis deux jours, s’est finalement résolu à descendre : « Ils ont pris leurs responsabilités mais je pense que c’était pas en sécurité comme je l’ai expliqué au gendarme, et Reva a été à deux doigts de tomber. Une fois de plus, ils jouent sur la sécurité des grimpeurs alors qu’il n’y a rien qui le justifie : on est pacifistes, il n’y a aucun moyen d’urgence, les travaux ne sont pas en cours. C’est encore une fois complètement disproportionné, la police et la gendarmerie font un boulot politique dans ce cas-là. Et c’est grave quand ce sont des citoyens qui se battent pour l’environnement, ça me rend triste… » a-t-il raconté à La Relève et La Peste après son retour au sol.
La Préfète des Landes, Mme Téhari, s’est également rendue sur place. « Il n’y aura pas de moratoire sur les travaux, c’est un projet public d’intérêt majeur » a-t-elle déclaré à La Relève et La Peste.
Quant au tracé alternatif le long de l’autoroute demandé par les opposants, pour la Préfète il n’en est pas question : « Il n’y a pas d’itinéraire autoroutier qui part d’un point A en France à un point B en Espagne, c’est pourquoi on privilégie un itinéraire maritime. »
Tant pis pour l’avis du Conseil National de Protection de la Nature qui a émis un avis défavorable sur le projet en pointant du doigt le manque d’alternative étudiée, notamment le long de l’autoroute.
L’écureuil Reva s’est hissé encore plus haut dans les arbres de sorte à ne pas pouvoir être délogé aujourd’hui par les unités de gendarmerie. Dans son arrêté que nous avons consulté, la Préfecture des Landes interdit à quiconque de pénétrer sur le tracé des travaux ou de « perturber le chantier de quelque façon que ce soit ». Chaque contrevenant risque une astreinte de 1000 euros par jour, et ce pour une durée de trois mois.
Les écureuils tentaient de tenir bon le temps que les recours judiciaires soient purgés. Alors qu’une enquête pénale est toujours en cours au Parquet environnemental de Bayonne, l’audience sur la légalité de l’autorisation environnementale devrait être menée par la tribunal administratif d’appel de Bordeaux courant 2025, mais la date n’est pas connue.
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