Le « maccarthysme » à la sauce Trump / Musk continue ses ravages. La Nasa vient d’annoncer une vague de licenciements, dont sa propre scientifique en chef pour le climat Katherine Calvin. L’administration Trump avait d’abord interdit à cette illustre géoscientifique de participer à une réunion du GIEC, et de s’exprimer auprès de la presse.
La fascination américaine pour la course aux étoiles dépendra-t-elle seulement d’entreprises privées ? C’est en tout cas le chemin que semble prendre l’administration Trump. Alors que le gouvernement américain dépend déjà largement d’entreprises, SpaceX en tête, pour l’exploration spatiale, la Nasa vient d’annoncer le renvoi de 23 employés suite à une première coupe budgétaire fédérale drastique. Leur départ prendra effet dès le 10 avril.
« Afin d’optimiser ses effectifs, et conformément à un décret, la NASA commence le processus progressif dit de réduction de ses effectifs (RIF) », a déclaré Cheryl Warner, porte-parole de la Nasa.
Les premiers concernés peuvent « choisir de participer à un plan de retraite anticipée, s’ils y sont éligibles, ou suivre la procédure du RIF ». Parmi eux : Katherine Calvin, scientifique en chef de la Nasa et climatologue de renom. La semaine dernière, le gouvernement lui avait déjà interdit de se rendre à une réunion du GIEC, dont elle est co-présidente du groupe 3 pour le prochain rapport (AR7).
En effet, cette chercheuse brillante a déjà participé à des rapports essentiels des Nations unies sur le climat. En tant que géoscientifique au Joint Global Change Research Institute (JGCRI), elle a aussi conduit des études majeures sur l’utilisation humaine des ressources mondiales.
Elle avait été nommée à ce poste en 2022 par Joe Biden. Le titre de scientifique en chef avait été réintroduit en 2011 par Barack Obama. Il s’agit d’un rôle de conseil qui n’a pas d’autorité budgétaire, dont le but est de s’assurer que les faits scientifiques soient bien respectés entre les différentes branches de l’agence.
Les coupes budgétaires de la NASA sont la suite du démantèlement des services scientifiques et écologiques opérés par Trump depuis son retour à la Maison blanche. Coupes budgétaires brutales ; licenciement massif d’employés d’agences fédérales chargées du climat ou de la santé, des femmes ou des minorités ; censure de certains sujets dans les recherches subventionnées… Selon l’agence Reuters, l’armée américaine annule pas moins de 90 études liées au changement climatique.
La Nasa ferme également deux départements : le bureau de la technologie, de la politique et de la stratégie, ainsi que celui consacré à la diversité, l’équité, l’inclusion et l’accessibilité, a annoncé la Nasa dans un mémo relayé sur X.
A terme, des rumeurs circulent comme quoi le budget scientifique global de la NASA sera divisé par deux. Alors que ses données sont utilisées dans le monde entier pour le suivi du dérèglement climatique, cela sonnerait « l’extinction de la science et l’exploration spatiale aux États-Unis » selon la Planetary Society.
Les scientifiques américains espèrent que les deux partis au Congrès empêcheraient cette débâcle. Le puissant institut politique est devenu l’un des derniers remparts contre les frasques de l’administration Trump et du DOGE géré par Elon Musk.