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La Ville de Marseille veut interdire les cirques avec des animaux

Avant et après les spectacles, dans les coulisses, les animaux sont soumis à des méthodes extrêmes par les dresseurs. Sinon, ils n’apprennent pas. Les éléphants sont battus par des crochets électriques, les félins fouettés et traînés par des chaînes, les ours muselés et frappés à la barre de fer.

La nouvelle municipalité écologiste de Marseille a annoncé qu’elle interdirait bientôt les cirques animaliers, dont les conditions de captivité ont des conséquences dramatiques sur les animaux sauvages.

Marseille, nouvelle ville écolo

La ville de Marseille souhaite interdire les cirques animaliers : c’est ce qu’a annoncé dimanche 26 juillet Benoît Payan, premier adjoint au conseil municipal fraîchement élu du chef-lieu des Bouches-du-Rhônes. Sur les réseaux sociaux, l’adjoint écologiste a partagé une vidéo dans laquelle un rhinocéros, tête baissée, tourne en rond dans son petit enclos, en décrivant un cercle uniforme dans le sable.

Cet animal aux airs de vieux prisonnier s’appelle Romulo. Il a passé « 23 ans dans un cirque » en Espagne, enfermé dans une enceinte minuscule. Et cette captivité l’a traumatisé.

« Ces images sont insoutenables et disent la détresse et la maltraitance que subissent ces animaux, commente Benoît Payan. Comme de plus en plus de villes dans le monde, Marseille va s’engager pour la protection animale ! »

Cela faisait 25 ans que la ville de Marseille était tenue par un maire de droite. Mais Jean-Claude Gaudin, qui semblait jusqu’à peu indéboulonnable, a succombé à la vague verte qui a submergé de nombreuses villes de France, le 28 juin, à l’occasion du second tour des élections municipales. À Marseille, qui n’avait connu que trois édiles en presque 70 ans, c’est la fin d’un règne.

Michèle Rubirola, médecin de profession, est devenue la première femme et la première écologiste à obtenir la mairie phocéenne. Son rassemblement, le Printemps marseillais, promet de mettre fin au clientélisme et à l’affairisme qui asphyxient la vie locale, de rendre la ville aux citoyens et de prendre des mesures inédites en faveur de l’environnement.

C’est dans ce contexte qu’intervient l’annonce de Benoît Payan. Marseille n’est cependant pas la première ville à vouloir passer le cap de la protection animale. Presque 400 communes françaises ont déjà interdit par arrêté les cirques à animaux sauvages, dont une trentaine en région Provence-Alpes-Côtes-d’Azur.

Si l’on en croit le recensement effectué par l’association Code animal, Marseille deviendra tout de même la plus grande ville à bannir la captivité des animaux à des fins de divertissement. 

Crédit : Laura LaRose

La maltraitance en captivité

Une telle mesure, contredisant les intérêts économiques, est-elle pour autant révolutionnaire ? Non, elle tombe sous le sens, quand on pense qu’elle répond à une large majorité de la volonté populaire. Selon un sondage IFOP effectué cette année pour le compte de l’association 30 Millions d’Amis, plus de sept Français sur dix (72 %) sont favorables à l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques. Ce sont 5 % de plus qu’en 2019, preuve que la question de la souffrance animale préoccupe de plus en plus la population.  

Les animaux qui vivent en captivité dans les cirques sont bien souvent des espèces dites exotiques, car elles ne sont pas originaires de notre territoire et ne sont pas censées y vivre, encore moins en captivité. Autruches, dromadaires, éléphants, hippopotames, panthères, zèbres, reptiles, ces êtres vivants sont choisis pour leur aspect spectaculaire.

Dressés et exploités par les quelque 200 cirques détenant des animaux sauvages sur notre territoire, ils subissent de plein fouet la rupture avec le milieu naturel dans lequel ils vivent depuis des milliers d’années.

Lire aussi : « Deux guépards ont agonisé dans un zoo, les dangers de la captivité »

Avant et après les spectacles, dans les coulisses, les animaux sont soumis à des méthodes extrêmes par les dresseurs. Sinon, ils n’apprennent pas. Les éléphants sont battus par des crochets électriques, les félins fouettés et traînés par des chaînes, les ours muselés et frappés à la barre de fer.

Seul le système de la punition-récompense fonctionne avec les animaux sauvages. Pour qu’un ours danse le twist, on le pique alternativement d’un côté, puis de l’autre, et on lui donne de la nourriture quand il réussit — entendez quand il obéit.

Toute leur existence, environ 90 %(Nevill & Friend, 2006), ces animaux la passent confinés dans des cages étroites ou de sales enclos, souvent de quelques mètres carrés seulement, alors que la plupart d’entre eux, du moins à l’état sauvage, occupent de vastes espaces, landes, montagnes, savanes.

La réalité de nombre d’entre eux – Crédit : BJWT

Les cages ne font souvent que quelques mètres carrés et ne permettent pas aux animaux de courir, voler ou se cacher. Ces habitats restreints entrainent des troubles graves du comportement par la frustration ou l’ennui. Plutôt que l’horizon infini, quatre murs de grilles. Plutôt que l’herbe verte et les buissons, une couche de paille.

Ce cloisonnement contre-nature se traduit par des comportements délétères, qui rappellent étrangement ceux des êtres humains devenus fous.

« Les tigres qui sillonnent leur cage à l’infini, posant leurs pattes toujours aux mêmes endroits, les éléphants qui balancent leur tête, les ours qui tournent en rond et répètent à chaque passage le même mouvement de la tête, les singes qui se bercent comme dans un balancement d’enfant autiste, les oiseaux qui s’arrachent les plumes… tous ces signes et tant d’autres traduisent des troubles du comportement qu’il est d’usage d’assimiler à la psychose chez l’homme – autant dire à une perte de la capacité à appréhender le réel », indique Code animal.

L’association Code animal demande ainsi au gouvernement une interdiction pure et simple des cirques animaliers, sur tout le territoire.

La nouvelle mairie de Marseille mettra-t-elle en œuvre sa promesse et sera-t-elle suivie par d’autres communes d’envergure ? Devant le constat de l’inaction des plus hautes autorités publiques, les municipalités paraissent être les mieux placées pour empêcher ces traitements inhumains infligés aux animaux, qui devraient être considérés comme de l’exploitation pure et simple.

Augustin Langlade

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