Le lundi 13 novembre, le gouvernement de la Dominique a annoncé la création de la première réserve de cachalots au monde, afin de protéger l’espèce, qui est menacée et classée vulnérable depuis 1996 par l’Union internationale pour la Conservation de la nature (IUCN).
Le cachalot, une espèce vulnérable
La première réserve de cachalots au monde a été créée en Dominique et c’est une formidable nouvelle pour la biodiversité.
Le Premier Ministre, Roosevelt Skerrit, a expliqué : « Les quelque 200 cachalots qui vivent dans notre mer sont des citoyens précieux de la Dominique. Il est plausible que leurs ancêtres peuplaient la Dominique avant l’arrivée d’humains. Nous voulons nous assurer que ces créatures majestueuses et hautement intelligentes soient à l’abri de tout danger et continuent à protéger nos eaux et notre climat. »
Les cachalots sont les plus grands prédateurs à dents de la planète. Ils atteignent jusqu’à 16 mètres de long. Si on en trouve sporadiquement dans les eaux du monde entier, ils vivent toutes l’année dans les eaux translucides de la Dominique, idéales pour l’alimentation et pour élever leurs petits.
Selon les recherches du biologiste Shane Gero, qui étudie les cachalots de Dominique depuis 2005, leur population est en déclin ces vingt dernières années. Il a identifié plus de 35 groupes de baleines.
Il commente : « Ces baleines de l’île vivent aux côtés des humains, et préfèrent cette île plutôt que d’autres, c’est pourquoi nos actions dans leur habitat océanique représentent leur plus grosse menace.
Ces baleines s’enchevêtrent dans les filets des pêcheurs, ingèrent nos déchets plastique rejetés dans la mer, sont submergées par nos bruits qui se diffusent dans les profondeurs de l’océan, là où elles chassent le calamar.
Elles sont [également] percutées par des bateaux, une menace particulièrement accrue aux Caraïbes, où tout est importé et de nombreux navires se déplacent entre les îles, autant d’éléments qui constituent un tableau bien inquiétant pour le futur des baleines. »
Selon le CNRS, la pollution acoustique est en forte hausse, et est une source de stress déroutante pour la faune marine, conduisant à des accidents de plongée chez les cétacés, ainsi que des mouvements de foule dans la panique qui écrasent des jeunes individus. Le bruit fragmente aussi la communication entre les baleines et diminue leur distance de détection.
Dans le but de limiter tous ces problèmes, d’après Francine Baron, cheffe d’une agence pour la résilience climatique de la Dominique, un corridor sera creusé pour que les navires puissent accoster à Roseau, la capitale et plus grande ville de l’île. Les bateaux de plus de 18 mètres seront probablement interdits, mais la pêche artisanale à petite échelle, qui ne présente pas d’inconvénient pour les cachalots, restera autorisée.
Cette zone protégée s’étendra sur 800 km2, au large de la côte occidentale de l’île.
Les bienfaits d’une réserve de cachalots
Grâce à cette zone protégée, le pays espère augmenter les recettes touristiques mais surtout capturer davantage de dioxyde de carbone dans les fonds marins, grâce aux propriétés biologiques des cétacés.
La réglementation relative au tourisme sera renforcée et surveillée. Les visiteurs de la Dominique auront l’opportunité de nager avec ces baleines ou de les voir depuis des bateaux, mais par nombre de personnes limité et avec des règlementations plus strictes, afin de ne pas perturber les baleines et les dauphins.
Les excréments des cachalots sont riches en nutriments et favorisent la prolifération du plancton, qui capture le dioxyde de carbone de l’eau de mer. Lorsque ce plancton meurt, il sombre jusqu’aux profondeurs de la mer et constitue ainsi un frein contre le réchauffement climatique.
En se basant sur une étude publiée en novembre 2010, Enric Sala, écologiste, a estimé que les 250 cachalots résidant dans les eaux de la Dominique permettent la séquestration de 4200 de tonnes métrique de dioxyde de carbone chaque année soit l’équivalent de la capacité d’absorption annuelle d’une forêt de 7280 hectares.
Les cachalots de cette réserve contribuent ainsi à grande échelle à notre préservation à tous : une démonstration de l’importance de la protection des espèces vulnérables pour un bien-être global de la vie sur terre.
Sources : « La Dominique va créer la première réserve de cachalots au monde », Franceinfo, 14/11/2023 / Daphnée Leportois, « Les mers ont des oreilles », CNRS, 19/09/2016 / Aliza Chasan, « Dominica establishing world’s first sperm whale reserve », CBS News, 13/11/2023 / « Dominica Establishes World’s First Sperm Whale Reserve, a Boost for Climate, Biodiversity and the Local Economy », National Geographic, 13/11/2023