Depuis le 24 juin 2021, la préfecture de l’Oise a signé 8 arrêtés pour éradiquer des renards dans le département. D’abord autorisant à 8 lieutenants de louveterie la mise à mort de 1370 renards le 23 juillet, la préfecture a ensuite augmenté le nombre concerné par la décision à 15 lieutenants et 3000 renards, via un arrêté début août. Il concerne ainsi l’autorisation de l’exécution de 200 renards par lieutenant, et cela jusqu’au 31 mars 2022.
Cette autorisation n’a en premier lieu pas été mise en place à la suite d’une consultation publique et les arrêtés n’ont pas été publiés au registre des actes administratifs, comme le demande la loi. La direction départementale avait seulement prévu un affichage en mairie et les arrêtés n’étaient pas disponibles sur le site internet de la préfecture avant la dernière mise à jour datant du 3 août.
C’est l’association de protection pour les animaux AVES France (Agir pour le Vivant et les Espèces Sauvages) qui a repéré le premier arrêté datant de juin de manière fortuite, en naviguant sur le site internet de l’une des mairies du département.
Suite à cette découverte, Christophe Coret, le président de l’association, a envoyé un courrier à la préfecture de l’Oise, au ministère de la transition écologique et à la direction départementale des territoires (DDT) afin d’alerter de l’illégalité de ces mesures.
Les arrêtés ont été retirés le 23 juillet. Le 3 août, la préfecture a réitéré en déposant à la consultation du public un nouveau projet d’arrêté sur le site de la Préfecture, qui concerne cette fois 3000 renards.
La préfecture évoque en premier lieu un argument d’ordre sanitaire, afin de réguler l’échinococcose alvéolaire (qui atteindrait 7% des renards dans l’Oise selon une étude ELIZ), la leptospirose et la gale. Ensuite, elle exprime une nécessité de régulation des renards face à la diminution du petit gibier.
Pourtant, selon des études, tuer massivement le renard a un effet contreproductif et dissémine la maladie. L’emphase sur cette maladie est liée à sa potentielle transmission à l’homme. Cependant, il n’y a qu’environ 15 nouveaux cas en France chaque année.
En ce qui concerne le petit gibier tel que le faisan ou la perdrix, ils sont chassés dans l’Oise et ce sont les humains qui en diminuent le plus la population, ou l’augmentent selon les lâchers des « gibiers » élevés en enclos.
Les associations veulent légiférer pour protéger une vie sauvage qui ne nécessite pas notre intervention. Comme le souligne Marc Giraud, naturaliste et membre de l’association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) :
« Un prédateur, on ne peut pas le réguler. Les poules d’élevage meurent qu’il y ait le renard ou non. On ne massacre pas la vie sauvage pour un gibier qui est inadapté, artificiel. L’équilibre de la nature se fait tout seul. Pendant des siècles, ils ont cohabité. »
Le renard est, comme plusieurs autres prédateurs, un animal territorial et indépendant qui s’autorégule : un nouvel individu remplace très vite l’occupation d’un territoire vacant, il est donc, à moins d’exterminer toute sa population, impossible que l’homme en stabilise le nombre.
De plus, il est charognard et à tendance à s’attaquer aux proies faibles et malades et nous protège de nombreux problèmes sanitaires, tels que la maladie de Lyme.
Plusieurs études ont ainsi démontré que le renard freine la prolifération de ces tiques en chassant les rongeurs qui les transportent, une aide essentielle pour une maladie qui progresse de plus en plus chaque année chez l’homme. La présence de cette dernière est directement liée à la diminution du nombre de renards roux.
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Cet arrêté entraine également l’autorisation de chasser la nuit, ce qui peut être dangereux pour les riverains et générer des confusions entre les espèces, offrant de la place à des erreurs.
Face à la vindicte écologiste, le projet d’arrêté préfectoral est désormais soumis à la candidature publique jusqu’au 23 août, mettant à disponibilité un mail pour des observations et oppositions potentielles. Si le projet d’arrêté est malgré tout publié, AVES et ASPAS envisagent de porter recours devant le tribunal administratif d’Amiens.
Entre 600 000 et un million de renards sont abattus chaque année en France. Pourtant, en une année, un renard mange environ 6000 rongeurs. Son soutien naturel dans la préservation des territoires agricoles est donc essentiel.