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La militante Lucie Pinson est récompensée par le « Nobel de l’environnement »

« Peut-être que ça va interpeller plus de gens sur le rôle des financiers dans le réchauffement climatique. On a chacun nos raisons de croire qu’on est trop petit pour changer la donne. Mais on a des ressorts pour arracher les victoires nécessaires. Chacun peut agir pour transformer le monde ».

Le prix Goldman, souvent surnommé le Nobel de l’Environnement, vient de dévoiler ses lauréats 2020. Parmi les six défenseurs de la nature remarqués cette année, Lucie Pinson a été récompensée pour son action en faveur de l’arrêt des financements envers le secteur du charbon. Après Christine Jean en 1992 et Claire Nouvian en 2018, elle est la troisième Française à recevoir ce prix.

Depuis la création du prix en 1989, personne encore n’avait été distingué pour une action en direction des institutions financières. Contactée par La Relève, Lucie Pinson revient sur son parcours et sur les combats qu’elle continue de mener.

Actuellement, Lucie Pinson est la directrice générale de Reclaim Finance, qu’elle a fondé en mars 2020. Mais la jeune femme a commencé à s’attaquer au sujet du charbon dès 2013, au sein de l’ONG Les Amis de la Terre.

Son objectif étant d’endiguer le réchauffement de la planète, le charbon se pose directement comme un sujet extrêmement stratégique.

Principale source d’énergie mondiale, il est aussi la première source d’émission de CO2 et provoque de nombreuses morts prématurées. Malgré cela, de nouvelles usines charbonnières continuent de voir le jour dans les pays en voie de développement. Une question se pose alors : qui paye pour la multiplication des usines charbonnières et leurs infrastructures ?

« Entre 30 et 50 banques internationales financent réellement l’industrie du charbon », explique Lucie Pinson. « On a en France certaines des plus grandes banques au monde. »

Dès 2015, elle contribue à pousser les 4 principales banques françaises à stopper leurs soutiens directs à des nouveaux projets de mines et centrales au charbon. En 2017, les assureurs français Axa et Scor sont contraints de faire de même. Avec son équipe, Lucie Pinson s’emploie à convaincre ces acteurs de changer d’approche, d’exclure les entreprises en fonction de leur impact sur le climat.

« Il faut que la discussion ait lieu à l’intérieur de la banque, à l’intérieur de l’investisseur, à l’intérieur de l’assureur », insiste-t-elle. « Pour qu’elle ait lieu, il faut des personnes qui soient convaincues que nos demandes sont fondées, sont légitimes. S’il n’y a pas de débat, il n’y aura pas d’action »

Mi-ONG mi-think tank, Reclaim met avant tout son expertise à la disposition des autorités publiques et des acteurs financiers souhaitant se transformer pour répondre aux impératifs écologiques. Ce n’est que lorsque les choses n’avancent pas assez vite que l’association met sur la place publique des données sur les pratiques de ces acteurs, afin de les contraindre à s’engager véritablement.

Pour le moment, une quarantaine de banques et d’assureurs internationaux ont cessé de soutenir la construction de nouveaux projets liés à l’exploitation du charbon.

« La finance est certes un pilier indispensable pour les industriels, l’impact est extrêmement dur à évaluer », explique Lucie Pinson. « Mais les entreprises disent qu’elles ont de plus en plus de mal à trouver des financements. Des rapports comme ceux de Goldman Sachs l’attestent, la presse spécialisée en parle aussi. Or, moins il y a d’assureurs et plus ça devient cher d’emprunter ».

Grâce à ce prix, Lucie Pinson espère voir sortir d’autres gens de ce qu’elle appelle la « culture de la défaite ».

« Peut-être que ça va interpeller plus de gens sur le rôle des financiers dans le réchauffement climatique. On a chacun nos raisons de croire qu’on est trop petit pour changer la donne. Mais on a des ressorts pour arracher les victoires nécessaires. Chacun peut agir pour transformer le monde ».

Les autres lauréats du prix Goldman 2020 en sont d’ailleurs des exemples éloquents. Comme la lauréate française, le ghanéen Chibeze Ezekiel a lui aussi lutté contre l’exploitation de charbon. De son côté, Kristal Ambrose s’est attaqué à la réduction des déchets plastiques aux Bahamas.

Leydy Pech, une apicultrice indigène maya, a mené une coalition qui a fait stopper la plantation de soja génétiquement modifié dans le sud du Mexique. En Équateur, Nemonte Nenquimo est parvenu à faire protéger 500 000 hectares de forêt amazonienne et de territoire Waorani de l’extraction pétrolière. Et au Myanmar, Paul Sein Twa s’est battu pour préserver l’environnement et la culture karen, et a conduit son peuple à créer un parc de paix de 1,35 million d’hectares.

De beaux exemples de détermination récompensés de succès !

crédit photo couv : Lucie Pinson, fondatrice et directrice générale de Reclaim Finance, une ONG de campagne entièrement consacrée à la finance et au climat, le 5 février 2020 à Paris. STEPHANE COJOT-GOLDBERG

Marine Wolf

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