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La Cour Suprême du Brésil relance la bataille judiciaire en faveur des peuples autochtones

Avec ce marco temporal, les peuples expulsés de leurs terres avant cette date sont donc condamnés à une lutte sans fin pour les récupérer. Pour Survival, il s’agit tout simplement d’un stratagème de politiciens pour manipuler la Constitution brésilienne, et s’emparer des terres autochtones.

La Cour de Justice brésilienne a décidé de réexaminer le dossier d’annulation de la restitution de terres ancestrales à la communauté guarani. Cette décision relance une bataille juridique centrale pour les droits des Autochtones, et implique des répercussions majeures pour ces communautés.

En 2014, une décision judiciaire avait annulé la restitution d’une partie de leur territoire ancestral à la communauté guarani de Guyra Roka. La Cour de Justice brésilienne a décidé qu’elle devait être réexaminée, puisque les Guarani eux-mêmes n’ont pas été impliqués dans le processus.

« Il s’agit d’une victoire éclatante pour un groupe de personnes qui a été persécuté sans relâche pendant des décennies, mais qui n’a jamais cessé de se battre pour récupérer ses terres » souligne Fiona Watson, directrice de la recherche et du plaidoyer de Survival, le mouvement mondial pour les droits des peuples autochtones.

L’annulation en 2014 du territoire de Guyra Roka avait été justifiée par ce que les militants ont appelé marco temporal, oucadre temporel en français. Cette thèse stipule que si les autochtones ne vivaient pas sur leurs terres ancestrales au 5 octobre 1988, date de l’adoption de la constitution brésilienne, ils n’ont plus aucun droit sur celles-ci.

Avec ce marco temporal, les peuples expulsés de leurs terres avant cette date sont donc condamnés à une lutte sans fin pour les récupérer. Pour Survival, il s’agit tout simplement d’un stratagème de politiciens pour manipuler la Constitution brésilienne, et s’emparer des terres autochtones.

Dans le cas de Guyra Roka, la majeure partie de la région a été accaparée par un puissant politicien et éleveur, José Teixeira. Celui-ci s’est d’ailleurs trouvé impliqué dans plusieurs attaques contre les Guarani, dont l’assassinat d’Ambrosio Vilhalva. Poignardé en 2013, ce dernier était l’un des leaders de Guyra Roka et le personnage principal du film La terre des hommes rouges, présenté en 2008 au Festival de Venise.

L‘un des leaders de Guyra Roka, Ambrosio Vilhalva, a été assassiné en 2013.
© Sarah Shenker/Survival

Le cadre temporel se place dans la série des mesures que le président Bolsonaro souhaite mettre en place pour ouvrir toutes les terres autochtones du pays à l’exploitation forestière, à l’élevage et à l’exploitation minière.

« Ces mesures constituent la plus grande attaque contre les peuples autochtones depuis des décennies, et pourraient, si elles sont adoptées, avoir pour effet de détruire complètement les peuples autochtones du Brésil », alerte Survival.

En quelques dizaines d’années, les territoires ont déjà été métamorphosés.

« Guyra Roka était une forêt : il n’y avait pas de route, pas de clôtures. C’était juste la forêt et les Indiens, les singes et les tapirs », se souvient Tito Vilhalva, un chef religieux de la communauté de Guyra Roka âgé de 99 ans.

Les pesticides utilisés par les grandes exploitations agricoles entourant Guyra Roka empoisonnent leur poisson. © Sarah Shenker

« Les Guarani ont traversé une crise humanitaire de plusieurs décennies au cours de laquelle presque toutes leurs terres ont été volées, leurs dirigeants assassinés et leurs moyens de survie détruits. Comme d’autres peuples autochtones du Brésil, ils sont confrontés à un gouvernement dont les politiques et les actions ont pour objectif clair et génocidaire de les anéantir », affirme Fiona Watson.

Les Guarani sont parmi les premiers peuples à avoir été en contact avec les Européens à leur arrivée en Amérique du Sud il y a plus de 500 ans. Aujourd’hui, au Brésil, ils sont à peine plus de 50 000. Ils constituent pourtant la population autochtone la plus nombreuse du pays.

Pour ce peuple, la terre est à l’origine de toute vie. Les invasions violentes des fermiers ont dévasté leur territoire. Profondément affectés par la perte de la quasi-totalité de leurs terres, les Guarani connaissent une vague de suicides sans équivalent en Amérique du Sud.

La déforestation intensive a en effet transformé leur territoire ancestral, autrefois fertile, en un vaste réseau de fermes d’élevages et de plantations de canne à sucre destinées au marché brésilien d’agrocarburants.

Désormais, leur sort est suspendu dans l’attente d’une audience équitable pour que la Cour statue à nouveau sur la restitution de leur territoire.

Crédit photo couv : Fiona Watson, Survival International.
Plus d’infos sur le peuple Guarani et son combat pour sa survie ici.

Marine Wolf

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