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« Je souhaite à quiconque de vivre, ne serait-ce qu’un instant, au milieu d’un arbre »

« Partout où on va, on recueille des pensées autour des arbres et on les fait circuler. Souvent, les gens sont très émus, parce qu'ils ont rarement l'occasion de parler de leur rapport aux arbres. »

Imaginée par Justine Grange et Elsa Marchand Cormery, la performance artistique itinérante « Plonger » redonne aux arbres toute leur majesté, entre spectacle de corde lisse et recueil de témoignages de citoyens qui, avec leurs mots, dévoilent les liens qui les unissent aux géants de la forêt.

Un enregistreur vocal, une corde lisse, un arbre. Il n’en faut pas beaucoup plus pour que la magie du spectacle « Plonger » opère. Imaginé par la compagnie de spectacle vivant Exuvie, ce dernier explore les liens qui unissent les hommes aux arbres à travers un dispositif inédit.

Une performance itinérante de corde aérienne durant laquelle la cordiste, Justine Grange, est suspendue à un arbre, tandis qu’Elsa Marchand Cormery, médiatrice culturelle, capture les sons et histoire de la forêt.

Ses prémices remontent à il y a un an et demi, lorsque Justine Grange décide de partir en voyage à vélo avec pour seul bagage une corde lisse.

« Je voulais me remettre à la création, mais je ne savais pas comment m’y prendre, rembobine l’artiste pluridisciplinaire de 27 ans pour La Relève et La Peste. Tout ce que je savais, c’est que les arbres pourraient me guider. »

Durant une dizaine de jours, le long de la Loire, la jeune femme s’arrête dès qu’elle trouve « un arbre accueillant, c’est-à-dire qui puisse recevoir une corde » pour s’y accrocher et travailler en extérieur.

De villages en rencontres, les habitants des lieux où elle navigue, intrigués, lui confient les histoires qui les lient aux arbres, les souvenirs qu’ils en gardent. Autant d’échanges qui la poussent à créer « Plonger » aux côtés de son amie et acolyte Elsa Marchand Cormery, un spectacle vivant, à vue des passants, en forme d’hommage à « ces êtres vivants incroyables que sont les arbres ».

Recueillir les histoires qui lient les hommes aux arbres

Pour la première saison de « Plonger », les deux femmes ont parcouru de mai à octobre près de 2000 kilomètres à vélo, de la Loire au Marais poitevin en passant par le Massif central. Pensée comme un « temps collectif pour se rassembler autour d’un arbre, le contempler, s’interroger », leur performance se nourrit du témoignage des spectateurs qui, enregistrés par Elsa Marchand Cormery, se remémorent leurs liens aux arbres.

« Partout où on va, on recueille des pensées autour des arbres et on les fait circuler, détaillent Justine et Elsa d’une même voix pour La Relève et La Peste. Souvent, les gens sont très émus, parce qu’ils ont rarement l’occasion de parler de leur rapport aux arbres… »

À l’image de cet homme, visiblement ému, qui se remémore avoir, gamin, « construit une cabane dans un chêne » avec son frère. « C’était un refuge », l’entend-on sourire. Rejoint par cette femme, née citadine, ayant découvert « la liberté, le sens de vivre et de donner » au contact des arbres. Ou encore ce charpentier qui, à de multiples reprises, « a eu l’occasion de construire des cabanes, d’habiter dans les arbres » :

« Je souhaite à quiconque de vivre, ne serait-ce qu’un instant, au milieu d’un arbre, lâche-t-il. J’ai eu cette chance et c’est magnifique. »

Autant de témoignages glanés au fil des rencontres, qui montrent « l’apaisement, la sérénité » que procurent ces géants de la forêt. Des témoignages qui mettent aussi en évidence l’inquiétude croissante à l’égard de la préservation des arbres. Cette habitante, non sans émotion, se souvient ainsi d’un bois rasé à proximité de son domicile.

« Depuis toute petite, je me sens très proche des animaux et pour moi, les arbres, c’est leur maison, confie-t-elle aux deux artistes. Quand ils sont arrivés avec leurs tronçonneuses, ils ont coupé plein d’arbres. Maintenant, quand j’entends des tronçonneuses, j’ai un sentiment d’angoisse. »

Un témoignage qui résonne avec celui de cet habitant qui, s’interrogeant sur l’utilisation croissante du bois pour se soustraire aux énergies fossiles, s’inquiète de la destruction des forêts :

« L’être humain a toujours utilisé le bois et on y revient, mais on est de plus en plus nombreux… Les forêts sont abattues et les engins sont de plus en plus gros. »

« Une fois qu’on voit la beauté de la forêt, on veut la protéger »

Des questionnements auxquels « Plonger » offre une formidable caisse de résonance, même si Justine Grange et Elsa Marchand Cormery sont catégoriques :

« On est évidemment concernées par l’urgence climatique, mais notre performance n’a pas été pensée dans cette perspective. Notre idée, c’est avant tout de réussir à faire voir la poésie qui se dégage des arbres. Si les gens regardent les arbres, c’est qu’on a réussi. »

Et de renchérir : « Une fois qu’on voit la beauté de la forêt, qu’on prend la mesure de l’émerveillement qu’elle procure, alors forcément, on voudra la protéger… »

Cet « émerveillement », pour Justine Grange, ne vient d’ailleurs pas de nulle part, elle qui a grandi dans la campagne tourangelle.

« Enfant, j’ai passé énormément de temps dans la forêt, explique-t-elle auprès de La Relève et La Peste. La forêt, c’est vraiment un lieu où j’ai développé mon imaginaire. C’est en même temps un terrain de jeu, et puis un espace sûr, qui impose une forme de respect. »

Née en ville, Elsa Marchand Cormery a, elle, gardé pendant longtemps un rapport plus distant aux arbres, « même si je ressentais le besoin de m’en rapprocher. Avec « Plonger », j’ai commencé à beaucoup lire, me documenter. Et puis ensuite, j’ai été prise de passion pour les arbres, je n’ai pas vraiment pu y échapper. »

Alors que la première saison de « Plonger » vient de s’achever, Justine Grange et Elsa Marchand Cormery s’attellent à imaginer la suite, avec une tournée bretonne prévue en 2024. Toutes deux aimeraient également diversifier les lieux où elles présentent leur performance.

« L’objectif, c’est de sortir des lieux d’art, concluent-elles, mais aussi et surtout de réhabiliter le lien entre les gens et leur environnement. On tient beaucoup au fait de réunir les mondes, de rendre l’univers forestier accessible au grand public. »

Après les places publiques, les écoles ou encore les lycées agricoles, elles envisageent de se produire en Ehpad, voire en prison.

Cecile Massin

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