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Iran : une vague de révolte féministe veut venger la mort de Mahsa Amini

En mesures protestataires, sur les réseaux sociaux, des femmes iraniennes se sont filmées à visage découvert, brûlant leur hijab ou se coupant les cheveux. Sur Twitter, le hashtag #Mahsa_Amini est devenu viral, l’indignation s’étendant au-delà de l’Iran.

Le 16 septembre dernier, à Téhéran, Mahsa Amini a été arrêtée par les forces de l’ordre, au prétexte qu’elle ne portait pas les vêtements appropriés selon les critères de la loi islamique. Suivant des circonstances troubles, la jeune femme de 22 ans est morte à l’hôpital, après trois jours de coma. Depuis, une vague d’émeutes s’élève progressivement dans tout l’Iran.

D’après Le Monde, les militants et la famille de la jeune femme ont jugé sa mort suspecte. La police de Téhéran affirme pour sa part qu’il n’y a pas eu de contact physique entre les policiers et la victime. Selon France Info, la police a rendu compte d’un évanouissement soudain de la jeune femme au poste, et le général Hosseim Rahimi a assuré qu’aucune négligence ou comportement inapproprié de la part des policiers n’ont été établis. Une vidéo a été fournie où on voit la jeune femme s’évanouir.

Amjad Amini, le père de la victime, affirme que la vidéo a été coupée. Le média Iran International a rapporté les images d’un scanner du crâne de Mahsa Amini qui démontrent une fracture osseuse, une hémorragie et un œdème cérébral, accréditant l’idée d’une mort dûe à de fortes violences.

Après une première manifestation dans le nord-ouest, à Saqqez, la ville natale de la jeune femme kurde, environ 500 personnes se sont rassemblées pour protester le dimanche 18 au soir, à Sanandaj, la capitale de la province iranienne du Kurdistan. Entre lundi et mercredi, une quarantaine de villes, dont Téhéran, la capitale, et la deuxième ville du pays, Ispahan, ont été gagnées par la contestation.

La chaîne d’information Al-Arabiya rapporte d’une ONG kurde que la violence pourrait avoir passé un cap le 19 septembre, où les forces de sécurité, face à des situations d’émeutes, des jets de pierre et des incendies, auraient tiré sur 4 ou 5 manifestants.

L’agence de presse de la République Islamique a rapporté que la police a été contrainte d’intervenir au cours des manifestations, mais que les rassemblements sont restés pacifiques. Cependant, de nombreuses vidéos et photos partagées sur les réseaux sociaux trahissent cette version officielle.

En mesures protestataires, sur les réseaux sociaux, des femmes iraniennes se sont filmées à visage découvert, brûlant leur hijab ou se coupant les cheveux. Sur Twitter, le hashtag #Mahsa_Amini est devenu viral, l’indignation s’étendant au-delà de l’Iran.

Azadeh Kian, professeure de sociologie à l’université Paris-Cité, et spécialiste des questions de genre et d’action politique en Iran, s’est entretenue auprès du quotidien LeMonde. D’après elle, l’élection à la présidence de juin 2021 d’Ebrahim Raïssi a renforcé l’oppression envers les Iraniennes. Ce dernier a donné carte blanche à la police des mœurs, sous l’autorité du Guide suprême, Ali Khamenei, qui a ordonné de faire respecter l’obligation du port du voile.

En 2015, le Guide suprême avait décidé que la population devrait doubler et la contraception était devenue de moins en moins disponible. Depuis 2021, les vasectomies et les avortements sont interdits. Les politiques publiques encouragent également les mariages précoces, avant l’âge de 15 ans, dont le nombre a augmenté de 20 % sous la présidence de Raïssi.

Selon Azadeh Kian, le caractère inédit de ces manifestations réside dans l’élévation de nombreuses voix de femmes, dans une mesure qui n’avait pas été atteinte depuis longtemps. Beaucoup de jeunes hommes soutiennent également les voix de ces jeunes femmes qui se battent pour leurs droits. Si le mouvement n’est pas encore d’ampleur massive, le renvoi régulier de la faute sur la santé fébrile de la jeune femme continue d’alimenter le feu des contestations.

D’après France Info, pour calmer le pays, Ebrahim Raïssi a lancé l’ouverture d’une enquête sur la cause du décès, qui selon le médecin légiste de Téhéran devrait prendre trois semaines. Un parti politique réformateur, Etemad Melli, réclame pour sa part l’annulation de la loi sur le hijab obligatoire, et la suppression de la police des mœurs.

Maïté Debove

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