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Inédit : Paris va subventionner l’agriculture biologique pour améliorer la qualité de l’eau

Au total, ce sont presque 200 exploitations qui peuvent dès maintenant monter leur dossier et demander ces subventions auprès de la mairie de Paris.

À l’approche des municipales, qui ont lieu dans moins d’un mois, Anne Hidalgo signera bientôt une mesure inédite en France, certainement la dernière de son mandat. Pour la première fois, à travers la régie municipale Eau de Paris, la capitale a décidé de rémunérer directement les agriculteurs dans le but d’améliorer à la source la qualité de l’eau du robinet.

L’eau que puisent les Parisiens au robinet provient pour moitié de sources souterraines situées en Île-de-France, en Bourgogne et en Normandie, la seconde moitié étant puisée dans la Seine et la Marne.

Après un essai de privatisation quelque peu catastrophique sous le règne municipal de Jacques Chirac (manque de transparence, hausse des prix et dividendes, défectuosités du réseau…), la mairie de Paris, tranchant le problème dans le vif, a choisi en 2009 de reprendre la main sur la gestion du réseau. Pour le plus grand bonheur des usagers, qui ont vu la facture se stabiliser depuis dix ans et qui peuvent boire une eau plus digne de l’intérêt public.

Mais pour que cette ressource devienne potable, le coût d’assainissement reste très élevé aujourd’hui, en raison certes des normes drastiques en vigueur, mais également à cause de l’augmentation de la pollution. Acheminée dans des usines en région parisienne, l’eau est traitée au charbon actif, puis soumise à l’ultrafiltration et à la chloration, trois procédés extrêmement onéreux qui, loin de répondre au problème, se contentent de fournir une solution par défaut.

Engrais, pesticides, nitrates, molécules chimiques de toutes sortes, la présence de ces polluants dans l’eau est facilement explicable : les aires de captage de l’eau distribuée à Paris sont situées à la bordure de dizaines, voire de centaines d’exploitations agricoles, pour la plupart conventionnelles.

En tout, sur les 146 000 hectares de nappes phréatiques qui désaltèrent quotidiennement les Parisiens, 87 000 se trouvent sous des surfaces agricoles, dont 10 à 15 % seulement ont fait leur conversion à l’agriculture biologique.

Pour la première fois, la ville de Paris a donc choisi de traiter le problème à la racine. Toutes les exploitations situées dans des zones de captage qui choisiront de faire le grand saut vers l’agriculture biologique pourront désormais recevoir des subventions directement attribuées par la mairie parisienne, et ceci dans l’unique but d’améliorer la qualité de l’eau et de réduire les coûts d’assainissement. Une mesure inédite !

Crédit : CDC

Et surtout, un combat de longue haleine. Car il a fallu plus d’une année entière d’instruction du dossier auprès de la Commission européenne pour que le projet soit finalement validé le 13 janvier dernier.

Cela veut dire que la ville dispose à présent de son propre régime d’aides financières à l’agriculture, alors qu’auparavant, les agriculteurs devaient nécessairement passer par les demandes d’aides européennes dans le cadre de la politique agricole commune (PAC) pour espérer recevoir des financements, d’ailleurs beaucoup moins pérennes et comportant de très nombreux retards de paiement.

Au total, ce sont presque 200 exploitations qui peuvent dès maintenant monter leur dossier et demander ces subventions auprès de la mairie de Paris ; pour ce faire, il faut qu’elles soient situées sur l’une des quatre zones de captage des eaux souterraines, à Dreux (Eure-et-Loire), Sens (Yonne), Provins ou Nemours (Seine-et-Marne).

Plusieurs centaines d’euros par hectare seront ainsi distribuées chaque année, pendant six à sept ans, à tous les agriculteurs qui désirent entreprendre une conversion biologique.

Cette rémunération sera en outre indexée sur des seuils préalables de concentration en nitrates dans l’eau souterraine circulant sous les parcelles concernées. Piloté par la mairie de Paris mais financé à 80 % par l’agence de l’eau Seine-Normandie, qui reçoit des subventions de l’État dans le cadre du plan Biodiversité, le budget devrait s’élever à 47 millions d’euros échelonnés sur dix ans, en fonction des besoins et des demandes des agriculteurs.

Inaugurant une nouvelle forme de financement biologique, résolvant une partie du verrouillage juridique de la politique agricole commune, cette mesure constitue un précédent : concrète et efficace, elle pourra servir de modèle à toutes les agences régionales et municipales qui souhaiteront à l’avenir améliorer la qualité de leur eau à la source.

Augustin Langlade

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