Aux côtés de la population, les élus montent en puissance contre le projet de LGV Sud-Ouest. A la place de ce « projet inutile et coûteux, qui défigurerait nos territoires », ils réclament la rénovation et modernisation des voies existantes pour un train du quotidien utile aux locaux et respectueux de l’environnement.
Depuis plus d’un an, l’opposition a repris de plus belle contre le projet GPSO, pour la Ligne Grande Vitesse du « Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest » : 327 km de Lignes à Grande Vitesse, dont 222 km entre Bordeaux et Toulouse d’ici à 2030, puis une liaison de Bordeaux vers Dax dont la construction débuterait plus tard, en 2037. Coût du projet : 14 milliards d’euros.
En février 2023, des membres d’Extinction Rebellion Bordeaux ont ainsi interrompu la séance plénière du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, dont le président Alain Rousset est l’un des fers de lance du projet, pour dénoncer la destruction des 6000ha de terres, dont 1 hêtraie millénaire, que causerait le GPSO.
Et les habitants impactés par le tracé ne sont pas les seuls à agir. Après s’être réunis en décembre 2022, les maires de Bayonne – Jean René Etchegaray – de Bordeaux – Pierre Hurmic – et d’Irun – José Antonio Santano – ont lancé un appel aux élus pour s’opposer au projet et mettre en œuvre la modernisation de la ligne existante entre la frontière espagnole et Bordeaux.
Pour eux, « le projet dit LGV/GPSO (…) n’est pas crédible, car la prolongation vers l’Espagne n’est ni programmée, ni finançable. Moderniser la ligne existante est au contraire une solution pragmatique, à la fois moins onéreuse, plus sobre, plus rapide à réaliser, plus respectueuse des territoires et des écosystèmes »
Quelques mois plus tard, plus de 500 élus ont rejoint leur initiative dont le lancement s’est traduit par une grande manifestation devant la Préfecture de Bordeaux en Janvier 2023. Pour le CADE, le Collectif des Associations de Défense de l’Environnement du Pays Basque et du sud des Landes, le soutien des élus est crucial pour faire pression sur l’Europe et le gouvernement.
« L’enjeu pour nous n’est pas de créer de grandes infrastructures pour augmenter notre attractivité », du fait des difficultés pour se loger ou se déplacer. « Nous sommes contre la LGV et déterminés, il faudra nous passer dessus, ni plus ni moins » a expliqué le président de l’Agglo du Pays Basque dont l’assemblée a dit non « à plus de 90% » au financement de la LGV, rapporte le média Rue89Bordeaux
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Depuis la relance du projet, le combat politique est âpre et la pression est grande sur les collectivités. Le sénateur socialiste de Gironde, Hervé Gilles, a rappelé le « déni démocratique » et les « manœuvres de contournement budgétaire » qui ont permis au projet d’être voté au Sénat à travers des amendements de dernière minute dans le projet de loi finances 2023.
La manœuvre a été tellement chaotique et précipitée que les collectivités ont été appelées à voter pour des plans de financement totalement différents, mais pour le même projet de LGV.
Le CADE a lancé un recours au tribunal administratif de Toulouse pour prouver l’illégalité du plan de financement, qui doit de surcroît entraîner des impôts supplémentaires pour les habitants touchés par le projet de ligne ferroviaire. Pour eux, la victoire est encore possible.
« Les travaux viennent d’être retardés d’au moins 2 ans pour les plus menaçants, suite à un rapport du Conseil d’Orientation des Infrastructures dont le scénario médian a été retenu par Elisabeth Borne. Ce scénario préconise de moderniser les voies existantes et il débloque 100 milliards d’euros en priorisant le au train du quotidien, pour nous ça va dans le bon sens. On attend maintenant de voir ce que va dire l’Europe, notre expérience montre qu’on ne sait jamais ce que nous réservent les lobbies et les changements politiques » explique Victor Pachon, du CADE, pour La Relève et La Peste
Même le secteur du tourisme s’oppose désormais au projet. Pour cause, le gouvernement veut mettre en place un supplément de 34 % à la taxe de séjour afin de financer la LGV. À partir du 1er janvier 2014, chaque touriste sera frappé par cette hausse pour un coût final qui pourrait dépasser les 2 euros par jour et par personne.
Pour le CADE, le nombre d’élus ayant signé l’appel « indique un fort rejet du projet. À l’heure où le Conseil d’orientation des infrastructures reporte dans le temps les projets pharaoniques de LGV, à l’heure où de nombreux élus s’aperçoivent que le financement reposera de plus en plus sur leurs collectivités, la voie de la sagesse est à la modernisation des voies existantes sous-utilisées ».
Crédit photo couv : THIBAUD MORITZ / AFP