Grâce à la détermination de son conseil municipal d’époque et sa maire d’aujourd’hui, Joëlle Goudal, le village de Celles va retrouver vie ! Alors qu’il avait été évacué de peur qu’un lac artificiel l’engloutisse, la commune est restée inhabitée pendant 50 ans. Cette année, le village va accueillir dans son écrin de nature trois premières familles en septembre ! Fait notable, la commune va rester propriétaire du bâti pour lutter contre la spéculation foncière et rénover les bâtiments sur les principes de l’éco-construction. Il aura fallu deux générations de lutte pour le préserver des appétits des promoteurs immobiliers qui voulaient le transformer en « resort » de luxe.
Un petit village au pied des collines, au bord du lac de Salagou, offrant une vue magnifique sur le paysage alentour. La petite commune de Celles, au cœur de l’Hérault, a tout d’un lieu paradisiaque. Pourtant, il s’agit d’un village fantôme depuis plus de cinquante ans.
À la fin des années 1960, les habitants de Celles ont été expropriés et évacués pour la construction du barrage du Salagou. Le département de l’Hérault a acquis l’ensemble des bâtiments de la commune. Cependant, le village n’a jamais été submergé.
Si Celles est resté privé de ses habitants, le conseil municipal s’est tout de même maintenu. En 1990, celui-ci a mis en demeure le conseil général, afin de sécuriser les ruines au motif de la sécurité publique. Ses membres espéraient faire bouger la position du département et revitaliser le village.
Mais la remise en état des maisons demandée a en réalité donné lieu à une cristallisation du village : des grillages ont été posés autour des maisons et les crêtes ont été bétonnées. En revanche, une partie des anciens habitants – qui s’était aussi battue pour maintenir le statut de commune – a réussi à entretenir les bâtiments communaux, non expropriables.
Enfin, après des décennies de lutte avec l’État et le département, le plan de réhabilitation de Celles a été validé en 2017.
Ce projet de repeuplement d’un village reste excessivement rare en France. À Celles, il a été imaginé par le conseil municipal et contient plusieurs spécificités.
« Nous avons bâti ce projet de réhabilitation sur quatre principes essentiels : pas de spéculation foncière, une mixité sociale, une habitation pour un emploi et la préservation de l’environnement et du paysage. Nous avons reçu deux cents dossiers de candidature et nous en avons retenu quatre. » explique Joëlle Goudal, maire de Celles depuis 1996, pour MidiLibre
Afin d’éviter que la spéculation touche cet endroit plein de charme, la commune reste propriétaire des bâtiments. Un autre principe, celui de coupler l’habitat à une activité économique, vient de la volonté de créer un village vivant.
Pas question de faire de Celles un village dortoir ou un village touristique. Il est donc demandé aux futurs habitants de venir avec un projet viable. Enfin, la commune se veut respectueuse de l’environnement. Les eaux usées, par exemple, ne seront pas déversées dans le lac.
Pour le moment, l’eau potable et l’assainissement ont été rétablis. Les futurs résidents commencent à réaménager les bâtisses. En septembre, l’utopie va enfin prendre vie avec les familles de Benoît, le menuisier, de Sébastien, le vinificateur en musique, et de Vincent, l’architecte. Une vraie vie de village va être reconstruite.
Celles compte une dizaine de lots de maisons ainsi que des bâtiments destinés à accueillir 6 à 8 logements sociaux. Des espaces communs, des ateliers, ou encore un bistrot associatif doivent voir le jour. En 2026, Celles devrait compter 80 habitants, et 120 maximum quelques années plus tard.
Pour plus d’infos : http://www.celles-salagou.org/all-blogs/public/Projet_Celles/Celles_format_A4.pdf
Crédit photo couv : Benjamin Polge / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP