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Haute-Loire : la mobilisation continue contre la RN88 qui va détruire 100ha de terres agricoles et forestières

En échange de quelques minutes de trajet gagnées (dix à quinze selon la région, une à trois selon les associations), la quatre-voies détruira une centaine d’hectares de terres agricoles et 20 hectares de zones humides.

Deux semaines après la manifestation contre l’autoroute Castres-Toulouse, plus de 300 personnes se sont rassemblées, le 7 mai, sur le tracé de la future RN88, en Haute-Loire, pour une nouvelle journée de festivités et d’actions.

Organisé par le collectif La Lutte des Sucs, ce « carnaval » improvisé a réuni des manifestants venus des quatre coins du département, des élus écologistes, des associations comme SOS Loire vivante ou France Nature Environnement, ainsi que des syndicats tels que la Confédération paysanne, particulièrement impliquée dans cette bataille pour le vivant.

Au programme : prises de parole, troc de semis, ateliers déguisements, bombes à graines et même bruschettas pour le déjeuner, dans une ambiance bon enfant.

Les militants ont par ailleurs acheminé sur place une douzaine de brebis, dans l’idée de composer peu à peu, grâce aux dons, un véritable troupeau qui sera gardé tout l’été, par un berger, sur les terrains de la future route.

Le troupeau en place

Une action entravée

En début d’après-midi, un premier groupe de manifestants s’est emparé d’un terrain de 5 000 m2 sur le tracé de la future route, entre Saint-Étienne-Lardeyrol et Saint-Pierre-Eynac, pour y planter des graines de tournesol.

Pendant ce temps, guidé par un tracteur et un volcan artisanal, le gros du cortège a tenté de se rendre jusqu’au rond-point de Lachamp, sur la route actuelle, où il comptait installer un barrage filtrant.

Mais les barrages de la gendarmerie ont eu raison de cette déambulation, et le volcan de bois a finalement été brûlé en hommage à ces terres d’Auvergne sacrifiées sur l’autel du transport routier.

100 hectares menacés

Au nord-est du Puy-en-Velay, le projet de déviation de la route nationale 88 (RN88), une quatre-voies de 10,7 km, a été imaginé il y a trente ans pour contourner les villages de Le Pertuis et Saint-Hostien, traversés chaque jour par des milliers de véhicules.

Laissé en suspens pendant une vingtaine d’années, il a été ressuscité par le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, dont il est rapidement devenu la marotte.

Pour un coût de 226 millions d’argent public, ce projet prévoit la construction d’un viaduc et de deux échangeurs, treize aménagements divers (courants, sanitaires, paysagers, phoniques) et un décaissement du sol dont résulteraient trois millions de mètres cubes de déblais.

Mais ce n’est rien comparé à son bilan environnemental. En échange de quelques minutes de trajet gagnées (dix à quinze selon la région, une à trois selon les associations), la quatre-voies détruira une centaine d’hectares de terres agricoles et 20 hectares de zones humides.

Il bouleversera également l’habitat d’une centaine d’espèces protégées (dont 51 oiseaux, 6 reptiles, 5 amphibiens et 13 mammifères) et aura une incidence plus ou moins grave sur 29 exploitations agricoles environnantes, grandes oubliées de l’aménagement des territoires.

Feu de joie du volcan de bois lors de la mobilisation

La Déroute des Routes

Alors que trois recours juridiques doivent encore être examinés, que des terrains cruciaux pour le tracé n’ont toujours pas été cédés et que la déclaration d’utilité publique (DUP) rectificative n’a pas été prononcée, la région et la préfecture de Haute-Loire, essayant de passer en force, ont fait démarrer les travaux.

La Lutte des Sucs n’a cependant pas dit son dernier mot. Tout en se battant sur tous les volets possibles – du juridique au militant –, le collectif a rejoint la jeune coalition La Déroute des Routes, chargée de coordonner la lutte contre les projets routiers à l’échelle nationale.

Selon le collectif, la France compterait 55 projets routiers et autoroutiers contestés. D’une longueur cumulée de 922 km, ces tracés menaceraient « 4 488 hectares de prairies, forêts ou terres agricoles », et représenteraient une dépense de 17,981 milliards d’euros, dont une douzaine d’argent public, « soit environ la moitié du fameux trou de la sécurité sociale ».

Cette débauche de béton et de moyens financiers, en contradiction complète avec l’objectif de zéro artificialisation nette affiché par le gouvernement, suscite des oppositions de plus en plus vives dans les territoires où elle est bien souvent imposée sans concertation.

C’est pourquoi la Déroute des Routes, qui rassemble quelque cinquante collectifs en lutte, demande aux pouvoirs publics de prendre un moratoire sur tous les projets de bétonnage routier, quelle qu’en soit la motivation.

Lire aussi : « 1 500 personnes ont “piégé” la forêt de Bord, vieille de plusieurs siècles, pour empêcher sa destruction par une autoroute »

Augustin Langlade

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