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Femmes, pourquoi vivez-vous plus longtemps ? Une étude scientifique pense avoir percé le mystère

L’évolution n’est pas seulement le plan d’une nature obsédée par la reproduction des gènes et des espèces. Il ne s’agit pas seulement de compter le nombre d’individus, mais d’avoir des individus capables de mener le groupe où il faut, de s’adapter au mieux aux bouleversements, de fuir les prédateurs les plus malins et de dégoter les proies les mieux cachées. Pour cela, les femelles ménopausées sont essentielles : elles mènent les troupeaux chez les éléphants, car elles ont une connaissance aigüe du territoire, elles sont des chasseuses redoutables chez les orques. Les femelles sont dépositaires d’un savoir qu’il est utile de transmettre pour la survie de l'espèce.

« La nature fait bien les choses », dit l’adage. À moins que ce ne soit qu’une expression populaire. Côté « égalité des sexes » pourtant, elle pourrait revoir sa copie…  puisque chez tous les mammifères, les femelles vivent en moyenne plus longtemps que les mâles ! Privilège sans motif ou bien facteur essentiel pour la survie de l’espèce ? 

On peut risquer une interprétation anthropologique : si les mâles ont un investissement parental d’une fraction de seconde par éjaculation, les femelles doivent assurer l’allaitement, le sevrage mais aussi l’éducation des petits afin qu’ils deviennent des adultes autonomes. C’est pourquoi leur survie est essentielle à la survie de l’espèce après procréation. Car on aurait pu se poser la question sournoisement : À quoi sert que les femelles vivent une fois qu’elles ont tout pondu (façon de parler pour les mammifères…) ?

L’évolution n’est pas seulement le plan d’une nature obsédée par la reproduction des gènes et des espèces. Il ne s’agit pas seulement de compter le nombre d’individus, mais d’avoir des individus capables de mener le groupe où il faut, de s’adapter au mieux aux bouleversements, de fuir les prédateurs les plus malins et de dégoter les proies les mieux cachées. Pour cela, les femelles ménopausées sont essentielles : elles mènent les troupeaux chez les éléphants, car elles ont une connaissance aigüe du territoire, elles sont des chasseuses redoutables chez les orques. Les femelles sont dépositaires d’un savoir qu’il est utile de transmettre pour la survie de l’espèce. 

Crédit photo : Nam Anh

Le corps répond aux besoins des relations sociales et inversement. Ça paraît compliqué comme ça, mais c’est très simple : par exemple, le mâle a besoin de s’opposer aux autres mâles pour conquérir la femelle alors il développe des appâts de domination (crinières, pelage pour attirer la femelle, grosses griffes, chants, etc). Mais le fait que nos ancêtres aient appris à fabriquer des nids, donc à avoir un meilleur sommeil, leur a permis d’emmagasiner plus d’informations dans le cerveau qui s’est alors développé, ce qui a permis d’imaginer, d’inventer des histoires, de développer un langage complexe, etc. 

Des chercheurs se penchent aujourd’hui sur l’explication génétique de ce décalage. Petit rappel des cours de lycée en génétique : le sexe est déterminé par une paire de chromosomes. Nous trimballons dans notre besace génétique des X et des Y. Les hommes sont XY, les femmes sont XX… et dans le 14ème épisode de la première saison de X Files Gender Bender des créatures peuvent changer de sexe par une mutation du deuxième chromosomes. C’est donc du mâle que provient le chromosome qui déterminera le sexe de l’enfant (s’il donne son X ce sera une femelle s’il donne son Y ce sera un mâle) n’en déplaisent aux siècles de pression, de rituels et d’humiliations exercées sur les femmes pour engendrer des mâles. 

Si parmi les mammifères les femelles vivent plus longtemps, chez les oiseaux en revanche, c’est l’inverse… pour être un mâle oiseau il faut avoir deux copies du même chromosome (ZZ) ! Et les femelles ont deux chromosomes différents (WZ). Suivez mon regard, le lien est trouvé… 

Les récentes recherches montrent que le fait d’avoir deux copies du même chromosome est une protection qui favorise la longévité de la vie. Une équipe britannique a tout récemment comparé la longévité chez plus de 200 espèces incluant des poissons des oiseaux et des mammifères. Les individus ayant une paire de chromosomes identiques ont 17,6 % de vie supplémentaire en moyenne. Ce chiffre est suffisant selon les chercheurs pour avoir un effet significatif sur la biodiversité. L’un des avantages d’avoir deux fois le même chromosome est que si l’un des deux a une anomalie, cela n’affectera pas l’ensemble des cellules. 

Crédit photo : Rowan Heuvel

Reste encore un sacré avantage pour les femelles : alors que chez les oiseaux les mâles aux chromosomes identiques ne vivent que 7 % de plus que les femelles, chez les mammifères les femelles aux chromosomes identiques vivent près de 30 % plus longtemps que les mâles… Peut-être, avancent les scientifiques, parce que les oestrogènes pourraient créer une barrière protectrice autour des chromosomes. 

Mais il ne faudrait pas oublier les explications en dehors du corps, car ce qui détermine notre longévité n’est pas uniquement un patrimoine génétique : chez tous les animaux vivant du moins à l’état naturel, les mâles sont exposés à plus de dangers que les femelles (couvrent de grands territoires, se battent contre d’autres mâles, voyagent très loin pour trouver une femelle, marquent et défendent un territoire) et ont donc un taux de mortalité plus élevé. 

Plus la nature nous révèle ses secrets, plus elle en devient fascinante : elle nous apprend encore aujourd’hui que la cause d’un phénomène n’est jamais unique, que c’est l’enchevêtrement de plusieurs facteurs qui jouent à différents niveaux. Le dimorphisme entre mâles et femelles chez les espèces se développe sur bien des aspects : physiques, génétiques, comportementaux, neurologiques. Il est le fruit de milliers d’années d’évolution, et nous en sommes les héritiers. Ce dimorphisme a orienté les choix d’organisation sociales chez les mammifères, et plus précisément chez les primates. Sapiens n’y a pas échappé, et la complexité culturelle et historique est venue ajouter du raffinement à ces choix. À l’heure où nous cherchons la justice et l’égalité entre hommes et femmes, gardons-nous donc des schémas simplistes. 

Sarah Roubato

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