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En Loire-Atlantique, les carrières de sable menacent dangereusement une nappe phréatique

Depuis 20 ans, Lafarge et GSM exploitent les carrières, mitant le paysage bocager de miroirs d’eau qui s'évaporent petit à petit. A tel point que les riverains estiment l'abaissement de la nappe phréatique à un mètre, provoquant l'assèchement des mares, des puits et mettant en danger le lac de Grand-Lieu qui en dépend.

Ce dimanche, 1500 personnes, des centaines de vélos et 30 tracteurs sont partis en convoi depuis Saint-Colomban en direction de Nantes. Ils s’opposent à la destruction programmée du bocage paysan par l'extension des carrières de sable de Lafarge et GSM qui assèchent la nappe phréatique au profit du BTP et du maraîchage industriel.

D’année en année, la colère et la mobilisation grandissent contre deux carrières d’extraction de sable installées sur la commune de Saint-Colomban, au sud de Nantes. Ce dimanche 11 juin, plus de 600 personnes selon la préfecture et 1.500 selon les organisateurs, se sont réunies à Saint-Philbert-de-Grandlieu, à l’appel de l’association « La tête dans le sable », en lien avec le mouvement des « Soulèvements de la Terre » et le collectif « Hosto debout ».

La raison de leur mobilisation : la récente autorisation d’agrandissement de 70ha des deux carrières en fin d’exploitation, passées de 400.000 à 130.000 tonnes de sable extrait par an. En tout, une quarantaine d’associations environnementales et paysannes soutiennent la lutte.

« Avant d’extraire et construire toujours plus, prenons le temps de penser notre avenir » leur reprochent-ils

Depuis 20 ans, Lafarge et GSM exploitent les carrières, mitant le paysage bocager de miroirs d’eau qui s’évaporent petit à petit. A tel point que les riverains estiment l’abaissement de la nappe phréatique à un mètre, provoquant l’assèchement des mares, des puits et mettant en danger le lac de Grand-Lieu qui en dépend.

De surcroît, 30 % de la production de la sablière GSM de Saint-Colomban sert au maraîchage industriel Nantais, lui-même excessivement gourmand en eau. A l’année, la quantité d’eau consommée par l’irrigation (au moins 2,6 millions de m³ en 2021) est ainsi très largement supérieure à la consommation d’eau des 41000 habitants du territoire (estimation basse environ 1,5 millions de m³ par an) sur la Communauté de communes de Grand Lieu.

Les liens étroits entre les carriéristes et les maraîchers se retrouvent d’ailleurs au sein de leur direction. Emmanuel Torlasco, le nouveau directeur de la Fédération des Maraîchers Nantais, a auparavant été secrétaire général régional (Pays de la Loire) de l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (UNICEM pendant 11 ans.

C’est pourquoi lors de la mobilisation, de nombreuses actions coup de poing ont émaillé le cortège pour s’en prendre aux exploitations de maraîchage industriel. Des manifestants ont arrachés des planches de muguet du groupe Vinet pour y semer à la place des semences paysannes, tandis que des cultures expérimentales ont été détériorées sur un autre site. Enfin, l’arrivée d’eau de la centrale à béton BHR a été coupée et scellée par du béton.

Ces actes de sabotage ont créé la polémique sur les réseaux sociaux, mais les organisations paysannes soutenant la manifestation ont dénoncé les pratiques de greenwashing perpétrées régulièrement par les maraîchers industriels visés par ces actions.

« L’entreprise nantaise Primaloire a tout récemment été condamnée le 23 mai 2023 pour avoir intoxiqué 74 personnes en 2018, en utilisant mal un pesticide. Tandis qu’en septembre 2019 et 2020, des centaines de poissons ont été retrouvés morts dans un canal à Saint-Julien-de-Concelles, à cause des produits utilisés pour le déblanchiment des serres maraîchères » accuse le collectif « La Tête dans le Sable » à l’origine de la mobilisation

Enfin, les conditions de travail de certains ouvriers agricoles sont parfois tout simplement illégales : interdiction de parler, obligation de rester à genoux, absence de sanitaires et de points d’eau sur certains sites, cadences exigées par les chefs de secteur difficiles à suivre, loyers déduits des salaires…

Cette journée répondait aussi à l’appel national « 100 jours pour les sécher » pour protester contre l’accaparement de la ressource en eau alors que l’été qui arrive présage déjà une sécheresse inquiétante. Suite à cette mobilisation, les militants ont déclaré être prêts à stopper les chantiers d’extension ou d’ouverture de carrière si ceux-ci démarrent.

Sources : Loire-Atlantique – Les Maraîchers nantais recrutent un nouveau directeur, Loire-Atlantique Agricole 21/11/2022 / bnpe.eaufrance.fr, cieau.com et insee.fr /Intoxication au métam-sodium : une entreprise agricole et un salarié reconnus coupables, Ouest-France 23/05/2023 / Près de Nantes, nouvelle pollution dans la vallée maraîchère avec des centaines de poissons morts , l’Hebdo de Sèvre et Maine 28/09/2020 / Loire-Atlantique. Bas salaires, dur labeur : enquête sous les serres, Ouest France 16/11/2018)

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