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En Iran, la ville antique de Yazd supporte les canicules grâce à des tours à vent

« Les badguirs ont joué un rôle capital dans la prospérité de la ville. Durant des siècles, avant l'invention de l'électricité, elles ont permis de rafraîchir les logements. Grâce à elles, les gens vivaient à l'aise. »

Dans la ville antique de Yazd (Iran), en été, les températures dépassent souvent les 40 degrés. Les habitants ont appris à s’adapter au réchauffement climatique avec des méthodes inventées il y a plus de 2500 ans, par l’intermédiaire de centaines de Badguirs, ou attrape-vent, en persan.

Dans l’une des villes les plus chaudes au monde, les températures restent supportables grâce à des tours à vent, les ancêtres écologiques et low-tech de la climatisation. Yazd est réputée pour ses 700 et quelques badguirs (« attrape-vent » en persan), des tours traditionnelles et élégantes qui surmontent les toits plats du centre historique.

Les badguirs ont la forme de cheminées droites à quatre côtés, surmontées d’une coupole. Elles sont constituées de grandes fentes et de plusieurs conduits intérieurs. Les grandes fentes laissent entrer l’air frais tandis que, sous pression, l’air chaud, plus léger, est poussé à en sortir.

Selon Majid Oloumi, directeur du jardin de Dowlat-Abad, où se situe le badguir le plus haut au monde (33 mètres), cette méthode de réfrigération est complètement propre, puisqu’elle n’utilise ni électricité, ni polluants.

Franceinfo a publié les explications d’Abdolmajid Shakeri, responsable du ministère du Patrimoine pour la province de Yazd : « Les badguirs ont joué un rôle capital dans la prospérité de la ville. Durant des siècles, avant l’invention de l’électricité, elles ont permis de rafraîchir les logements. Grâce à elles, les gens vivaient à l’aise. »

Les « attrape-vent » de la ville de Yazd en Iran – Crédit : Hasan Almasi

Les badguirs inspirent un nombre croissant d’architectes de par le monde, tel que le Franco-Iranien Roland Dehghan Kamaraji, basé à Paris, qui a longuement étudié leur fonctionnement.

Pour lui : « [Les badguirs] démontrent que la simplicité peut être un attribut essentiel de la durabilité, démentant l’idée répandue que les solutions durables doivent nécessairement être complexes ou high-tech. »

Parmi les projets les plus représentatifs, il cite celui de la Masdar City (Émirats Arabes Unis), où les bâtiments sont conçus pour tirer parti de la ventilation naturelle pour le refroidissement, à l’instar des badguirs.

Il cite également deux immeubles au système de refroidissement passif : le Council House 2 de Melbourne, en Australie, et le Eastgate Center à Harare (Zimbabwe) s’inspirent tous deux des termitières, une démarche similaire à celle de la création des badgirs.

Les tours et maisons traditionnelles de Yazd sont construites en pisé, faites d’argile et de terre crue, ainsi que de paille. En plus de leur caractère local qui contribuent à leur durabilité, ces matériaux constituent des isolants thermiques particulièrement efficaces.

Femme iranienne sur un toit à Yazd – Crédit : Parastoo Maleki

La Vieille ville s’organise autour d’étroites ruelles et “sabats”, des passages en partie couverts qui protègent du soleil. Les avenues de la ville modernes, larges et rectilignes, sont très différentes. Majid Oloumi regrette l’oubli d’un héritage transmis par leurs ancêtres, surtout depuis l’apparition des climatiseurs.

« Aujourd’hui, l’architecture des maisons, venue d’autres pays, et les méthodes de construction, à base de ciment, ne correspondent pas au climat de Yazd. »

Roland Dehghan Kamaraji constate de façon similaire qu’à l’international, nombre de projets climatiques restent entravés par les exigences économiques et les normes établies par l’industrie, qui privilégie encore majoritairement l’utilisation de matériaux façonnés majoritairement avec des énergies fossiles.

Les architectes et spécialistes s’intéressent également à une spécialité de Yazd, les qanats, qui sont aujourd’hui estimés au nombre de 33 000, contre 50 000 au XXème siècle. Ce sont d’étroites galeries souterraines qui acheminent l’eau des montagnes ou des nappes souterraines vers les villes. Certains d’entre eux ont été bâtis il y a 2000 ans de cela.

Selon Zohreh Montazer, spécialiste des qanats à Yazd : « Ces aqueducs souterrains constituent une source d’approvisionnement en eau et permettent de rafraîchir les habitations et de conserver la nourriture à une température idéale. »

L’assèchement des nappes phréatiques, en raison de la surconsommation d’eau, a fait baisser leur nombre. Afin de préserver cet héritage, l’Etat iranien a réhabilité le plus long et plus ancien canal du pays, celui de Zarch, qui s’étend sur plus de 70 kilomètres. L’endroit est ouvert à la visite, afin de sensibiliser les habitants aux défis à venir.

L’Unesco, qui a inscrit Yazd en 2017 sur le Patrimoine mondial, résume la ville en ces termes : « le témoignage vivant de l’utilisation intelligente des ressources disponibles limitées nécessaires à la survie dans le désert ». La ville est « une source d’inspiration pour la nouvelle architecture confrontée aux défis de durabilité ».

Maïté Debove

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