Le 4 octobre 2022, une nouvelle évaluation du réchauffement climatique par des scientifiques de Météo France et du CNRS a été publiée dans la revue Earth System Dynamics. Dans un scénario où la combustion d’énergie fossile aurait baissé, mais pas suffisamment pour respecter l’accord de Paris (+2,7°C, plutôt qu’1,5 ou 2°C), les scientifiques ont calculé qu’il pourrait y avoir une hausse des températures moyennes en France de 3,8°C en 2100.
D’après Christophe Cassou, climatologue et co-auteur du Giec : « C’est le scénario tendanciel vers lequel on se dirige avec les politiques actuellement sur la table. »
FranceInfo rapporte dans un article les propos de l’auteur principal de l’étude, Aurélien Ribes : « Par rapport aux précédentes estimations, cela représente une révision à la hausse jusqu’à 50 %. »
La méthode utilisée est similaire à celle du Giec dans son dernier rapport de 2021. D’après le journaliste scientifique Sebastián Escalón, dans l’article du CNRS sur le sujet :
« A partir d’un éventail de simulations climatiques réalisées grâce aux modèles utilisés par le Giec, les chercheurs identifient celles qui sont en accord avec les mesures de température récoltées depuis plus d’un siècle. »
Les possibilités incertaines peuvent ainsi être réduites. Grâce à cette méthode, les scientifiques ont notamment pu établir que, en comparaison avec les températures relevées entre 1900 et 1930, le réchauffement observé dans l’Hexagone (+1,7°C) est déjà supérieur à la moyenne mondiale (+1,2°C).
L’augmentation moyenne de 3,8°C des températures, qui correspond à un scénario d’élévation intermédiaire des émissions de gaz à effet de serre, sera plus marquée en été (+5,1°C) qu’en hiver (+3,2°C).
Les scientifiques ont élaboré des simulations climatiques en fonction des différents scénarios pour 2100. Selon Julien Boé, chercheur au CNRS et spécialisé dans le climat, dans le cas d’un scénario d’élévation intermédiaire des émissions :
« Ceci aura des impacts très forts sur les écosystèmes et les cultures. On aura des pics de chaleur beaucoup plus fréquents et chauds, et des sécheresses plus intenses et prolongées. Dans ces conditions, l’un des points clés sera comment maintenir les ressources en eau et comment les utiliser. »
Christophe Cassou avertit : « Avec la variabilité interne du climat, qui oscille entre +1°C et -1°C, ce seuil sera atteint avant 2100. »
La méthode a été établie à l’échelle de l’Hexagone pour que les décideurs politiques puissent agir, la majeure partie des décisions étant prises à échelle nationale.
Selon Aurélien Ribes, chercheur au Centre national de la recherche météorologique : « Le code à la base de ces travaux est à la disposition de tout le monde. Il permettra à d’autres équipes ou d’autres services météorologiques de refaire ces calculs facilement pour leur pays ou leur région. »
Crédit photo couv : Jean-Michel Delage / Hans Lucas via AFP