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En Alsace, Jean-Louis Amann a créé une oasis de vie au milieu des monocultures

« On m’a pris pour un fou, me répétant que je n’y arriverais jamais. Plus on me dissuadait de le faire, plus je me suis déterminé à y arriver. Alors j’ai récupéré des arbres ici et là, et j'ai planté, planté, pendant des années »

Depuis plus de 30 ans, Jean-Louis Amann plante des arbres. À Niederschaeffolsheim, petite commune du Bas-Rhin, c’est au beau milieu des monocultures à perte de vue, que des centaines d’espèces végétales mais aussi animales bouillonnent sur à peine 1,2 hectare de terre. La Relève et la Peste vous emmène faire un petit tour vivifiant d’un arboretum sorti tout droit de l’imagination et du savoir-faire d’un Alsacien singulier.

Le rêve de Jean-Louis Amann

« Quand je réfléchis qu’un homme seul, réduit à ses simples ressources physiques et morales, a suffi pour faire surgir du désert ce pays de Canaan, je trouve que, malgré tout, la condition humaine est admirable. »

À cela près que nous nous trouvons dans le Grand Est et non pas en terre sainte, cet extrait de L’homme qui plantait des arbres, écrit par Jean Giono en 1953, n’a peut-être pas grand chose d’original pour évoquer le personnage de Jean-Louis Amann, mais s’y prête si bien qu’on lui croirait destiné.

C’est au détour d’un petit chemin, planqué parmi les cultures de maïs, qu’il se dévoile : « L’arche ». Ce jardin botanique enchanteur, bien que se trouvant à quelques secondes seulement du vacarme routier, appelle instantanément à la sérénité par son caractère feutré.

Ce pays de Cocagne végétal d’un peu plus d’1 hectare est l’œuvre de Jean-Louis Amann, un Alsacien d’aujourd’hui 70 ans qui, il y a 30 ans, a choisi sa destinée.

« C’est mon expérience qui a dirigé l’orientation de mes valeurs. Je suis parti durant 3 ans en Afrique en 1985, pour être volontaire du Corps de la Paix, dans la région du Kivu, en ancien Zaïre. Là-bas, malgré la pauvreté, les gens arrivaient à se réaliser avec rien, se satisfaisaient de ce qu’ils avaient », détaille-t-il pour La Relève et la Peste.

De retour en France et un « contre-choc culturel » plus tard, pour Jean-Louis, c’est décidé. Désormais, il transformera les déchets en ressources. Il deviendra un « écologiste de terrain » et luttera, à sa manière, contre le consumérisme d’hier, décuplé aujourd’hui.

Une terre, héritée de son oncle, lui permet de s’accomplir. Ce qui n’était alors qu’un grand labour en 1992, s’est aujourd’hui transformé en une forêt regorgeant de biodiversité, où des centaines d’essences végétales cohabitent en harmonie.

« On m’a pris pour un fou, me répétant que je n’y arriverais jamais. Plus on me dissuadait de le faire, plus je me suis déterminé à y arriver. Alors j’ai récupéré des arbres ici et là, et j’ai planté, planté, pendant des années », explique Jean-Louis Amann à La Relève et la Peste.

Aujourd’hui, des centaines d’essences très variées sont présentes dans l’arboretum – Crédit : Juliette Boffy

Se mettre au chevet des arbres

Ce dernier visualise son espace en triptyque. Une partie conifère, une feuillue, puis un verger.  

« Au début, on se met au chevet des arbres pour qu’ils prennent, qu’ils se reproduisent. Très vite, j’ai commencé à tout mélanger, je l’ai fait à l’intuition, avec quelques petites connaissances de paysage tout de même, et j’y ai toujours cru. » raconte-t-il pour La Relève et La Peste

Des connaissances qu’il a pu acquérir avec le temps, mais aussi à travers de nombreuses formations et lors de son passage à l’Eurométropole de Strasbourg, en tant que chargé de mission environnement. Aujourd’hui, les diverses espèces présentes sur sa parcelle sont acclimatées avec une réussite parfois teintée d’échecs.

« Pour certains arbres, il faut être capable de changer le biotope, de créer un endroit protégé du vent du nord. Cela donne lieu à de belles surprises mais aussi des déceptions, c’est le jeu, d’essayer de nouvelles choses », ajoute Jean-Louis Amann pour La Relève et la Peste.

À l’image de ces kiwis, qui n’ont toujours pas pris mais pourront compter sur la ténacité de Jean-Louis. En arpentant les allées, nos yeux savent difficilement sur quoi se poser devant tant de diversité : cornouillers, séquoias, érables, pin de l’Himalaya, nashi, pommiers, pêchers, citronniers chinois et tant d’autres.

Jean-Louis Amann devant sa pagode – Crédit : Juliette Boffy

Des essences sont aussi plantées en prévision des années à venir et du réchauffement climatique, comme le micocoulier, une espèce méditerranéenne qui résiste particulièrement bien aux sécheresses et à la chaleur.

Alors Jean-Louis récupère, plante, éradique, prélève, et fait aujourd’hui bénéficier de ses petits protégés aux associations, comme le fusain, l’aubépine ou le troène, pour composer des haies diversifiées.

Un tel arboretum ne peut donc qu’attirer les visiteurs. Sangliers, chevreuils, lièvres, hérissons, rongeurs, des oiseaux qui chantent à tue-tête, des petites bêtes qui s’en donnent à cœur joie, et même, une fois, l’apparition d’un hibou grand-duc.

« On a tourné un film avec France 3 sur les saisons de l’arboretum. Le vidéaste animalier a pu capturer un grand-duc. Ça, c’est le graal, c’est fou, car je ne savais même pas qu’il était là », se souvient Jean-Louis avec passion à La Relève et la Peste.

Un observatoire où l’on peut passer la nuit et se réveiller au bord de l’eau

Cabanes et observatoire

Au beau milieu de tous ces végétaux, de nombreuses petites constructions, toutes issues de matériaux de récupération, font ici et là leur apparition.

Un observatoire est par exemple mis à disposition, près d’un plan d’eau reposant, de nombreux objets insolites, pagodes et cabanes viennent habiller les allées.

« Je suis devenu recycleur. J’ai notamment construit cette cabane avec des fenêtres du manoir Osterloff à Strasbourg et du bois d’un ami forestier. »

Un endroit que Jean-Louis aime habiter à la belle saison, et où il sait recevoir. 

« J’ai quand même la chance de garder un confort citadin. Je ne reste pas toujours ici, par rapport à ma famille. Et puis, j’ai besoin des autres, justement parce que je passe mes journées seul ici, à travailler. »

Depuis 3 ans, Jean-Louis organise des journées portes ouvertes de l’arboretum, avec l’office de tourisme de Niederschaeffolsheim, et accueille également des scolaires. Jamais rassasié, il reçoit toujours des mains d’amis ou de connaissances de nombreuses espèces à planter, et continuera, toujours, à récupérer et recycler.

Juliette Boffy

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